Alors ce sera quoi aujourd'hui bro ? Du bon gros boom-bap ? Des années 90 ?... et new-yorkais ? On retourne aux basiques, à c'que j'vois eheh... "Assez sombre quand même", rrrroh, évidemment ! T'es sur Boyaux d'Ténèbres, on est pas chez skycrotte, on cause de rap au minimum moiré-crépusculaire ici et tu le sais ; t'imagines pas comment je dois me creuser le citron pour presser ces agrumes de bitume afin d'en extraire du jus d'ébène ! Reprenons plutôt, au lieu d'egotriper bêtement : "boom bap côte est", donc... et qui claque bien les baffles, genre beat-bull... Avec un flow charismatique ? mmmh, voilà qui se précise bro... à la Illmatic mais en un peu plus chargé ?... et tu as déjà les premiers Black Moon, O.C. et Big L, bien sûr ? Ok, je vais devoir sortir mon lascar de secours, là on est sur du rayon d'investigation serré, mais heureusement pour tes tympans mes rayons sont generous : j'ai pile fuckin'poil ce qu'il te faut. Attends je fouine dans mes bacs là, je sais plus où je l'ai rangé...ah ! tada !!! Mad Skillz, là, hop, tac-tac, popopop ! Ah, t'en as déjà pris, sans le "mad" ? Ouais mais avec le "mad" devant c'est nettement mieux crois-moi, genre syndicat du crime du mic dans un seul gars, ptêtre pas si new-yorkais si on chipote sur l'extra-musical (il est de Virginie l'beau merle, le pays de la Craven "A", signe de qualité assez parlant en lui-même pour les fumeurs et ex-fumeurs) mais oublions le chipotage, pensons chipo-lattage, claque inter-mandibulaire : avec Mad Skillz on est sur du bon gros sidekick oublié, avec un gabarit lyrical de ragondin vitaminé et ce petit arrière-goût d'cavale nocturne typiquement new-yorkais omniprésent en fond, grâce à la panoplie de beatmakers qui parle d'elle même ! Ce From Where??? est ce que j'appelle le rap Cool et Concassant impeccable. Genre je malaxe tes baffles et je les latte en même temps. Gratification pur flow et pur beat. Si t'es pressé tu peux attaquer ce skeud directement par le cortex, le milieu, le tronc d'béton, gris et puissant : c'est la partie où Mad Skillz c'est plus seulement cool, mais ça devient de la grosse liqueur de bitume sur glace pilée. Enchaînement fatal de "Doin' Time In The Cypha" - "Tip Of My Tonge" - "Extra Abstract Skillz". Comme qui dirait tryptique-sismique en plein épicentre du skeud, magnitude 7 sur l'échelle de Rakim, avec I.sample crémeux-cafardeux et imparable typiquement mid-nineties, II.boom bap d'enfoiré juvénile mais rôdé à mort et soudé au beat et lyrics qui te tatouent le cerveau ("Floatin lyrics, from the tip of my tongue, I swing, I sway, I swung !") III.réunion de tontons MC's intestable. Le mec se paye même deux passages 'smooth-biatch' en survêt blanc intégral, sans perdre une once de puissance et de verticalité niveau groove ! Quel petit con ! Entre ces deux massages féminins au baume du tigre, il te fracture la nuque avec un beat de rhinocéros pryapique sur "The Jam" (qui te prouvera aussi que Jay Dilla a pas toujours été ce fébrile et maigrelet crate-digger délicatement inventif, mais un bon gros bourrin froidement efficace), et, histoire de bien être sûr que tu appuieras sur 'repeat' une fois arrivé à terme, l'enfoiré te repasse une dernière fois avec "Unseen World" / "Inherit The World", genre "double boule nougat-raisin-rhum + petite gaufrette & par-ici l'addition". C'que j'appelle dans mon jargon de la bonne mandale de vandale. Un gros petit album, genre de skeud appelé à rester dans l'ombre mais pour la bonne cause, pour que des gars comme moi en causent à des gars comme toi, qui n'ont pas le temps de fouiner et qui s'en foutent un peu du rap... Je vais faire ma pute tiens, je vais le planquer dans les cinq sur six pour neutraliser les boulets qui ne ciblent que les notes max : une boulet-boule en moins pour la bonne cause ; soyons taquins ! Tac tac.