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Swans › Cop

lp • 8 titres • 40:41 min

  • A
  • 1Half Life4:18
  • 2Job4:45
  • 3Why Hide5:50
  • 4Clay Man5:05
  • B
  • 5Your Property4:46
  • 6Cop6:47
  • 7Butcher4:00
  • 8Thug5:10

extraits audio

informations

Enregistré et mixé aux studio Vanguard, NYC, par Jonathan Thaier et Mark Berry ; et Platinum, Zürich, par Harry Lombardi et Voco. Produit par Gira et Mosimann.

Les éditions CD K.422 et Young God Records de 1992 regroupent l’album Cop de 1984 et le E.P. de quatre titres – I Crawled/Raping A Slave/Young God/This Is Mine – sorti la même année, généralement désigné depuis sous le titre Young God. Young God Records et Some Bizarre – respectivement en 1999 et 2005 – ont également réédité ces deux disques en y ajoutant la compilation Greed/Holy Money.

line up

Harry Crosby (basse), Michael Gira (voix, bandes, textes), Roli Mosimann (batterie, percussion), Norman Westberg (guitare)

chronique

On déteste le flic. C’est l’agent du Mal, sa basse déclinaison ; son pouvoir direct, sa main multiple, emprise et contrôle. Son arme la plus crainte et la plus méprisée : parce que comme nous elle prend forme humaine – et quotidienne, réglée à nos heures. Il est le corps banal de l’Ordre Mort. Son nom est Golem, et il est Légions. Tout le punk-hardcore de ces années envoie régulièrement – presque en rafale – ses crachats les plus rances et plus sanguinolents contre ce laquais vil, son impunité ; "got himself a good job, killing Niggers and Mexicans". Dicks, donc (Hate The Police, plus tard The Police (Force)) ; Dead Kennedys (Police Truck, entre autres) ; MDC (forcément : Millions of Dead Cops, Police Related Death) ; Black Flag, bien sûr (Police Stories)… Mais Gira n’attaque pas la vaste cohorte organisée, une corporation. Il se glisse dans la carcasse du tueur assermenté, de sa victime, tour à tour, de son complice caché dans la foule insoumise ou docile, fasciné par la Force et qui se fait auprès d’elle délateur, consentant, profiteur. Gira, aussi, pousse très au delà de l’ironie, des sarcasmes des autres. Comme toujours jusqu’alors, et toujours plus, ses imprécations, ses péroraisons de fièvres extrêmes sont des slogans, épousent la grammaire, la syntaxe sournoisement simplifiée, l’adhésion parfaite au mensonge proféré de la parole ennemie, la propagande de l’Empire où elles nichent. Absurde hideuse louange. "Rien ne vous tabasse comme un flic en prison". On croirait d’abord que rien n’a bougé depuis Filth. C’est une ruse. Swans, ici, changent de plan. S’approchent dangereusement de la chair, contagieuse et embrasée. Même prises à l’envers, dans toute leur charge négative, ces déclarations d’allégeances enflammées, fanatiques, absolues aux funestes séides, à l’horrible majesté de l’aliénation, ces versets à l’ignoble viennent cette fois-ci se planter, s’enraciner en organismes irrigués, distincts de la Machine en quoi ils font encore mine de se muer… En parlant de glaise : Cop, au delà de son titre (et du morceau homonyme), exalte tous ce qui veut se conformer au Modèle, singer sa puissance, en sucer les miettes sales en s’oubliant, en se reniant. Dont la croissance est une traitrise, une infection vivante. Kyste mobile dans l’organique, vitalité morbide. Le Flic, oui ; mais encore le boucher de toute viande, de tout sang ; et le culturiste creux, qui s’emplit de dévastations potentielles, assemble sur son être les moyens de massacres mineurs, gratifiants, se forge comme vengeance mesquine, fraction de la Domination ; le chasseur égoïste, même, dissident – celui d'hommes et de femmes, d'enfants à recruter – qui se rend à la logique de la prédation, s’en fait le franc-tireur, territoire enclavé aux dépressions des terres captives. Le son de Swans, ici, s’épaissit. Prend une qualité plastique – non plus robot de guerre simplement, disais-je, de métaux, de rouages froids ; mais un monstre animal, un cauchemar humain. La noirceur rampe et s’épand comme une huile épaisse, roulante, écoulement à la lenteur effroyable. Et les braillements de Gira commencent - au delà de la glaciale et calcinante colère – à prendre les accents d'une souffrance véritable, personnelle, d’une ferveur tourmentée de mantra supplicié. Tout ici n’a encore qu’une seule face, sans revers : celle de l’écrasante terreur, de la laideur sublime dans son fracas seulement, de la destruction vibrant chaque atome de l’air et de ce qu’il enveloppe. Mais Swans s’incarnent. L’infâme chape, en prenant noms, faciès, matricules, devient forme vulnérable, affreusement proche, apparentée à ce qu’elle balaye, immerge, démolit. Indéniable, horrifiante révélation (comme on nomme certains textes religieux) : l’Assassin est ton semblable ; et ceux qui le chantent, tout autant. Cop est encore un holocauste. Mais perpétré par des individus visibles, faillibles, pensants, en pleine lutte intérieure sous l’enveloppe d’acier, derrière la main qui tient la crosse. Une sorte de doute guette, de tentation extérieure qui cherche à s’insinuer. Mais le Flic nie, repousse le remord. Jouit de le juguler, d’enfoncer les ossements, de déchirer les viscères de sa proie – son métier la lui désigne et la Loi l’y exhorte. Il n’y aura pas de représailles. Et la lumière, ici – Pourquoi Se Cacher – est encore si crue, qu’on y voit que saccage. Swans, pourtant, cherchent à craqueler cette existence figée. Le flic est un mortel. Ces huit prières sont obscènes. Cette dimension contraire, bientôt, ne pourrait plus suffire.

Très bon
      
Publiée le vendredi 9 mai 2014

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Note moyenne        11 votes

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Bon sang, à quand le like sur les comms ?!

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surimi-sans-mayo Envoyez un message privé àsurimi-sans-mayo

Attention Gira l'a déjà faite, il risque de te demander des droits pour ce commentaire. Je me demande s'il s'est pas déjà décrotté le nez, je pense que je lui verserai une part la prochaine fois.

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Rien que la batterie, déjà ...

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Tamerlan Envoyez un message privé àTamerlan

C'est en écoutant le premier morceau de cet album qu'on se rend compte à quel point Godflesh a tout pompé chez Swans.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Comme chaque fois que j'essaie d'écouter Filth jusqu'au bout : je finis là, au bercail, bien vite.

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