Poliça, je connaissais pas du tout avant cette émission de crêpage de chignon politique post-Polac dans laquelle ils venaient conclure avec "Chain My Name" ce soir d'octobre 2013. Que la télévision française - et pas la cinquième chaîne en l'occurence - me fasse découvrir de la musique au moins à peu près de qualité, en 2013, j'avoue que ça m'a un peu surpris. La chanteuse de Poliça, avec sa tête d'olive albino, y dégageait autant de charge sexuelle que Christine Angot ou Clémentine Autain, bref le genre de nana qui provoque autant le désir qu'un yaourt allégé n'a de chances donner faim, et sa voix (traitée au pesticide informatique) était du même rang... le genre cintré et "à blanc"... et pourtant, cette petite gougnotte pâlote-lunaire à deux balles m'a hameçonné. Le métrosexuel en moi a flairé un truc juteux, goûteux. Quelque chose était trop marbré, dans cette cold wave en apparence uniquement calibrée pour bobos, pour que je reste de marbre... Est-ce ce gimmick basiquement hypnotico-accrocheur mais s'inscrustant comme du Kraftwerk repris par The Rapture ? Sûrement. Reste que "Chain My Name" bute sobrement et intégralement - et que le placer en introduction de Shulamith n'était peut-être pas la meilleure idée, la suite allait forcément décevoir. Et c'est ce qui arriva... mais, au fil des écoutes suivantes, sentant le "grower", je parvins à m'accrocher à ces mélopées. Comme sur le premier, mais en plus briqué, lustré, en moins flou, avec basse et batterie(s) bien mixées en avant pour te chopper la jugulaire en salaud, et avec des trames synth-pop bien limpides... bref en plus "catchy" comme dit dans la chro de Give You The Ghost. Poliça, c'est pas juste du bidule des années 2010. C'est pas Chromatics ou Glass Candy, hein... parce que Channy (c'est le nom de l'olive albino) a autant de présence que Jean-Marc Ayrault... Mais c'est pas Metric non plus... ça a son parfum à part, sous égaliseur logiciel aseptisé. Et plus encore que Give You The Ghost, premier essai un peu gentil, ce Shulamith parfume les enceintes d'un franc et frigide musc cold wave, malgré la fragrance vanillée subsistante (l'odeur dream pop). Il est meilleur que Give You The Ghost, grâce au côté plus "vertical", plus rythmique, plus froid et limpide. Plus cold wave quoi ! Moins Björk-rock, malgré que la voix reste impuissante... Hormis "I Need $", ce Shulamith n'a que du bon... "Warrior Lord" par exemple, tiens, en voilà de la bonne cold laid back... mais encore : par ici un petit bout de The Knife sur percussions ("Spilling Lines")... par là une salade de synthétiseur façon Zombi... là-bas encore, un mini-trou noir arty-obsessif à la HTRK... et là du pur Massive post-11 septembre... Shulamith est sorti au moment ou Poliça a disparu des tabloïds comme ils y étaient apparus : car après la hype, en général il y a un bon gros mur... et c'est le crash sur ce mur de l'oubli qui a sans doute donné cet écho vertical à ce Poliça, aussi froid qu'une page Facebook... Shulamith... 2013... métrosexualités parallèles... âmes survivant tant bien que mal dans le chaos mou des réseaux sociaux... et chronique publiée depuis un iPod. (Je plaisante, hein !... depuis un iPad.)