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Junior Wells › Hoodoo Man Blues

  • 1965 • Delmark DS-9612 • 1 LP 33 tours
  • 1965 • Delmark DS-612 • 1 LP 33 tours
  • 1965 • Delmark DL-612 (album mono) • 1 LP 33 tours
  • 1973 • Trio PA3014 • 1 LP 33 tours
  • 1974 • Delmark DL-612 (album mono) • 1 LP 33 tours
  • 1983 • Delmark DS-612 • 1 LP 33 tours
  • 1992 • Delmark DS-612 • 1 LP 33 tours
  • 1993 • Delmark DD-612 • 1 CD
  • 2008 • Delmark DS-612 • 1 LP 33 tours
  • 2009 • Analogue Productions APB 034-45 • 2 LP 33 tours
  • 2011 • Delmark DE-612 • 1 CD

détail des votes

Membre Note Date
Dioneo      mardi 22 mai 2018 - 14:09
The Gloth      mercredi 22 janvier 2014 - 23:08

cd • 14 titres • 45:42 min

  • 1Snatch It Back And Hold It2:53
  • 2Ships On The Ocean4:07
  • 3Good Morning Little School Girl3:50
  • 4Hound Dog2:12
  • 5In The Wee Hours3:42
  • 6Hey Lawdy Mama3:10
  • 7Hoodoo Man Blues2:49
  • 8Early In The Morning4:44
  • 9We’re Ready3:33
  • 10You Don’t Love Me Baby2:58
  • 11Chitlin Con Carne2:12
  • 12Yonder Wall4:10
  • 13Hoodoo Man Blues (alternate)*2:50
  • 14Chitlin Con Carne (alternate)*3:20

informations

Enregistré par Stu Black, Sound Studios, Chicago, les 22 et 23 septembre 1965. Produit par Robert G. Koester.

Les titres 13 et 14, prises alternatives de Hoodoo Man Blues et Chitlin Con Carne, respectivement, sont des bonus aux éditions CD.

line up

Junior Wells (harmonica, voix), Buddy Guy (guitare), Jack Myers (basse), Billy Warren (batterie

