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Burning Spear › Man In The Hills

cd • 10 titres • 34:38 min

  • 1Man In The Hills4:00
  • 2It’s Good2:44
  • 3No More War3:20
  • 4Black Soul3:24
  • 5Lion3:12
  • 6People Get Ready3:23
  • 7Children3:44
  • 8Mother3:27
  • 9Door Peep2:38
  • 10Groovy3:57

extraits audio

informations

Enregistré au studio Randy’s et Harry J’s. Produit par L. Lindo (Jack Ruby).

line up

Burning Spear (Winston Rodney) (voix), les autres musiciens ne sont pas crédités.

chronique

L’Homme dans les Collines, c’est le Rasta, clairement. Ce fut le Marron, jadis – comme on appelait les esclaves en fuite, cachés plus loin que les frondaisons où n’osaient pas pousser les chiens, entre les marais où s’embourbaient les chevaux des chercheurs de primes. C’est Winston Rodney – Burning Spear lui-même – tel qu’il se veut. Le Rebel de la Création (Creation Rebel), comme il s’était nommé lui-même au pays, au temps du Studio One… Revoici Burning Spear sur Island, l’année d’après son premier en ce lieu, ce premier jalon hors de sa Baie de Sainte Anne native. Sa colère calmée sur les choix de production faits en dépit de lui pour ledit album (Marcus Garvey, nommément). Plus frontal que jamais, ce différend réglé. Mais homme intelligent, musicien avisé. Winston Rodney se voit toujours investi d’une mission, porteur de Vérité. Pas apaisé du tout, au fond, ses buts tenus plus fermes que jamais. Il apprend, pourtant, saisira tous les moyens. Et de fait, Man In The Hill pousse tout d’un cran. La rudesse de sa substance, la sophistication de l’architecture, des arrangements. De ce son net, ramassé, qui lui avait tant déplu sur le disque précédent – à l’écoute peut-être de la curieuse version dub de l’album, où toutes les lignes et masses de sa musique apparaissaient limpides – le rasta trouve l’usage propre, approprié à ses visées. Une question de tranchant, à vrai dire : là où le mix, sur Marcus Garvey, détourait proprement les contours des instruments, il les découpe, ici ; pratiquement, les trace à la pointe, sillons où courent cette flûte qui vibrionne, ces guitares – au fond ou tout devant – qui strient en chorus continus ou laminent les syncopes. Tout est en place, exactement. Cette fois, Rodney obtient qu’on enveloppe l’ensemble – ou telle ou telle partie, toujours adéquatement pointée – de réverb, d’écho. Mais sans rien noyer, juste assez pour en illuminer le timbre, en tailler en flèche l’éclat. Dans le même temps, l’homme dénude sa voix, ses traits particuliers, sa morphologie assez unique. L'homme chante plus que jamais à la lisière du faux – quand il ne donne pas carrément dans l’atonal. Accentue d'autant ce timbre nasal et cette diction rêche. Exige qu’ils se haussent au dessus de tout le reste s’il croit que son verbe doit surplomber, que le message doit percuter, investir en force l’entendement. Le jeu des musiciens, aussi – non crédités sur le disque, mais l’équipe est probablement la même, peu ou prou, que sur Marcus Garvey – s’affine encore ; les sons, les effets dont usent claviers, guitares – bel usage de la wah sur les cocottes rythmiques, entre autres : direct, coupant. Le tempo varie d’avantage. Avec lui, les mouvements de ce cœur infatigable ; qui, s’emballant, fait jaillir en saillies aigres courroux, imprécations, anathèmes, appels à l’éveil avant que tout ne sombre ; qui, s’alanguissant, veut fondre son élan à cette paix, cet amour universel qui est pour lui (en discours, au moins) l’état de nature – anonyme sérénité, plus grande que les individus, avanies et périples ; qui ne cherche pas à cacher mortalité, dangers, misères ; qui veut, les côtoyant, les exhiber plus crues, cruels ; insupportables traits qu’il faut dès lors subir ou extirper. C’est là, possiblement, l’un des points le plus haut de l’art de Burning Spear. Sa liberté de mouvement gagnée, aucune routine pour l’instant instaurée. Puissance et souplesse filant sur la ligne d’équilibre, basculant leurs lancées. Teintes vives, textures tissées, cri d’alarme et feu de veillée. Musique d’ermite revenu dans la ville – et qui veut y faire une Commune.

note       Publiée le mercredi 29 janvier 2014

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

Il n'est pas à écouter en fond, celui-ci. C'est effectivement plein de petits détails, dans l'accompagnement. Sinon il est carrément plus austère, moins tubesque que son successeur par exemple (The Sun, Black Disciples,...)

Note donnée au disque :