Jim White (usa) › Transnormal Skiperoo

Vous aussi, vous avez l'impression d'avoir aperçu cette jaquette environ une fois par semaine dans les tops hebdomadaires de Pitchfork ? Hé je sais pas si ça a effectivement été le cas. Je dis ça comme ça. D'ailleurs je lis même pas spécialement Pitchfork, sauf quand ils se mettent à encenser un album de metal extrême et me font me sentir obligé de l'écouter (et généralement c'est de la merde - hop, moi aussi j'ai ma street-cred à défendre). Sinon j'ai pas spécialement suivi la carrière de Jim White, depuis Wrong-Eyed Jesus - que j'ai de toute façon du découvrir y'a deux mois maximum - et je sais pas exactement ce qui s'est passé entre ce premier et celui-ci. On s'en fout un peu de toute façon. N'empêche qu'avec l'âge auquel Jim White s'est improvisé musicien, je vois bien qu'à l'heure de ce Transnormal Skiperoo, le bon compagnon fête déjà ses 50 piges. Ça doit pas l'aider pour le coup de la fable southern gothic néo-mystique et sarcastique, mais par contre ça lui fait un sacré paquet d'expériences de vie - ces trucs qui lui servent d'inspiration - pour écrire des bons morceaux un rien désabusés et mélancoliques. Le fait de s'être installé depuis dans une ferme isolée au fin fond de la Georgie, ça ne lui a d'ailleurs pas qu'inspiré une spiritualité toute méta de quinqua, mais ça l'a aussi poussé à composer des morceaux qui puisent largement dans les gospels, à se retrouver entre ces atmosphères de saloon lounge et cotonneuses sorties d'un monde où les cumulus sont comestibles. Jim White là-dessus a un talent certain, il vous baratine comme un viticulteur amoureux des schistes de sa campagne. Il chante comme un vieux pote à la voix tendre de Malkovich, et qui à ce don pour parler aux femmes dont la votre. C'est à la fois exaspérant, d'entendre autant de facilité à séduire le monde, mais en même temps c'est rassurant. Ça filette en sécurité comme une inhalation de ravintsara au milieu d'une crise de rhume des foins. Ça a les vertus naturelles de l'eucalyptus derrière ses airs exagérés de verveine synthétique. Il reste, soit dit en passant, sur ce Transnormal Skipoo, quelques-unes de ces influences Tom Waits dont on parlait tantôt. Mais elles se font bien plus discrètes, et au milieu des basses rondes et des autres tours de passe-passe d'instrumentations au bon cocktail, Transnormal Skiperoo il rappelle plus à la mémoire le souvenir d'un été léger avec les Velvet, mais dont les thèmes d'inspirations seraient passés aux contes pour enfants.