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Robert Hood › Nighttime World Volume 1

  • 1995 • Cheap CD CHEAP TWO • 1 CD
  • 1995 • Cheap 12 CHEAP 14 • 2 LP 33 tours

cd • 8 titres • 43:42 min

  • 1Behind This Door4:20
  • 2Nighttime World5:30
  • 3Episode No. 193:54
  • 4The Color Of Skin3:51
  • 5Electric Nugger Pt. 18:06
  • 6Nighttime4:36
  • 7Untitled7:30
  • 8Stark Reality5:49

informations

Enregistré aux studios M-Plant, Detroit, Michigan.

chronique

Le noir est tombé, s’est épaissi. Les humains s’intoxiquent : liqueurs, brassées, bouffées, gobées, pleines inhalées. Mâles et femelles – femmes et hommes et tous les sexes – se parent, s’apprêtent à bondir pour la millième fois au dehors. Le solitaire à sa fenêtre regarde la nuit humide, crache dans l’air frais sa dernière volute, quelques coudées au dessus de la chaussée luisante. Sur le pavé, un véhicule démarre, les corps jeunes d’où émanaient un instant plus tôt rires gras ou bien heureux à son bord. Le bruit du moteur s’éloigne et disparaît. Silence. Le solitaire, tirant vers lui la fenêtre et tournant la poignée, se dit que le véhicule finira peut-être sa course dans un arbre, un mur, plié sur une rambarde ou sur un parapet, au sortir d’un de ces lieux où tous courent aux plaisirs comme on saute sur la corde au dessus du précipice. Silence plus mat au dedans. Et au dehors, plus vaste et qui s’étend pour mieux résonner. Alors jaillit et sourd le rythme, qui de tous et tout s’empare. Robert Hood, producteur, musicien de Detroit réputé pour sa techno minimale, acide, physique, cérébrale comme une décharge d’hormone peut l’être – c’est à dire qu’elle part en fulgurance depuis le centre où aboutissent tous ces nerfs qu’on remonte – prend ici un autre large. S’autorise une virée. Huit escapades en huit lieux de nuit. Huit plages d’obscurités en teintes contrastées, nuances diffuses ou envahissement soudain de pigments primaires, en climats alternés. Proportions et poisons qui gagnent la tête, les membres, s’insèrent au plexus. Qui soudain nous allègent de toute pensée captive, nous souffle que toutes sont des ruses de l’instinct, que l’élan brut est intuition vers ce que nous sommes de plus aigu, de plus entier et vif. Certaines plages, pourtant, d’une étonnante élégance, d’un raffinement qui surprend dans sa justesse presque nue, le cheminement de ses mélodies en cycles. Plages qui nous lovent, nous enveloppent en leurs doux capitons. C’est pour qu’au cœur de l’heure la plus dense, la plus sourde, nous emporte mieux la coulée. La nuit véritable qui déferle en lenteur, son flot immense qui soulève et qui plaque. Les joies qui se libèrent. Et les mélancolies qui rôdent, prêtes à orner de leur beauté grise et lueurs passantes les débris retombés autours de ceux qui partent. La nuit qu’on veille ainsi est courte. Ce disque, tout autant. Les boucles, une dernière fois, nous rappellent qu’à l’orée, toutes les traces nous diront que rien ne fini, tout recommencera. Rien ne durera et l’excès, l’oubli, feront entendre un jour ou l’autre, pour tel et tel, ce bruit des cassures sèches qu’on nomme fatigues ou conséquences. Pour l’instant, l’heure n’est plus aux réflexions qui pèsent. L’aube est un incertain peut-être qui cherche la couche où s'éteindre. Ceux qui plissent les yeux voient s’ébrouer les autres, pour qui la vie commence, prête à lancer son train. Le matin se profile, dure réalité. Au sortir de l’ombre accueillante, ceux qui cheminent dans l’autre sens le traversent, feutrés.

note       Publiée le samedi 18 janvier 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Oui hein... Je pense que le mec a pas du tout le sens de "l'autopromo" - contrairement à Mills par exemple (mais comme pas mal de gens de la techno/house de Detroit/Chicago) - mais ouais : ça n'explique pas ce passer-inaperçue, par rapport à d'autres (Mills donc, Carl Craig, même Larry Heard, à Chicago, qui a il me semble quand-même bien débordé le "public premier" du truc, avec les années...). D'autant que sa musique est tout de suite "frappante", je trouve - perso je l'avais découvert par un set live (très, TRÈS minimal et bien speed en même temps) diffusé en direct sur Couleur 3 (une station suisse qu'on captait à Lyon et Grenoble, un moment) et j'avais direct fait "wow"... (Comme avec K-Hand, que pour le coup j'avais dû découvrir grâce à une chronique papier, dans Vibrations ou L'Affiche, je ne suis plus trop sûr, ou encore ailleurs, bref).

    CeluiDuDehors Envoyez un message privé àCeluiDuDehors

    Pas facile de se réinventer après les essentiels "Internal empire" et "Minimal nation", mais cette série incorpore avec brio ses influences soul et jazz au son typique de Détroit. Il reste tout de même 2 perles bien minimales sur cet album. Et les 2 albums suivants sont tout aussi bons. Robert Hood est incroyablement sous estimé comparé à son compère Jeff Mills, difficile de comprendre pourquoi tant sa discographie est solide.

    Note donnée au disque :