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Tim Hardin › This Is Tim Hardin

  • 1967 • Atco 33-210 • 1 LP 33 tours
  • 1967 • Atlantic 587082 • 1 LP 33 tours
  • 1998 • Atlantic 7567-80780-2 • 1 CD digipack

cd • 10 titres • 32:16 min

  • 1I Can’t Slow Down3:25
  • 2Blues On The Ceilin’3:55
  • 3Stagger Lee3:10
  • 4(I’m Your) Hoochie Coochie Man4:20
  • 5I’ve Been Working On The Railroad2:47
  • 6House Of The Rising Sun4:07
  • 7Fast Freight4:05
  • 8Cocaine Bill2:53
  • 9You Got To Have More Than A Woman2:00
  • 10Danville Dame2:05

informations

Pistes enregistrées en 1963/1964. Dates exactes et lieux d’enregistrement non précisés (probablement à Greenwich Village, New York).

line up

Tim Hardin (voix, guitare)

chronique

Ne rendez rien à la Misère. Ne lui donnez pas. Ne cédez pas. Elle prendra bien assez, vous forcera toujours ses barres gelées dans les côtes. Pas besoin d’en rajouter. Pas d’ode – chantez seulement ce qu’elle vous arrache d’humain, la brûlure animale dans les manques qu’elle vous fout. Ses nuits sont froides et humides. Ne lui reconnaissez que cette vertu : de vous mettre face aux trous. Percées dans le plafond. Vides au creux de l’estomac – ulcérations, absence, famines. Vous aurez, nous aurons peut-être, il aura, ils, elles – sera-ce un tort – l’heur de tout lui préférer ; stupéfiantes escapades, drogues en lignes dures de perspective – à l’infini… jusqu’à la cassure, c’est à dire, où l’on se cogne l’horizon ; luxure au dessus de nos conditions, par conjoncture de dates et d’étoiles revendiquée comme coup d’état aux basses naissances, coup de grâce aux trop pâles raisons ; meurtre à froid, sur un mauvais coup de dé. Et puis il y a le blues…

Plus tard, bientôt – deux, trois ans après avoir joué ces dix plages, au moment à peu près où ATCO se décidera à les sortir en disque – Tim Hardin connaîtra la gloire. Il écrira son tube, son titre à l’internationale destinée – If I Were A Carpenter, repris par tant de bouches, mis en tant de mains célèbres. Jackpot. Extraction. Accession aux voûtes, fortune, enluminures. Avant cela même il se fera chantre doux-amer, héraut au timbre ami, ciseleur, tailleur d’alcôves en apaisements incandescents. Délicat terre à terre, rêveur désabusé au regard net et aux mains chaudes. Mais ici, il est seul. Sans cordes autres que ces six là, où l’on s’écorche la pulpe en picking serré ou va et vient violent. Avec guitare, donc, et répertoire. Quelques unes sont de sa plume. Le reste vient du fond. Du fonds commun. Celui des ornières. Des peuples concassés de l’Amérique des piémonts, cités, estuaires. Du fond des bordels – vous sauriez dire avec certitude, vous, si House of the Rising Sun parle d’un claque ou bien vraiment d’une autre genre de taule ? Du fonds des wagons – où la musique mime les cahots sur les rails : trop réguliers, trop sensible à l’errant qui voudrait dormir sur le plat du fourgon. Soubresauts vers la ville d’après. Voyage illégal. Du fonds des légendes locales – Stagger Lee refroidit encore un fois Jimmy et saute dans sa caisse électrique, en route, en flèche pour l'Orléans Nouvelle ; Muddy Waters a ses fringales vaudoues ; Fred Neil a ses plaies au bide, par où s’écoulent les humeur bleues – et ô, Sales Esprits des Matins Morts, que ce deuxième titre alenti à l'extrême vous flanque sa nudité et vous la cheville au corps… En fait de blues, il faut bien dire qu’ici, il y a exception. Exceptionnelle appropriation. Rien de… "Blanchi", car pour cette fois ce n’est pas la question. Rien de piraté, de raboté, car ce type là chante comme personne. En guise de folk, on ne saurait mieux dire : c’est toujours, ça, la voix de l’esseulé qui saisit l’univers, le monde, l’immédiat par les tripes, l’empoigne par la peau et nous le jette cru. En formes sans gras. En bouts coupés tout aux bords. Tim Hardin deviendra : poète, trouvère, admirable paradoxe (sa douceur ineffable laissera souvent au passage des traces, meurtrissures…). Il n’est là que poignant, brut, rudesse fraternelle en ce qu’elle expose nos revers, nos chutes, nos faims inextinguibles.

La Misère est son chemin – non de croix mais de colère, de désir et d’appel vers l’air moins raréfié. Chaque index – cri ou murmure – se heurte à elle, la Grande Indifférente, cherchant à l'écorcher. Les étincelles, les éclats du choc se plantent, brefs, dans la cornée. Restez paupières ouvertes. Ne Lui cédez pas. Elle vous enfoncerait dans un silence glacial.

note       Publiée le samedi 4 janvier 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Réécoutant l'album éponyme de Fred Neil, je re-percute que l'ami Tim, quand il reprend Blues on the Ceiling (présent sur Bleecker and McDougal, pour la version originale) y emprunte aussi des lignes tirées du That's the Bag I'm In (tiré lui dudit épo). Confusion ? Hommage encore plus au frère trouvé ? Réappropriation délibérée ? ... En tout cas ce genre d'accidents, de "greffes" me confirme dans mon idée : ce mec continuait la lignée des musiciens ambulants, vagabonds, pas vraiment errants parce que toujours provisoirement chez eux, là où ils se posaient et brouillant les chemins et généalogie - pour le coup - trop sûrs et bien répertoriés. (Ah... Et il faudra bien un jour que je chronique ses 1 et 2 au moins, au Tim, dites).

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Content que certains aient envie d'y aller voir, vraiment... Sachant donc - je me répète - que celui-là n'est pas "typique" du gars, plutôt à part de ce qu'il fera ensuite et pour quoi il est "connu".

    (Et j'ignorais ce truc avec Can, par contre... Surprenant !)

    zen Envoyez un message privé àzen

    C'est marrant je lisais récemment une interview de Irmin Schmidt de Can concernant la sortie des "Lost Tapes" et il disait que Tim hardin avait participé à quelques uns de leurs concerts. Je n'avais jamais entendu parler du gars et du coup j'ai lu la bio. Et maintenant, j'ai encore plus envie d'écouter...

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Merci ! Je garde un goût tout particulier pour celui-là, avec ses versions brutes et ultra directes mais ses disques suivants - beaucoup plus doux dans leur manière, plus étoffés en matières - sont nettement à chopper aussi, en passant. J'en parlerai peut-être mais pas tout de suite (celle là est sortie au débotté, comme à peu près toutes les miennes du moment).

    Thomas Envoyez un message privé àThomas

    Waouh, ça fait envie, je ne connaissais pas le bonhomme mais pour 3 euros sur priceminister, ça se tente. Très chouette chronique.