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Masta Ace Incorporated › Slaughtahouse

cd • 15 titres • 65:05 min

  • 1A Walk Thru The Valley
  • 2Slaughtahouse / Diggadome (Intro)
  • 3Late Model Sedan
  • 4Jeep Ass Niguh
  • 5The Big East
  • 6Jack B. Nimble
  • 7Boom Bashin'
  • 8Mad Wunz
  • 9Style Wars
  • 10Who U Jackin?
  • 11Rollin' Wit Umdadda
  • 12Ain't U Da Masta
  • 13Crazy Drunken Style
  • 14Don't F*** Around (Outro)
  • 15Saturday Nite Live

informations

line up

Masta Ace, Lord Digga, Paula Perry, Eyceurokk (MC's), Leschea (chant)

Musiciens additionnels : Uneek, Latief, Ase One, Bluez Brothas, The Beatheads (productions)

chronique

  • hardcore qui ricane sous cape

Avec ses concept-albums ambitieux à défaut d'être monumentaux, à la Prince Paul, mais jamais pris très au sérieux, car souvent satiriques tendance foutage de gueule cryptique (comme ce Slaughtahouse dont vous ne capterez pas l'ironie si vous n'êtes pas un minimum ricainphones), Masta Ace est sûrement l'un des MC's les plus sous-estimés... et quelque part : peu ne doit chaloir aux épicuriens du rap east coast, savourant les bons albums là où l'ombre a gardé son emprise. Certains d'entre vous connaissaient peut-être déjà Ace sans forcément y prêter attention, via le tube de rider "Jeep Ass Niguh" ou plus probablement via le cultissime premier Gravedigazz et son apparition-éclair mais pour le moins coquette. Masta Ace a cette louvoyante et narquoise aura, ces storytellings racontés bien à sa façon, la subtilité d'employer des alias parodiques pour moquer les clichés les plus redondants des rappeurs, et ces lyrics comme qui dirait infusées dans le cerveau avant d'être servies à ce flow de vilain petit thug plus cérébral que la moyenne... Masta Ace, je veux le partager avec vous, oui... mais en vous le murmurant. Je veux vous aiguiller vers ce Slaughtahouse qui est à mon sens son meilleur album malgré une poignées de solos bien classes... mais pas comme on hurle un classique... je préfère plutôt vous le tendre sur un petit napperon, avec un clin d'oeil complice. Masta Ace est de ses MC's qui ont frôlé quelque chose d'énorme, et on réalise alors à l'écoute de ce Slaughtahouse combien "frôler" peut être la plus logique des manières de pénétrer. Car Slaughtahouse pénètre, lentement, en bon grower : de ces albums qui ne vous marquent pas au gun rouge et qui préfèrent plutôt vous coller de loin, comme un type un peu louche vous suivant vingt mètres derrière sans intentions très claires. Masta Louche Incoroporated. Un album signé de son "crew" du moment monté sur le tas - et je mets des guillemets, car Masta reste omniprésent au micro tout du long, même s'il le lâche pour son sidekick Lord Digga ou pour convier son trio underground (Eyceurokk) et ses deux poulettes Paula et Leschea (qui assurent la touche féminine, la première en rappant et la seconde en posant un morceau bien typé r'n'b/trip-hop qui détonne un peu). Slaughtahouse est totalement fondu dans son temps : basses grasses, beats secs, samples 'golden era', et ces cuivres qui iront taquiner jusqu'à la nausée sur ce final. Et ce skeud me fait en même temps penser à ce qui serait à la fois le prologue du Lifestylez de Big L, un crossover idéal du second Organized Konfusion et de 6 Feet Deep - avec en guise d'entame un titre épo refoulant bon le EPMD nocturne. Bref pas exactement de la merde. Masta Ace étant d'abord passé par la case new school avec son album solo de poseur funky-basique, à la Gros Papa Kane / Kool G Rap (Ace était du reste le dernier lascar du Juice Crew dans leurs ombres respectives), avant de comprendre qu'il y avait nettement moyen de se taper un trip plus dense en plongeant dans l'urbain. Et c'est donc sur ce premier M.A.I. spécialement conçu pour rendre ses maraudereries que Masta Ace devient gutsiennement positif. Genre 'blam', il fait nuit, allons rôder mes homies et tâchons d'avoir le groove quand même, de garder la funky jazzy touch. Slaughtahouse, sans en faire des caisses sur l'aspect sombre, déroule pourtant sa nuit, une nuit pas franchement glauque, mais trouble comme ses photos floues du livret, entre moquerie et menace, avec un son qui a un "grain" demandant de pousser le volume pour apprécier la rugosité boisée-cuivrée, et dans lequel le hip-hop new yorkais est cette chose douce-amère, souvent à la lisière de l'horrorcore mais n'ayant jamais la vulgarité de s'y fourrer... comme en témoignent ce "Rollin' Wit Umdadda" bien jazzy-crade ou ce "Crazy Drunken Style" méchamment carnivore et groovy comme du Geto Boys coupé à du House of Pain, dans lequel Masta se tape une cuite lyricale. Morceau culte ! Et album culte - car le vrai "culte" nécessite oubli populaire - d'un rappeur non moins culte, resté comme bien d'autres curiosités savoureuses de ces années fertiles dans l'ombre gigantesque de la galaxie Wu-Tang. Toujours aussi singulier, rôdeur et sinueux, ce Slaughtahouse... mais cela, *chhhttt!*, ne le répétez à personne... ce sera notre petit secret...

Très bon
      
Publiée le mardi 15 avril 2014

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    commentaires

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor
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    il y a toujours un poil de cul en trop ou qui manque, avec une notation sur 6, de toute façon

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Je suis encore à deux doigts de monter la note du suivant, quant à moi (à bons entendeurs), à constater encore comment une note plus nuancée est à ce point castratrice.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor
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    je monte la note, malgré quelques longueurs (The big east)

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    allthatglitters Envoyez un message privé àallthatglitters

    Mortel ! Je ne connais que A Long Hot Summer de Masta Ace mais il n'a pas grand chose à voir. J'adore aussi, néanmoins.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor
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    Comme se promener en caisse a travers Brooklyn, tu vois beaucoup de mauvais regards, de balles qui partent mais tu te sens protege par le cuir rouge et la taule de la caisse, les vitres bien epaisses rendent tous les sons bien lointains.

    Note donnée au disque :