Le revival, dans l'absolu, c'est un truc qui n'existe pas. Personne veut jouer du revival. Personne veut qu'on lui affuble le qualificatif. Chacun le refile à son voisin de droite en l'accusant lui d'aller déshabiller son père par flemmardise d'invention d'un style, tout en ayant lui déshabillé son oncle par égale flemmardise d'invention d'un style. Mais personne veut l'avouer. On préfère se vanter d'avoir fait les fripes. D'avoir trouvé un super futale vintage à quinze balles dans un bac de vieilles nippes qui schlingue encore la blonde d'il y a trente ans, plutôt que de concéder l'avoir piqué dans l'armoire à papa. Street-cred, toujours. Et des fois faut des artifices pour faire passer le subterfuge. Passer un patch par-ci pour camoufler le trou au coude. Planter une plume par là pour faire illusion avec son feutre flambant pas-neuf. Man or Astroman? (ne pas oublier le point d'interrogation, aussi indispensable qu'un slip en dessous d'un pattes d'éph d'occasion) ont tout à fait saisi le principe. Les grands noms du surf, des Shadows aux Ventures en passant par l'inévitable par Dick Dale ou les soixante autres blases d'époque déjà interchangeables d'origine, ils s'en font les mannequins modernes, histoire de montrer combien que y'a pas que le tissu qu'on peut aller repiocher dans les sixties : y'a aussi le son. Et pour que prenne un peu de volume cte permanente, la bonne idée qu'ils ont eu, en sortant du salon de coiffure (terme d'époque, j'ai bossé mon papier moi aussi), c'est de se faire en plus une petite couleur avec toute cette imagerie sci-fi kitsch, qu'ils vont décliner dans leurs artworks, leurs lyrics, ces samples omniprésents, et puis surtout sur scène, histoire de faire dans le show attiraillé de tout mémorable. En fonction des disques, ça fonctionne plus ou moins bien. J'ai ressorti celui-là parmi les autres que j'avais écouté, d'une part parce qu'à feuilleter les pochettes sur allmusic je suis bien incapable de me souvenir avec précision lesquels c'était, et d'autre part que ça importe bien peu surtout, même si j'ai un vague souvenir qu'EEVIAC, dans ceux qui me reviennent, envoyait un peu plus que celui là. Du reste, ils ont quand même un son irréprochablement efficace, les MAM, avec des prods fallacieusement atomiques, qui font que de ringard, le bon vieux style de rock'n'roll pour bad boy à gomina (coucou Fonzie !) envoie quand même avec une patate d'enfer, à défaut de pouvoir prétendre à une quelconque longueur en bouche.