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4th Street Orchestra › Leggo! Ah-Fi-We-Dis

  • 1976 • Rama RM 002 • 1 LP 33 tours
  • 2006 • EMI records 0946 3 59624 2 0/CDFL 2050 • 1 CD

lp • 10 titres • 29:03 min

  • 1Back-Weh-Babylon2:38
  • 2Wall Street Skank2:50
  • 3None-Ah-Jah-Children3:06
  • 4Skatter Skatter2:43
  • 5Uganda Crisis2:17
  • 6Ah-Fe-We-Dis2:48
  • 7Sure Shot3:29
  • 8Younger Generation2:58
  • 9Bounty Hunter (Sign Off)2:38
  • 10North Parade(A Summer Place)3:28

informations

Non crédité. Produit par Dennis Bovell.

L’édition EMI de 2006 regroupe les albums Ah Who Seh? Go Deh! Et Leggo! Ah-Fi-We-Dis – tous deux sortis en vinyle sur le label Rama en 1976 – sur un seul CD.

line up

Dennis Bovell, les autres musiciens ne sont pas crédités.

chronique

Deuxième album sorti par Dennis Bovell et son 4th Street Orchestra en cette année 1976 – l’histoire du type et de l’élaboration de ce doublé vous est brièvement contée dans la chronique du précédent, Ah Who Seh? Go Deh! – Leggo! Ah-Fi-We-Dis semble déjà l’ébauche d’une autre histoire. Plus précisément : un point touché plus loin – bien que d’un disque à l’autre ce n’ait été, au plus, qu’une affaire de mois – dans la même marche, affranchie, affirmée. Le son plus profond, en espace, en perspective – ça s’appelle le dub, et celui-là atteint des strates non loin de certains Augustus Pablo, en immersion de basse et timbres répercutés ; en même temps, les voix plus sèches, plus serrées par la colère… Quelque chose de presque sinistre, par moments, quand les éclats et les reflets – réverbérations, échos etc. – au lieu d’inonder leurs vapeurs illuminées, semblent s’abîmer tout de suite, pour la nourrir, dans l’épaisse obscurité. Ces fumées là, parfois, étouffent et corrodent, chargées d’autres poussières. Le pouls de la chose, aussi, s’affole encore d'un cran – comme dans "ils sont à cran" – accélère, tout simplement, plus volontiers, plus souvent. Le mixage dénude un peu plus les morceaux. Trace plus nettes, plus affilées les arêtes de l’armature. Plus coupants les bords. D’autres thèmes, aussi – serait-ce dans les titres seuls, la plupart de ces plages étant en fait seulement instrumentales – sont saisis, moins portés à la fête, plus durs, politiques, protestés ; les tueries en Ouganda, les chasseurs de Marrons ("Bounty Hunters", en vernaculaire jamaïcain, c’est à dire : ceux qui contre payement traquaient et ramenaient les esclaves enfuis) ; ou l'amertume ordinaire d'une la jeune génération pour qui les rues attenantes sont les seuls lieux connus. Curieux mouvement, à vrai dire, double, tiraillé : qui parfois semble puiser à des racines mêmes que dans le même temps, sur l’ile caraïbe, on délaissait en général – le chant sur Younger Generation, sa mélodie, son chœur, rappelle franchement une manière assez commune, dix ans plu tôt, en plein âge d’or du rocksteady ; et simultanément, qui tire sa ligne tendue à même ce jour plus froid, en exige la pleine possession, se façonne son propre espace de résonance. C’est sans doute là l’une des prémisses – mieux : l’une de ses voies, en train de se percer – du reggae anglais : conscient de ce qu’il doit aux anciens, au berceau jamaïcain ; mais tout autant : de ce qui dans le succès grandissant du genre, hors de ses frontières premières, menace de se perdre, de se fondre dans la masse des marchés – indifférents, indifférenciés. C’est une voix prise, reprise, revendiquée. Ce sont des musiciens qui étendent leurs techniques, les varient comme les sources auxquelles ils s’informent et nourrissent leur art, afin de déjouer toutes routines en train de figer. C’est un son qui se dresse – brut de matière et travaillé des gestes adéquats, idoines sous ces nouveaux climats. Car Bovell buche, alors, inlassablement. Lui et les autres cherchent et trouvent, impriment leur vision. Celui-là – ceux-là peut-être (encore une fois : Bovell seul est crédité, mais il est très probable qu’une partie au moins de ceux qui jouent ici aient été de ceux qui les années suivantes continueront de l’accompagner, de donner corps à ses idées, à leur idée commune) – rencontreraient bientôt – deux ans à peine plus tard – un autre activiste, lui tout de verbe, de convictions formulées, plantées à vif dans le réel de cette dure Angleterre. Un collectif naîtrait, qu’ils appelleraient Poet And The Roots. Nom, à vrai dire, qui ne durerait que le temps d’un disque. L’autre type, lui, ne cesserait pas de sitôt de poser le sien comme un défi. Un gars de Chapelton – en Jamaïque, alors que Bovell était né à la Barbade ; mais comme l’autre compère, jeté dans Londres à dix ans. Desdits Poet And The Roots – comme d’ailleurs du 4th Street Orchestra – la mémoire publique (j’entends par là celle du Grand Nombre) n’allait pas conserver le plus vif souvenir. À écouter l’une et l’autre entité – explicable ou pas, raisons données, repérables – on constatera que c’est fort dommage. On comprendra aussi quelle autre histoire s’amorce. Le nom dudit autre, au fait – encore absent ici – s’épelle en toutes lettre : Linton Kwesi Johnson (et L.K.J. en raccourci ; dont d’autres, cette fois bien plus nombreux, feront leur mot de passe).

note       Publiée le dimanche 9 février 2014

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