Tel le caméléon lissant ses plumes au soleil de la banquise, Theodor Bastard joue les insaisissables. Entité mouvante ayant glissé du domaine de l'indus au trip hop en passant par des flirts neofolk, le groupe russe opte pour des influences nettement plus orientales sur son ultime opus en date, 'Oikoumene' et nous sort tout un arsenal d'instruments ramenés de divers voyages en différentes parties du monde. Inutile en effet de chercher des traces de folklore de leur propre pays, les musiciens ont ouvert leur regard vers des horizons lointains du bout de la terre, à la recherche des racines de l'humanité même au travers de rythmiques tribales, sans considération des nationalités, des frontières. Les percussions occupent une place importante dans ces orchestrations, histoire de mener la transe. Suivent ensuite les voix et les multitudes d'instruments, tant à cordes qu'à vent. De l'aveu même du groupe, ils ont rompu avec leur mélancolie propre, la proximité de la nature étant propice au bonheur et il est vrai que le sentiment général est apaisé, mystique. Le travail des voix est lui-aussi remarquable et contribue à la crédibilité des compositions. Autre élément de ce projet, les multiples collaborations entamées par les Russes qui ont engagé un chanteur afro-français, un musicien indien, le combo britannique Fun-da-mental et bien d'autres tout en enregistrant dans des villes différentes: Paris, Londres, St-Petersbourg...Le résultat aurait pu figurer sur le label Prikosnovénie dans cette quête visant à tisser des ponts entre les cultures pour y puiser la source de la connaissance primale. Inutile de se rendre dans son agence de voyage, il suffit de monter le volume et de se laisser partir. Séduisante expérience.