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Disposable Heroes Of Hiphoprisy › Hypocrisy Is The Greatest Luxury

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taliesin      jeudi 13 mars 2014 - 12:07
zenithzahir      mardi 3 novembre 2015 - 15:29
Seijitsu      mercredi 25 février 2015 - 22:13

cd • 13 titres • 62:31 min

  • 1Satanic Reverses
  • 2Famous And Dandy (Like Amos 'N' Andy)
  • 3Television, The Drug Of The Nation
  • 4Language Of Violence
  • 5The Winter Of The Long Hot Summer
  • 6Hypocrisy Is The Greatest Luxury
  • 7Everyday Life Has Become A Health Risk
  • 8INS Greencard A-19 191 500
  • 9Socio-Genetic Experiment
  • 10Music And Politics
  • 11Financial Leprosy
  • 12California Über Alles
  • 13Water Pistol Man

informations

line up

Michael Franti (MC), Rono Tse (production, percussions, batterie)

Musiciens additionnels : Charlie Hunter (basse, guitare, voix), Simone White (batterie sur "Water Pistol Man")

chronique

  • politique et pontifiant

Dans un monde parfait et si possible après avoir commis un fratricide, Rockin'Squat se serait tiré une balle dans la tête en 1990 en réalisant la futilité totale de son existence artistique, ayant avoir pigé que faire croire à nos têtes blondes qu'Assassin fait du rap intelligent était criminel, son oeuvre n'ayant en définitive servi qu'à engendrer une chienlit encore plus pathétique que son attitude et son flow : les puceaux complotistes de Anonymous (avec leurs masques moches et leur soupe cryptomongoloïde sur les Illuminati). Mais les plus mauvais sont souvent les plus bornés... Du coup, peu savent encore qu'au début des 90's, quand un groupe qui dès l'accroche sans équivoque de son blase n'a en réalité rien à voir avec les codes verrouillés du hip-hop (Franti vient directement de la scène punk, d'où les liens avec Jello Biafra et les Dead Ken' repris ici / Rono Tse bossera avec William Burroughs) débarque pour sortir son album de peura politique, tout le monde regarde toujours du côté de Public Enemy. Hors si Disposable Of Hiphoprisy question puissance sonique ne peuvent aucunement rivaliser avec le Bomb Squad à la même époque malgré tout ce que vous pourriez lire à ce sujet, en revanche question politique puisque c'est souvent l'argument qui revient avec P.E. : ils les font juste passer pour des gangsta rappeurs légers. DOH malgré le groove injecté par le sampling : c'est rectiligne, calculé et sociologue... Les mots transcendent la musique, qui tente au mieux d'aider à les imprimer, moins farouchement industrielle que celle des Beatnigs pouvait l'être. Aucune adhésion physique galvanisante immédiate : tout est programmé comme une conférence qui devra nous éduquer. Et c'est là le double-tranchant de cet album culte mais un peu chiant : ceux qui n'en n'ont rien à foutre que le rap "pense" et préfèrent que le rap déborde de pulsions négatives se feront rudement les ongles... car DOH ne sont que pulsions positives. Un minimum d'anglophonie est nécessaire pour apprécier, l'intellect est appelé à se calquer sur ces beats très organiques voire quasiment rock-indus (on peut penser sur les quelques passages plus chargés à des Revolting Cocks lavés de toute déconne) et protéiformes, qui ont pour la plupart moins vieilli que les lyrics, malgré la richesse de samples et cette omniprésence de basses que je qualifierais de sublimes. Perte d'une dimension essentielle cependant pour celui qui ignorera les textes : car Franti développe ses verses avec un flow articulé et professoral tendance amidonné (gros point faible mais aussi caractère singulier et rigidissime de ce rap ultrapolitique : ce MC rappe comme un putain de conseiller en orientation - jusqu'à à en devenir sédatif sur le kilométrique "The Winter of the Long Hot Summer" - en quelque sorte l'ancêtre de emcees comme Slug ou Sage Francis pour le mental... et de Grand Corps Malade pour le vocal). Il déblatère des diatribes anti-médiatiques et anti-capitalistes d'un niveau qui donne envie d'aller prêter l'album à Jaz Coleman... ou pourquoi pas à Henry Rollins, vu qu'au moment ou résonne "Music And Politics" c'est toujours à lui que je pense. Niveau esprit cette pochette résume donc assez bien qu'on a affaire à l'exact opposé des gangstas insouçiants maniant l'uzi (*bzzzz kzzzzk* je passe furtivement en mode 'zoom intrachroniqual sur pochette' : un tank dont le canon est attaqué à la tronçonneuse... assez éloquent pour se passer de commentaire). Et là on touche au coeur de l'esprit Disposable Heroes Of Hiphoprisy, groupe de rap taillé pour ceux qui privilégient le fond au flow : sans aucun cynisme, moral mais finalement loin de ce moralisme faux-cul (= hypocrite !) de 99% des rappeurs dits "conscients" (ceux qui fument la weed armés en disant aux gamins que c'est pas bien), Disposables Of Hiphorisy incarne le rap socialiste par excellence, jusqu'à l'humanisme anti-homophobe le plus choupinet et impactueux (superbe "Language Of Violence" où ils atteignent leur climax en étant plus mélancoliques - titre suivi de près par le final "Water Pistol Man" avec ses bouts de Badarou qui colorent un peu cette créature terne et cérébrale). Niveau son, pour y revenir parce que c'est la trame : malgré l'aspect désuet de quelques passages, les prods de Rono Tse, DJ multi-bras voire multi-torses vu leur éclectisme, restent assez inclassables, axées sur du sampling divers et des beats rock, voire dub hypnotique ("Socio-Genetic Experiment") puisque j'en suis pas à un oxymore près. Mais le message de DOH prime définitivement sur le reste, à l'image de leur clip de percée médiatico-antimédiatique (!) "Television the Drug Of The Nation", qui en a marqué plus d'un à sa sortie. Le plus regrettable est que la mécanique n'est pas toujours au niveau des mots... Malgré ça, je reste convaincu d'une chose quand j'écoute Disposable Heroes of Hiphoprisy : avant d'être une musique de la bouche, le hip-hop est bien une musique du cerveau.

note       Publiée le mercredi 12 mars 2014

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

ah tiens ça les beatnigs c'est un des premiers trucs que j'aie chopé en angleterre, en sachant juste que c'était du Alt tentacles des 80s, j'ai été un peu surpris à la première écoute.

taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

Tiens, et là-dessus ça me rappelle les 'Beatnigs', l'ancien groupe de Franti, qui jouait déjà le titre "Television", mais dans une version un peu différente, un peu plus "indus-punk"...

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taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

Aaah Consolidated c'était du tout bon aussi ! J'ai même eu la chance de les voir en concert...

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Le même était aussi dans Consolidated ; les instrus ressemblaient pas mal à certains d'ici - bon, avec une approche plus gay-vegan-united-front etc., pour le coup (avec discussion groupe/public sur les "sujets importants" et blablabla).

Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Il n'y a pas besoin de s'intéresser aux paroles pour se prendre une baffe avec cet album. Les instrus étant sophistiqués et atypiques, ce qui peut plaire à des gens qui ne raffolent pas du hip hop d'ailleurs. On sent que le gars de Meat Beat Manifesto a participé à la production avec toutes ces basses lourdes et cette atmosphère cyberpunk.

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