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Apollo Brown + O.C. › Trophies
- 2012 • Mello Music Group MMG026 • 1 CD digipack
cd • 16 titres • 54:56 min
- 1Trophies
- 2The Pursuit
- 3Prove Me Wrong
- 4Nautica
- 5Anotha One
- 6Disclaimer
- 7We The People
- 8Signs
- 9The First 48
- 10Angels Sing
- 11Just Walk
- 12The Formula
- 13People's Champ
- 14Options
- 15Caught Up
- 16Fantastic
informations
line up
Apollo Brown (production), O.C. (MC)
chronique
- boom bap
Omar Credle de retour sur le ring avec la coqueluche des productions catchy-soul Apollo Brown, pour du bon gros braggadocio qui va faire rimer béton avec laiton : à la sortie, je l'avoue, ça m'avait autant excité que le dernier Rocky, et je me suis réfugié dans mes deux permiers O.C. en mode conservateur-boudeur. Parce que les louanges envers le très basique Apollo Brown me laissaient aussi sceptique que la hype qui porta au même moment l'endive Ryan Gosling au rang de grand acteur à la sortie de Drive. Mais il est aussi vrai que depuis sa sortie on en entend que du bien un peu partout, de ce Trophies... quand le puriste de dernière heure que je suis a fini par le posséder, il a même dû décoller du cellophane un sticker de louanges de DJ Premier lui-même (qui n'acollait pas son blase sur la devanture quand il produisait intégralement Group Home ou Jeru the Damaja ; autre époque autre esprit) bref : tout concordait à faire de Trophies un album de come-back lourd, genre ficelé comme un gant avant le match définitif, le retour d'un MC oublié façon vieux champion. La claque qui allait souder les audiences urbaine et geek. Et c'est vrai que niveau ficelage et ambiance, Trophies est putain d'homogène : outre cet affichage sobre "producteur + MC" qui est clairement devenu une tendance dans toute une frange du hip-hop depuis la fin des 00's (à la suite de Jaylib ou dans un simple retour aux sources "Eric B. & Rakim" ? un peu des deux), on tient un genre de bon gros skeud de collaboration bien limpide : du boom bap puissant dans un esprit et une saveur très "fin des années 90", notamment avec ce recours massif aux violons qui donne souvent l'impression troublante d'inédits datant de 98 ressortis des tiroirs ("Anotha One"), et, comme on a affaire à Apollo Brown, forcément de grosses louchasses de soul protéinée. O.C. se contente d'aligner ses egotrips au mic comme on aligne des briques, convaincu, voire convaincant, mais son narcissisme est pour le cas présent aussi fascinant que celui du quaterback lambda roulant des mécaniques devant ses camarades dans les vestiaires. C'est pas plus grisant que ça. Mais j'imagine que c'est tout ce que ce rappeur qui a failli être Nas à la place de Nas sache faire de mieux aujourd'hui. Crépusculaire et combatif, et lardé de quelques touches synthétiques bien classes ("Angels Sing"), Trophies c'est un peu l'album que O.C. aurait pû sortir à la place de Bon Appétit pour ne pas avoir à se faire pardonner avec Starchild : au lieu de faire du g-funk de contrebande pour survivre, il nous aurait gratifié d'un disque bien compact et efficace. Et carré. Parce que le seul défaut de Trophies s'il y en a réellement un : c'est de sonner un peu trop carré pour être plus que bon. Genre stéroïdé. Tu sais que c'est fait à l'ancienne avec amour du boom bap, le flow cadre, cible et frappe, genre tac-tac le taf est plié, les instrus sont tough guy où il faut et mellow où il se doit, mais : il reste cette sensation un peu artificielle genre photoshop. Le son dans les baffles gonfle un peu trop les pectos pour être honnête. Mais c'est un son signé Apollo Brown. Trophies est probablement ce qu'il aura fait de mieux en collab' du reste, comparé à des mi-molles comme le Daily Bread avec Hassaan Mackey. Apollo Brown, efficace mais poussif, est loin d'avoir la capacité d'un RZA à rendre le soulful vénéneux, ni la subtilité d'un Pete Rock à le rendre soie et velours, ni la froide efficacité d'un Premier dans l'hypnose par le sample. Mais il est nettement plus gutsien que Kanye West dans son pillage de la soul, qui dans le cas de Trophies devient un genre de gros caramel au beurre salé pour les baffles. Apollo Brown en fait, et ce skeud bien cadré et quadrillé avec O.C. le confirme, c'est plus un genre de Madlib de série B, baraqué qui se contente de soutenir la boxe verbale de son champion, d'éponger le front, et de soutenir le vieux MC dans une forme sportive honorable. "Sportif" : voilà le mot adéquat pour ce skeud. Nous sommes dans les années 2010, les années où il faut étirer les carrières jusqu'à mort par épuisement, et la pochette ne ment pas. Impeccable, puissant, taillé pour vaincre sans K.O., Trophies est le bon gros néo-polar qui contente la soirée. Le dernier baroud, l'album cousu poing, délimité comme l'implantation capillaire de Jamie Foxx ou The Rock, et carré comme un ring.
note Publiée le mercredi 23 avril 2014
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- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Prod' hyper efficaces, voir trop. Soyeuses mais pesantes tant elles sont calibrées. OC a pas bougé depuis Jewelz, même flow, même ego-trip (il fait même dans l'autoréférence en rebalançant quelques rimes de son "My World' sur un des derniers morceaux). Le tout est finalement inférieur à la somme des parties. Un peu lourdingue à écouter d'une traite. Pas mal de bons titres, pris individuellement.
Message édité le 01-06-2022 à 15:02 par Coltranophile
- Note donnée au disque :
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Et moi je rétorque - à troll, troll et demi ^^ - que l'inventivité en musique, y a rien de plus foireux comme concept. Et que le boom bap c'est un truc d'artisan martial, pas d'artiste contemporain.
- Note donnée au disque :
- Rendez-Moi2 › Envoyez un message privé àRendez-Moi2
Ahahah non, ça m'énerve de voir ce genre d'albums avoir de la réputation, j'ai zéro problème avec les sonorités "à l'ancienne" mais là c'est tellement binaire je vois pas ce qu'on peut lui trouver à part se dire que c'était mieux dans le temps.
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
Voilà, là tu vois tu commences (juste un petit peu hein, c'est encore soft) à faire ton Troll. Jusqu'ici c'était bien, ce come-back ! ;)
- Rendez-Moi2 › Envoyez un message privé àRendez-Moi2
Apollo Brown n'aurait aucune exposition si y avait pas cette nostalgie d'un pseudo-âge d'or. Zéro inventivité.