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Divine Styler › Spiral Walls Containing Autumns Of Light

cd • 13 titres • ??:?? min

  • 1Am I An Epigram For Life?
  • 2Touch
  • 3In A World Of U
  • 4Love, Lies And Lifetime's Cries
  • 5Livery
  • 6Grey Matter
  • 7Heaven Don't Want Me and Hell's Afraid I'll Take Over
  • 8Mystic Sheep Drink Electric Tea
  • 9Width In My Depth
  • 10The Next
  • 11Euphoric Rangers
  • 12Walk Of Exodus
  • 13Aura

informations

Produit, écrit et arrangé par Divine Styler - Enregistré par Michael Frenke et Brian Foxworthy en avril et mai 1991 aux Eve Jim Studios, Los Angeles, California ; Ameraycan Studios, North Hollywood - Mixé en juin 91 par Divine Styler et Brian Foxworthy aux Ameraycan studios. - Masterisé par Wally Traugott aux Capitol Mastering Studios, Los angeles.

line up

Divine Styler (chant, claviers, programmations, guitares, "tous instruments" sur plusieurs titres)

Musiciens additionnels : Tony Guarderas (basse), Jeff Phillips (guitare,), Kendu Jenkins (batterie, claviers)

chronique

Il est minuit. Parler du 2ème Divine Styler : ou l’échec annoncé. Comment rendre justice à un des albums les plus insensés, les plus désorientants, les plus incroyablement barrés, les plus éloignés des rives du sens commun ? Qu’est ce qu’on est censé attendre d’un rappeur conscious, tendance Daisy Age, quand il pète un cable et se lance à fond dans l’Islam Orthodoxe (vous avez remarqué, c’est le genre de hobby un chouïa exclusif, l’Islam Orthodoxe) ? Pas de malentendu : ce n’est pas du hip-hop. Ce n’est pas non plus du spoken-word, ce n’est pas chanté, c’est… L’inconscient d’un gars à un instant T, brillamment mis en musique. Ouf. J’en ai bavé pour me résoudre à sortir ça, mais voilà l’affaire : L’intro nous montre Divine Styler, qui n’est autre que Marc Richardson, en plein crise de somnambulisme, parlant dans son sommeil. Dès l’hallu auditive qu’est Touch, on se retrouve incorporé en lui, le beat est celui de ses battements de cœur, ou de ses pieds nus sur le sol de la chambre. En bon Little Nemo musulman, il s’apprête à se perdre, et nous avec lui. On passe de la fausse quiétude du rêve à un brutal cauchemar, béhémoth sonique entre indus et marasme noise qui déferle sur le titre comme une coulée de lave… Quelque chose a réveillé les démons de Marc Richardson, et le mec ne fait pas dans l’élevage label rouge, plutôt dans le chaudron des titans… Après une jam doucereuse ne faisant que souffler sur les braises de l’anticipation féroce, on replonge dans des eaux d’une opacité rare dès Love Lies and Lifetime’s Cries… La voix de Marc se fait hésitante, peut-être défoncée, plongée dans l’écho, incohérente… Encore une fois, le vernis ambient s’écaille pour révéler une fin qui laisse perplexe : pas de doute, le labyrinthe vient se refermer sur les cris désespérés du minotaure. A partir de là, il devient clair que ce disque sera une plongée dans l’inconnu… Mais il ne nous appartient pas d’arrêter la chute, trop hypnotisés que nous sommes. Car on se fait enchaîner en beauté par Livery, proto-drum’n’bass jouée à la batterie, qui entame 10 minutes frénétiques, menées entre-autres par la ligne de basse jazzy de Grey Matter, sans que disparaissent les sons impossibles qui hérissent l’arrière-plan. Re-cauchemar : Heaven Don’t Want Me démarre exactement sur le même son que "Have you ever been to Electric Ladyland" de Hendrix, mais cette fois la destination n’est autre que les strates les plus dérangeantes de son purgatoire personnel. "It’ll never end"… répète le naufragé, comme pris de nausée dans les méandres de sa propre confusion. Et sacré nom d’un asticot, on descend encore plus profond dans les abimes de la folie sur Mystic Sheep… Attendez d’en être là, et vous aurez vous aussi cette impression pugnace d’un psychotique vous attirant de toutes ses forces avec lui dans la fange de ses tourments. Pas la peine d’essayer de compatir à ses cris, je défie quiconque de sentir la moindre forme d’empathie