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Howe Gelb › The Listener

cd • 13 titres • 52:42 min

  • 1Glisten03:50
  • 2Felonious03:34
  • 3Jason's List04:36
  • 4Cowboy Boots04:27
  • 5Torque (Tango de la Tongue)04:19
  • 6Piango03:03
  • 7Lying There04:10
  • 8B 4 U (Do Do Do)05:46
  • 9The Nashville Sound02:07
  • 10Blood Orange03:30
  • 11Moons of Impulse02:38
  • 12Now I Lay Me Down06:35
  • 13Lemmy N Emmy03:39

informations

Enregistré à Feedback Studio, Aarhus, Danemark et Wavelab, Tucson, AZ + The Beech House, Nashville, TN et dans un hotel à Milan, Italie. Produit par Howe Gelb.

Artwork : Pasqualina Azzarello.

line up

Howe Gelb (chant, piano, guitares, orgue, chimes, cordes synthétiques)

Musiciens additionnels : Joey Burns (basse), John Convertino (batterie), The Handsome Family ((Brett Sparks (piano, chant), Rennie Sparks auto harp, chant) 11)), Sofie Albertsen Gelb (chant 7), Micheal Fan (violons), Carla Ecker (violons), David Rife (violons), Nick Luca (basse), Marie Frank (chant 10), Henriette Sennenvaldt (chant 5), Katrine Stochholm (piano), Anders Stochholm (percussions), Thøger T. Lund (basse), Peter Dombernowsky (congas cajuns, percussions), Anders Pedersen (mandoline, pedal steel guitar), Thorbjørn Krogshede (saxophone), Nils Grøndahl (violon, scie musicale), Rox Erikson (accordéon)

chronique

Un cowboy au Danemark. Ouais, Lee Hazelwood nous avait déjà fait le coup avec la Suède, mais faut avouer que la référence s'impose. C'est bien Howe Gelb qui déjà reprenait brillamment "Sand" avec Lisa Germano sur le fabuleux album OP8. Et voilà maintenant qu'il suit les traces scandinaves du plus fameux moustachu de la country baroque, la faute à la dissolution de son groupe Giant Sand qui s'est perdu dans les méandres de la dépression post-deuil et grâce à son mariage avec Sofia Albertsen, danoise de son état. Voici donc Howe à la maison du côté de Copenhague. Pas d'inquiétude, si il se prend d'affection pour des cordes tragiques conférant à sa musique un aspect plus baroque (on y revient) que jamais, il ramène aussi dans ses valises une bonne dose de poussière de Tucson, Arizona, là où il a laissé Joe & John vaquer à leur succès. Entre deux eaux, Howe était de toute façon depuis toujours un faux-cowboy, débarqué de son Pittsburgh natal dans les sables du désert, le voici aussi à l'aise dans cette vieille Europe qui lui apporte l'amour et une nouvelle colonne vertébrale. Mais ne pas mettre la diligence avant les chevaux. Gelb débarque avec des souvenirs américains, un goût du jazz qu'il a toujours placé en loucedé dans les albums de Giant Sand. Après un magnifique instrumental comme un générique déjà grave et habité de lourd souvenirs, en piano et cordes, Howe se charge lui-même de name-dropper ses modèles. Il se rêverait bien jazzman, Duke ou Thelonious, mais son piano et sa voix se calent malgré lui sur ce bon vieux Lou. Eternel complexe du rock face aux jazz ? Non, Howe ne connaît pas l'aigreur, ses influences le pétrissent et le portent vers la lumière au bout du tunnel, tout imparfait qu'il est, maître de l'aléatoire et de l'approximation, compagnon de l'improvisation et des accidents à s'approprier. Et puis même Lou aurait aimé être un autre. Howe se suffit à lui-même, en chanteur de piano bar un peu à bout de souffle, la voix râpée par les cahots, qui sussure ce qu'elle avait coutume de scander. Les violons s'y déposent comme un voile en cinémascope. Howe n'a plus besoin d'électricité sur son tabouret, Howe passe de ses touches d'ivoires à sa vieille guitare acoustique fatiguée. Howe n'a jamais été aussi jazz et crépusculaire. Un tantinet épuisé par les épreuves peut-être ? Non, Howe trouve son énergie dans ses nouveaux compagnons de voyage, des musiciens danois rencontrés pour ces quelques sessions qui lui plairont tellement qu'ils deviendront bientôt le nouveau Giant Sand. L'americana n'a pas de frontière avec Howe, c'est un état d'esprit. On peu sortir Gelb de l'Arizona, mais on ne peut pas sortir l'Arizona de Gelb : qui pourrait se douter que l'âcre complainte country de "Cowboy Boots" est interprétée par des européens, et des scandinaves encore ? Un cowboy au Danemark, c'est bien lui, c'est bien Howe comme Lee, qui aime à s'entourer de voix féminines, et pas n'importe lesquelles. Celle de la sienne, de femme, d'abord, Sofia Albertsen, entendue au détour d'un refrain sur le joueur "Lying There", où les associations de mots de Gelb font merveille. La troublante Marie Frank ensuite pour un duo qui sent le cactus et la Tequila Sunrise, "Blood Orange", accordéon, mandoline et pedal steel qui dardent des rayons de Soleil sur le perron du ranch. Et enfin cette bombe de sensualité nommée Henriette Sennenvaldt, chanteuse du groupe de rock expérimental Under Byen avec qui il partage une danse particulièrement tragique et frissonnante, "Torque (Tango de la Tongue)", entre country et jazz latin de chambre. Mélange dont il remet une couche instrumentale sur "Piango", se laissant aller à des déambulations pianistiques entre esquisses jetées au hasard et mélodies assurées et envoutantes. Le duo, le couple, une figure en soi de la musique country, et c'est en choristes sarcastiques de luxe que The Handsome Family (les époux Brett et Rennie Sparks, autre groupe culte du mouvement alt-country) viennent main dans la main pour apporter leur support sur le concis mais fantastique "Moon of Impulse", acoustique à l'auto-harp cristalline et nocturne, à la cool comme un âne et bien pince-sans rire. Howe Gelb ne branche que rarement sa guitare, mais quand il le fait enfin, c'est pour dégainer un morceau fabuleux, coupé en deux grâce à une ellipse narrative de vingt ans, sa fille passant du ventre de sa mère directement au campus, transition faite par un détail génial, un sourd "can't stay in" faisant office de plan de coupe. Le chant de Gelb, mal assuré dans la première partie, troublée de crises et de doutes, s'y fait résolu et confiant dans la seconde, Gelb affirmant toute sa reconnaissance et son amour pour sa fille, lui maintenant devenu vieux cowboy. Le morceau type qui fait de Howe cet auteur singulier et génialement biscornu, un peu trop bizarre pour une large reconnaissance. Et pourtant, elle est bouleversante la ballade un peu maladive de "Lemmy N Emmy", lo-fi et baroque à la fois. En traversant l'Atlantique, Howe Gelb s'est trouvé une nouvelle famille sans renier sa précédente. Comme toujours, à nous de le suivre, il n'est pas du genre à nous prendre la main. Heureux ceux qui savent.

note       Publiée le mardi 25 mars 2014

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