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Aesop Rock › Labor Days

cd • 14 titres • 61:03 min

  • 1Labor
  • 2Daylight
  • 3Save Yourself
  • 4Flashflood
  • 5No Regrets
  • 6One Brick
  • 7The Tugboat Complex Pt. 3
  • 8Coma
  • 9Battery
  • 10Boombox
  • 11Bent Life
  • 12The Yes And The Y'All
  • 139-5ers Anthem
  • 14Shovel

informations

line up

Aesop Rock (MC, production), Blockhead (production)

Musiciens additionnels : Omega One (production)

chronique

  • alternatif

C'est un nouveau jour férié, un jour où traînent tes pieds. La télévision est restée allumée, et l'unique assiette surnage crânement dans l'évier comme un ovni abattu par les services secrets au large du triangle des Bermudes. Personne n'en saura jamais rien. Car ce soir, tu es tout seul. Seul dans ton canapé, seul dans ton sweat à capuche, seul au milieu de tes colonnes de comics et de 33 tours poussiéreux plus denses et débordantes de vie que les archives d'un peuple disparu. Tu es seul comme un pauvre petit ouvrier en congé, dans son petit appartement prisonnier au milieu des buildings new-yorkais... et surtout : tu es seul comme le petit geek émotif que tu es, lui-même prisonnier entre ses buildings de reliques audio étiquettées et disposées avec soin... autant de tranches comme autant de barreaux. Ta nana est retournée chez sa meilleure amie. Elles iront peut-être en soirée, se faire alpaguer par quelques mecs en chien...sa copine étant objectivement la seule moche des deux, tu connais déjà l'unique fin du délit. Mais tu t'en fiches pas vrai ? Je suis là, ô mon doux prince chéri, tout près de toi, dedans toi, autour de toi. Moi, ta geekness, moi qui sait trop bien ce qui te tracasse... je connais le remède, mon beau, mon délicat, et je vais te le souffler : sors-donc cette belle crêpe de son écrin. Alleeez ! Tu en meurs d'envie...pose-donc cette aiguille, mon doux junkie, sur cette tranchée si fine creusée, là, tout près du bord du précipice, dans la chair de cet éthényle plus noir que la plus solitaire des nuits. Là, voilà qui est mieux... Ce crépitement, mh oui, jamais vraiment le même, comme celui qui annonce un incendie de visions à chaque fois différent. Ces basses bienveillantes, ces bois fins et ses cliquetis de différents outils qui t'inspirent les plus crémeux collages, comme c'est étrange, étrange et beau ! Pourquoi es-tu donc si mélancolique, pourquoi cette pointe d'amertume, ô mon doux mon captif ? As-tu oublié que c'est cette démente qui menaçait de passer tous tes Boogie Down par la fenêtre il y a encore trois jours par pur accès de fureur ? Moi ta geekness, ta déesse, je sais mieux que cette coquette tes tourments - et les seuls pansements qui les soignent, et tes désirs refoulés de, comment dit-on déjà, de "songwriter" ? Ces mikados, nous allons les retirer un à un de ta pelote, oh mon doux, mon complexe, mon anonyme prince ! Tu as toujours rêvé d'être un de ces méchants musclés qui se livrent tout entiers dans un micro, juste avec ce qui sort de leur bouche - et tu t'es souvenu des exceptions, 900 Ft. Jesus, ou Slim Shady... mais toi ? Ta voix, ton charisme... Tu n'as pas un flow mais un babil malhabile, désolé mon chou de toujours, mon naïf... tu n'as vraiment rien pour envahir les bacs, ô mon tendre mon captif, tu n'es qu'un fichu geek, je te l'ai toujours dit, même si le monde de tes fantasmes contient des récits plus denses que toutes les carrières de hip-hop réunies, tout le monde s'en fiche. Alors ce délire fais-le toi tout seul pour nous deux, entre tes quatre pans de mur. Je suis avec toi, je te souffle les noms, les loops, les couleurs qui souderont le décor de tes personnages... nous le ferons pour nous, ce métrage... la télé peut vomir MTV, l'assiette couler dans l'évier, les SMS de remord hypothétiques de mademoiselle prendre racine... Quel univers en clair obscur si fascinant, si poétique, sais-tu tisser, ô mon prince, mon prisonnier ! Tu n'es pas comme les autres garçons de ton âge, je te l'ai toujours dit... Comment ? Oh non, tu recommences avec ça voyons, ts!ts!ts! tout ça doit rester entre nous, te dis-je ! Ta chronique des jours gris du citoyen, tes vendettas cotonneuses, tes gros mots maladroits, les phrases que tu épelles comme des programmes ou des formules sorcières, les patchworks de ta sous-culture comme un rêve constitué de bouts de souvenirs anecdotiques greffés entre eux, qui n'auraient jamais dû imprimer dans les limbes de ton cerveau...tu ne voudrais pas sérieusement faire un VRAI album de rap toi aussi ? Tu serais bien malavisé et pathétique, mon doux, comme ces Atmosphere, ces Sole, ces petits tous fébriles !... même si tes trames sonores à toi sont faites de matériaux précieux, creusées de moulures nobles j'en conviens... non, ne fais pas ça mon prince, je t'en implore, écoute donc ta geekness qui te connais si bien et tiens tant à toi. Qui sait combien cela te chagrine. Plus tu tisses et peaufines tes sons la tête bloquée, plus tes graffittis se complexifient, et plus cette question te hante... plus tes basses battent comme le petit coeur d'artichaut du chevreuil perdu dans Manhattan, plus elle s'incruste dans la pulpe de tes synapses... plus ta voix débitant ses millefeuilles scénaristiques arpente ces rues et ses pauvres gens échoués au milieu comme des jouets mal rangés, et plus elle te colle encore et encore, cette même question...car cette question est plus douce que moi, elle est ce mochi au thé vert dans la boîte posée sur le frigo, elle est cet oeil du mogwai qui t'observe si coquin de potentiel destructeur au coin de ton édredon, cette question c'est ce petit fantôme découpé dans du mouchoir, c'est l'odeur inoubliable de l'adoucissant lessive que ta maman utilisait quand tu étais bambin et qui imprégnait jusqu'à ta peau.... : "et si c'était possible ?"

note       Publiée le mardi 25 février 2014

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    Reflection Envoyez un message privé àReflection

    Disque excellentissime. J'aime quand j'ai l’impression de voyager dans les méandres du cerveau du MC. Les instru' sont de grands classes, nets, fouillées et sans bavures. j'aime aussi quand il n'y aucune ruptures ou baisses de régime, que la locomotive fend la nuit sans obstacle ! Ça fait partie de ce que je recherche dans le rap (sens large). A noter que son dernier disque "skelethon" est très bien.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
    avatar

    A, B, C, that's the speed of the need...

    (Chouette chro, crow-lègue. Et putain de disque, ouais, salopement touchant dans ses rêves de roi du monde reclus au fond de sa piaule, comme tu le racontes bien... No Regrets, parfaitement, et c'est bien ainsi - mais on n'a jamais dit qu'à la place c'était de la Gloire).

    Note donnée au disque :