ou de proximité avec ce disque, qui semble avoir été largement improvisé dans un spasme de terreur métaphysique. Crise de foi, vomissements synthétiques… Et courtes périodes de répit. C’est là que c’est le plus cruel. Des titres comme Width in my Depth ou The Next semblent de doucereuses jams récréatives, paresseusement goupillées avec le trio basse-gratte-batterie qui accompagne Marc sur une bonne part du disque. Ils sont surtout des indices écartant la thèse du disque-n’importe quoi, ou de l’œuvre fumeuse (qui n’est pas "fumiste") à la Tricky ou à la Sensational. On a la sensation que tout cela est maîtrisé, le fruit d’une vision plus que d’une colère ou d’un exorcisme. Ce qui est beaucoup plus rare, et beaucoup plus inquiétant, au final. On finit le disque – pour ceux qui n’ont pas déjà été écœurés - avec une sensation de lâcher prise assez troublante. Massés par cette basse fretless d’un monde parallèle, ce faux violoncelle mugissant dans son aquarium d’azote, on s’abandonne à la vision furieusement S-F et 90’s (avec beaucoup de recul) de Divine Styler… Notre narrateur ne semble pas connaître le sens du mot "sommeil", toujours empêtré dans ses sermons sous codéine à la gloire d’Allah, avançant à tâtons dans ce dédale sans âme qui vive, sans lumière, sans issue, sans but. Rien que des alcôves bleues, des kilomètres de canaux souterrains sous le palais des Césars… C’est parfois éprouvant, mais hey, vous voulez vraiment du sombre et expérimental ? On est dans le cerveau d’un mec, là, un mec dont la glande coranique ne s’auto-régule plus du tout, mais envoie des hectolitres de pur LSD dans son corps. Pendant ce temps, dans le monde réel, les auditeurs allaient se demander quelle mouche l’avait piqué. Il ne s’agit pas seulement d’avoir réussi à faire pousser un tel champignon fluorescent sur le terreau stérile d’une grande maison de disque, mais bien d’un trip véritablement ovniesque, sans équivalent. "Ovni inclassable", là pour le coup, c’est de l’euphémisme de supermarché pour décrire ce truc. Seul frère de galère dans la perdition mystique pour Marc : un certain Prince, coutumier du pétage de cable spirituel ET sonique tout au long de sa carrière, avant et après conversion aux témoins de Jéhovah. Mais si dévier sur une carrière de 20 albums est somme toute acceptable, lâcher "Spiral Walls" à la face du monde en guise de 2ème album, sans producteur louche aux manettes, sans concept édicté pour justifier le tout, et surtout sans la moindre explication à ce geste, qui plus est en disparaissant de la musique dans la foulée (le flop commercial étant ici aussi prévisible que le statut vaguement culte, qui en poussa même certains à créer des fanzines en hommage au disque)… Eh bien, je ne sais pas. Spiral Walls Containing Autumns of Light, c’est un phénomène paranormal sur cd, et l’écouter en boucle ne vous délivrera d’aucun doute (génie ? foutage de gueule absolu et historique ?), tout au plus cela vous rendra-t-il hagard, désœuvré et fou à lier. Ô pelerin qui trébuchera dans ce pédiluve : toi qui t’avancera ici, attends-toi à tout.

note       Publiée le mercredi 2 avril 2014

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Pas seulement à cause de l’inspiration « islamisante » du disque

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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God bless Bandcamp : https://divinestyler.bandcamp.com/album/spiral-walls-containing-autumns-of-light

Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

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DesignToKill Envoyez un message privé àDesignToKill

Très bonne surprise cet album ! Beaucoup de bonnes idées, bien psyché ! Voix envoûtante et perché !

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Amen Dada.. cannibale comme le skeud. Peut-être l'album étiquettable hip-hop le plus expé possible, même si comme tu le dis ça n'est pas que ça... difforme mais contrôlé, oui.... psyché shit.

Note donnée au disque :