Pyrrhon › An Excellent Servant But A Terrible Master

Les metalleux sont des gens sympas. Quand ils y mettent de la bonne volonté, ils savent quand même faire des choses extra-ordinaires. Pyrrhon, rien que le nom, déjà. Et pour du death – en est-ce vraiment ? - c'est pas vraiment du banal. Technique à outrance, mais sans démonstration. Plutôt le dépassement d'un idéal de la construction mental et de la représentation, l'incompréhensible ramené à son état le plus pur, par un bombardement intensif de blasts abscons, de tonalités inconcevables tout dans les aigus, d'étranges syncopes et cette voix imprévisible qui semble se placer sur les moments les moins cohérents. Pyrrhon n'a pas peur de traverser le fleuve des choses experimentales, comme cette guitare, qui m'a bizarrement rappelé le jeu d'un Sonny Sharrock en vestaptach', avec ses slides hystériques et ses arpèges aussi dissonants que stupide. J'ai pas lu les paroles, mais j'ai comme un doute. En fait Pyrrhon pourrait être votre pire cauchemar intellectuel. Et il l'est, en quelque sorte. Fatigant, agitant les bras comme un enfant. Colérique, borné, intenable, immature. Mais inventif comme personne. Il y a des plans là dedans, véritablement anthologique. J'ai souvent pensé à Gorguts (référence la plus évidente) ou à Cynic. L'amour de Pyrrhon pour les labyrinthes et les trompe l'oeil verse quand même souvent dans la caricature, mais toute cette bonne volonté, cette folie latente qui souhaite s'exprimer à plein poumon (un nouvel album à sortir bientôt), je sais pas, moi ça me donne envie d'y croire.