chronique

Chicago. C’est là, toujours, que le blues s’est… non pas déniaisé – car celui-là n’avait jamais demandé ni attendu, pour balancer la chair crue, toutes ses torsions et infinies surprises et l’éternel retour de toutes ses lassitudes. Mais c’est là qu’il se sophistique, chaque fois, montant souvent d’un sud ou de l’autre. C’est là qu’il devient frénétique – l’affolement de libido gagnant la musique même, son rythme. Là qu’il saisit des charmes plus apprêtés mais juste assez, juste assez criards – fards à vifs, étoffes raccourcies et collant aux corps – pour que l’entêtant relent, dessous, remonte avec une violence accrue, perce le bruit et les fumets des rues, tape fort et exact aux points où ça s’enflamme. C’est dans ce blues-ci, aussi – sa syncope appuyée, ses alanguissements électrifiés – qu’iront bientôt puiser les Anglais avec leur Boom. Et ce qui s’ensuivra de Stones etc. C’est depuis là, toujours, en grande partie, qu’ils modèleront leur style amplifié, décocheront les traits qui deviendront leurs marques. Tout doute là-dessus vacille et s’évapore, d’ailleurs, à l'écoute d'un disque comme ce Hoodoo Man Blues. Passez donc coup sur coup In The Wee Hour et, au hasard tiens, le Since I’ve Been Loving You de Led Zeppelin, leur ballade consumée du bleu le plus lourd… Il fait peu de mystère que Jimmy Page ait écouté ces stylistes là, dont Buddy Guy – guitariste sur se présent disque, et qui pourrait être crédité à égalité du nom qui y figure… presque – est l’un des plus pointu, des plus économes et des plus généreux, pourtant, quand il part en fulgurance. La différence, entre ce blues là et ses séquelles d’en face sur l’océan – avec une part de ce qui suivra au pays même, aussi, dans la décennie juste après – c’est également que cette musique ne se contente pas de servir la gloire isolée de son homme. Pas de démonstration technique continue de tous, certes, de rivalité des membres – comme dans les supergroupes façon Cream, qui allaient bientôt faire florès dans leur île et de là tout envahir. Mais pas non plus ce rythme expressément simplifié, variations et souplesses mises en berne pour que brille seul un soliste – Alvin Lee dans Ten Years After ; ou, de ce côté même de l'eau, le Texan Johnny Winter, tels que vus et entendus sur les scènes de l’époque à suivre (on regardera par exemple, sans bouder son plaisir, les prestations des uns et de l’autre à Woodstock, quatre ans plus tard : brillantes, explosives mais… en fond de scène il ne se passe pas grand chose d’autre qu’un martèlement du pied obstiné sur le temps). Ici, c’est différent. La section rythmique – sans chercher à rivaliser – sait comment on s’y prend pour délurer la mesure, la pousser au vice. Question de décalage imperceptible, basse en avance d’une fraction à peine sur le temps marqué. Question de cymbales qui texturent l’espace, de roulements de caisse claire qui se cassent et se taisent net en l’instant bref et précis, comme en jazz quand celui-là ne se savait pas encore prémisse. Comme en rock’n’roll, quand celui-ci a mieux à faire que le pitre pour la galerie. Comme en funk et en soul, qui seront leurs bâtards à tous. Par dessus et au travers, entre les gnons et les sinuosités, Buddy Guy, donc, lorsque qu’il ne lâche pas un ce ces soli concis qui cloue et tranche sur place, cisaille le rythme, sec et pourtant glissant, riffs et accords dérapants. Et Junior Wells – c’est lui sur la photo, c’est lui qu’on vient voir, tout de même – gronde et glapit, affirme, invoque, prie, supplie et gueule. Voix et harmonica. Timbre grave et puissant, force explosive et mâle, articulation aux confins du grotesque à force d’être expressive – et stupéfiante, à force de fuser sur ce fil sans jamais trébucher. Harmonica qui semble, presque, n’en être que l’extension, la caisse de résonance. Lui et tous les autres ont traversé cette ère où le volume montait – l’après guerre, l’arrivée des amplis comme machines familières, les salles grandes et denses où il fallait pousser pour encore se faire entendre. Et tout ça vous a une présence peu commune. C’est une musique plastique, véloce ou pesant à même les nerfs tour à tour ou ensemble. On en perçoit presque l’odeur, les fumées âcres et sale à travers quoi elle bouge ; on sentirait, on verrait presque ceux qui dansent derrière : viandes saoules et autres têtes intoxiquées, malheureux et jouisseurs, maraudeurs de coups pour rien et solitaires énamourés. Le type qui souffle et gronde, sur l’estrade, est impeccable et cool au point qu’on prendrait peur – costume coupé au millimètre et souple, chevelure gominée, traits de franc et sympathique cogneur. Les autres, derrière lui, ne lui rendent rien non-plus en élégance ni en charme relâché – ni dans la perfection sans ornement de chaque geste. Ils vous souhaitent la bienvenue dans leur ville, Chicago. Dans ce lieu où l’on veille, chaque jour, passée l’heure. Ça vous allume une nuit, en effet. Pour peu que vous y entriez, ça vous en laisse un peu perclus. (Celles-ci font toujours ça, où on ne vient pas pour se retenir).

note       Publiée le mercredi 22 janvier 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    C'te voix. C'te patate. C'te poisseux fond de nuit cramée... C'te Buddy Guy et sa gratte tenue par la couenne. (C'te pochette). C'TE DISQUE, BORDEL ! (J'en rajoute une reco, tiens, en bas du texte).

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    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    D'ailleurs je pense qu'on peut en dire autant, voire plus, sur le Albert King chroniqué juste après (la grande inspi d'un certain Jimi H., au passage...)

    The Gloth Envoyez un message privé àThe Gloth

    Un chef d'oeuvre,et un des disques les plus importants de l'histoire du blues. Enorme influence sur le boom du blues anglais, en effet. Et puis, Junior Wells et Buddy Guy, 2 musiciens extraordinaires, qui ont fait plusieurs albums ensemble, aussi en acoustique. Encore une bien belle chronique Dioneo !

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    J'sais pas comment je dois le prendre ! Encouragement à la souffrance existentielle, et tout...

    (Non mais sais : je le vis très bien, en fait. Cimer.

    Ceci dit je devrais quand-même bientôt arrêter de dire "bon, encore celui-là et je change de truc"... Vraiment, ce coup-ci. Allez, plus qu'un. Ou deux. Ou... Eh m... On verra bien. Mais quand-même, devrais pas tarder à changer de phase).

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Dioneo's got the blues, et c'est définitivement une bonne chose.