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Casey › Libérez La Bête

cd • 13 titres • 50:00 min

  • 1Premier rugissement
  • 2Regard glacé
  • 3Créature ratée
  • 4Rêves illimités
  • 5Mon plus bel hommage
  • 6À la gloire de mon glaire
  • 7Interlude
  • 8Apprends à t'taire
  • 9Aux ordres du maître
  • 10Marié aux tours
  • 11Primates des Caraïbes
  • 12Sac de Sucre
  • 13Libérez La Bête

informations

line up

Casey (MC), Laloo & Hery (productions)

Musiciens additionnels : Al, B. James, Prodige (MC)

chronique

  • chardon d'asphalte

Si vous voulez du rap français sombre, c'est par ici - bien plus que chez Despo Rutti ou autres cafouilleurs approximatifs des cités. Casey, burinée, ravinée et désespérée, avec son mental de goudron, sa voix rêche comme le reproche, est sur Guts Of Darkness chez elle. Et Libérez La Bête est l'album de Casey que je conseille d'écouter en priorité. Comme toujours avec Catoche, le défaut d'instrus trop plastiques pour servir d'écrin le plus adéquat à sa colère pleine et rugueuse, vient tempérer une note maximale qui chatouille. Libérez La Bête est pourtant meilleur que ce qu'elle a pu faire avec Zone Libre (qui tient plus de l'impro-collage à l'arrache que de la réelle fusion). Moins impulsif et brouillon. Plus obsédant. Alors je prends le verre à moitié plein et j'oublie les manques : Casey embrasse sa soul et son vécu. Ses angoisses. Plus intime, plus au cœur et dans les tripes que sur Tragédie d'une Trajectoire qui se regardait un peu trop pisser et saoulait vite après les premières écoutes enthousiastes. Libérez la Bête tient au contraire très bien la distance. Plus je l'ai ressorti, plus je l'ai aimé - toujours avec cette nausée sous-jacente qui ne lâche pas. J'aime Casey, avec une pointe d'indigestion. J'y peux rien. Ici, si elle a davantage appuyé le côté "dark", elle a aussi demandé à ses beatmakers de nuancer les ambiances et de donner de la profondeur aux instrus, et à défaut d'être aussi douloureuses et organiques que le flow, elles tapent dans le bide et suffisent à dresser la nuit sous les mots. Toujours plus "autre", toujours lestée de ce charisme antipathique-gouailleur, de ce flow qui en fait une sorte de Diam's-Corbeau (et cérébrée) et qui est ici plus contrôlé (toujours de l'allitération à foison, au niveau technique, mais après des années d'exercice maniaque c'est devenu naturel pour elle), Casey fait du Casey : loin de l'influence elle creuse dans son sillon perpendiculaire à celui des tièdes et des vendus sur le vinyle du rap game. Libérez la Bête est ce qu'elle a fait de plus puissant et délétère à ce jour. Ce qui était simple attaque sur le précédent se transforme en une sorte de monstruosité intime. Casey devient obscène. Sur le beat ankylosé de "Créature Ratée", sur "Sac de Sucre" : deux puits mentaux troublants dans lesquels elle remue au plus profond de la chair de sa lignée pour en extraire les éclats de balle et les lanières de fouet qui y sont encore incrustés. Sale, obsédante. Menaçante, mais touchante, comme le bruit de l'humanité voulant survivre dans un terrain aseptisé par l'impératif de vente et les punchlines au second degré. "Sac de Sucre", c'est la version impitoyable du second couplet de "Swordsman" par GZA, dans Liquid Swords. À côté de ce genre de mazout, il y a à peine deux morceaux plus "à la cool" pour nuancer le bourrage de crâne pessimiste ("À la gloire de mon glaire", dans la tradition du bon vieil egotrip qui marche toujours, et "Apprends à t'taire", tacle de wack MC's un peu trop facile et poussif même si le dernier couplet me fait sourire en coin à chaque fois, tant Casey manie le mépris avec dextérité). Mais le reste débecte l'ébène en beauté : les allitérations hallucinées et assassines de "Regard glacé", ou encore "Marié aux tours", cette description froide et lucide du vieux caïd de cité, une punition dans le genre - même constat pour "Rêves illimités" qui est peut-être le titre-carte d'identité parfait de Casey pour les néophytes. Casey, comme elle le dit elle-même bien mieux que mézigue, ne décrit que des archétypes. Elle n'a jamais le mauvais goût de cibler au cas par cas, c'est ce qui fait que son rap parle si souvent aux anti-raps alors qu'il s'adresse au milieu : rien ne fait "boutique" sur Libérez La Bête, tout pue l'époque... Regard acéré mais global sur ces années 2010 où le passé a pris la saveur d'une chose douce et molle face à un présent de béton, Libérez la Bête est de ses skeuds qui survivent encore dans une zone ressemblant au wasteland. Casey y est un stalker acharné, seul et agrippé à l'horizon, visant nerfs et cerveaux des ennemis, torse contre boue, à ramper pour sa survie. Répulsive, impulsive et à sa manière, sublime. J'embrasse pas, hein, j'tiens à rester accroché à mes valseuses ; mais le cœur y est.

note       Publiée le mardi 25 mars 2014

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    commentaires

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    Thomas Envoyez un message privé àThomas

    Elle vient de sortir un nouveau truc sous le nom d'Ausgang, très axé rock (forcément avec Marc Sens, Sonny Troupé etc.), très très bon.

    https://www.youtube.com/watch?v=2VRjOQQUg6g

    Note donnée au disque :       
    M-Atom Envoyez un message privé àM-Atom

    au final anfalsh aura quand même bien du mal a résister a l'épreuve du temps...les solo de prodige et b-james très moyen faute a de nombreuses fautes de goûts. casey qui tenait le pavé par ses rimes et son flow mais qui n'a jamais réussi a mettre des prods de qualité en face...et puis ce virage bien dégueux entamé avec asocial club !!! les solo de al ont également du mal a convaincre complètement et son flow peu vite rendre allergique...bref j'y vois vraiment plus du tout l'avenir d'un rap conscient de qualité et je suis presque déçu de voir vïrus se joindre a eux ces dernier temps. depuis ces deux derniers EPs et les soliloques du pauvres il fait forte impression et donne envie de le suivre de près. en attendant j'aurais plutôt tendance a me tourner vers des artistes comme hugo tsr, la canaille, faycal, la gale...etc. l'équipe de bboykonsian propose quelques trucs sympas également.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    C'est vrai qu'il y en a une en particulier qui fait mal aux tympans sur leur double album mythique, aux Marsiens. Mais bon, autant le dire, j'ai jamais été trop impressionné par la bête à vrai dire.

    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Ce morceau est assez médiocre, oui, et elle aurait pu l'enlever. C'est pas plus gênant que ça. Les rappeurs étiquettés "conscient" ont souvent tendance à viser la paille dans l'oeil du voisin sans voir la poutre dans le leur. Mais là c'est plutôt une petite poutre ; voire une allumette. Casey c'est avant tout un flow qui tabasse avec une constance rare, et ce flow de boxeuse pardonnerait des fautes de goût plus grosses que ça (comme, au hasard, une chanson coca cola - d'un autre MC brillant, qui faisait du reste aussi la leçon ; et des erreurs, parfois même dans des morceaux mettant aussi en avant le dico, et la capacité de maniement des mots).

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Dans un morceau qui consiste justement à se foutre de la gueule de zozos qui ne savent sois-disant pas écrire, à coup de "Chez toi y a pas l'dictionnaire ?", suis désolé, mais ça fait un peu tâche. Quand on fait la leçon, vaut mieux bétonner le truc quoi.