Madstyle › Bloodrush

Je m'en mâche la langue... Essaie donc, crate-digger, de me dire qu'un album de rap avec un son peel-poo-all entre Onyx, Predator de Cube, Enta da Stage et Flatlinerz, c'est pas alléchant... un des guests-emcees de ce skeud s'appelle Doom Of Darkness, rien que pour ça je devais en parler. Certes, c'est de la grosse série B de racaille nocturne amatrice de beats contondants et de samples à la machète, ce qui est déjà opportuniste en 1993 - mais ça fesse les baffles avec un gant épais et c'est tout ce qui concerne ma tranche horaire d'écoute de ce genre de merdes (entre 2 et 5 a.m, tocard). Ce Bloodrush est un one-shot presque totalement oublié de vieil horrorcore. Rip-off total d'escrocs mais(donc!) charismatiques. Et comme Flatlinerz, on les a plus jamais revus, ré-aspirés dans les limbes de l'underground. Le nom ne circule plus que dans les milieux autorisés, et c'est en général pour être taxé de sous-produit sans intérêt d'Onyx, à tel point qu'aucune chronique digne de ce nom, même anglophone, n'est foutue d'exister sur le net à leur sujet. Y a-t-il seulement encore des corbaks qui pigent l'horrorcore à l'ancienne (ils disaient juste "hardcore", en ces temps moins troublés) ? On s'en fout que ce soit de la contrefaçon, si elle claque, pis on cause de Onyx pas d'une submariner... surtout que ce Madstyle est plus glauque qu'un Bacdafucup et le surpasse sans hésitation niveau ambiance et "grain" : ça encrasse, comme Candyman ou Bad Lieutnant, de la réalisation à la finesse douteuse mais une puanteur urbaine prégnante ! Tu peux toujours pointer les flows des emcees qui sont des wannabees KRS-1 / Sticky Fingaz / Fredro Starr, ou le laid back de troisième zone sur "Next Man Swings" (qui n'est pas plus merdique que ce que Bone Thugs feront sur les parties molles de E. 1999 Eternal) : tu assumes juste que ça rackette méchamment ta hi-fi ou ton keusca, et tu adhères au vinyle rouge sang rencontrable que dans les bacs les plus crades circa '93. Sur "Feeling The High" y a même le barillet crotale de Ace Of Spades : preuve de bon goût masculin indénable ! Ils font du rip-off en crevard du "Wicked" de Ice Cube sur "Lost Boyz"... ah, les petits salauds sans imagination... pas besoin d'imagination quand tu as validé l'option "meurtre" - un titre comme "Redrum" s'impose de lui-même, "Halls Of Horror" n'est pas loin derrière, du doom-rap bien cheesy et collant. Il rappent carnassier en citant du A tribe called Quest sur un beat sur-pété à base de "Five to One" et "We will rock you" (Predator, encore !), balancent du 'booyaka' sur crépitement de foule façon Just-Ice... Les beats ont beau être de qualité inégale, et le style du pur rip-off sans rien qui dépasse, d'où mon 4/6 tempéré, y a de la funky shit boisée et rugueuse là-dedans, des fragments de bonne vieille soul souillée comme une milf en threesome avec des dobermanns, et des filets de cuivres à l'arraché. Même le titre avec un ragga de Shaggy est crade (oui, ce shaggy-là !). Et puis surtout, parce qu'il le faut dans tout bon album du genre : y a des basses d'anaconda. Alors arrête de me parler de manque d'originalité ou jsais pas quoi : si tu es sensible aux références glorieuses de Madstyle, tu vas pisser du sang à température de béton, comme cet hydrant.