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Colette Magny › Melocoton
- 1964 • CBS records CBS62416 • 1 LP 33 tours
- 1997 • Versailles VER488602-2 • 1 CD
cd • 14 titres • 31:44 min
- 1Melocoton1:40
- 2Les Tuileries2:30
- 3Monangamba2:28
- 4Rock Me More And More2:21
- 5Chanson de la Plus Haute Tour1:26
- 6La Terre Acquise2:56
- 7Saint James Infirmary2:01
- 8Any Woman’s Blues2:14
- 9Heure Grave1:42
- 10J’ai Suivi Beaucoup de Chemins2:06
- 11Didn’t My Lord Deliver Daniel2:11
- 12Chanson en Canot2:21
- 13Richard II Quarante2:55
- 14Co-Opération2:14
extraits audio
informations
Non renseigné.
chronique
Colette Magny, paraît-il, git, froide depuis longtemps. De profundis. Depuis 1997, précisément, disent les registres. D’accord. Restent les disques. Et on a du mal à y croire, à cette histoire de mort. Tant chacune de ses paroles – des ses intonations, chaque instant où elle vibre l’air – est l’accroc dans le linceul, par où passe le rayon qui chauffe. Ou plus, ou mieux… Tant tout chez elle nous dit que oui, c’est évident qu’un jour crevés nous serons. Mais qu’il ne s’agit pas, jamais, avant ça, de céder en attendant. Et ce dès ici, dès ces premiers disques – celui-ci est son second – aux chansons courtes et simples, aux formes évidentes. Car il se dit que c’est de la chanson. Et d’aucuns même vous affirmeront que plus tard elle fera plus audacieux, qu’on en est là qu’à des balbutiements. Certes. Mais foutaises, à vrai dire. Ce disque est plein, déjà. On y trouvera des creux que parce qu’il faut, pour vivre, autant alcôves qu’espaces ouverts. Rien n’est faible, ici, aucune tendresse n’est mièvre. Aucune dureté n’est autre chose que la force – de supporter, de passer plus loin, de rejeter les comédies et d’embrasser l’incident emballement. Colette a déjà trente ans et plus, bientôt quarante. Aucune raison d’être Yéyé. Aucune non-plus d’être blasée. L’Expérience, en sa bouche et son profond poitrail, en sa tête bien faite pour tout absorber et savoir qu’il y a plus que savoir, n’est pas prétexte à clore, pas non-plus à stériles bouts d'essais, postulats tracassés. Sa curiosité – ô charnelle qualité, comme on dit que nœuds, échardes, grain qui réjouit les doigts sous le toucher sont des qualités du bois – n’est pas excuse idiote à l'innocence. Le jazz, le blues, le gospel, qu'elle reprend tels quels en plein monde, d’ailleurs mais avec un accent irréprochable autant que singulier – semblent l’avoir touchée comme une brise sur une route, comme le gravier, à travers la peau, quand un genou touche à terre au trébuchement d’un jeu. Rien de compliqué. Saint James Infirmary attrape aux entrailles – c’est à travers les âges ce qu’elle fera toujours, la poignante élégie : ivre, irrésolue, à jamais transpercée et pour cela pour toujours à la distance d’un ongle au dessus de l’abattement qui fait qu’on n’y est plus. Et les poètes – arrachés enfin aux académies – sont les pairs de ceux là : les erratiques et les réprouvés, déchus, amuseurs de bordel. Hugo se rappelle que les fleuves sales, au moins, charrient des histoires qui valent mieux que toutes légendes d’or ; qui s’appréhendent au sein d’autres parfums, d’autres couleurs non parnassiennes, d’un paradis plus périssable et plus aigu. Et d’Aragon, Colette trouve l’humour déchiré. Et Machado n’est plus seulement Drame – par vertu des vapeurs de vins et de café, par décret qu’avant d’y passer, les gens simples ont dansé pour autre chose que la parade. Colette vous dit : nous sommes le peuple. Ça ne veut rien dire d’autre que : nous sommes humains et vifs, et nul prétexte ne vaut. Il y a des orgues et des guitares, et c’est après la fermeture que sonnent vraiment les cabarets, les caboulots, les réduits et les arrières cours. Colette n’a pas une gueule de jeune première ; et lorsque son verbe a des airs de discours, même, on sent bien que c’est pur aveu, franchise, subtile incitation à se faire face en camarades. Melocoton, ça veut dire pêche. Il y a sous la douceur qui brûle l’âpreté sur la langue, sensible : c’est avec toute sa peau qu’il faut manger ce fruit.
note Publiée le jeudi 19 décembre 2013
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- WZX
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Des années après la découverte (grâce à cette chro, merci !), toujours aussi ébloui par Colette Magny, et ce disque en particulier (les autres seront ailleurs, sans que ce soit forcément moins fort pour autant). Sa voix qui transmet si bien toute une palette d'expressions : joviale, tendre, grondante, badine ou grave. Si proche, si entière. Et ces textes... Et ces musiciens... !
- Note donnée au disque :
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
Tu ne le regretteras pas
- dimegoat › Envoyez un message privé àdimegoat
Sur France culture, le nouvel épisode de Toute une vie est consacré à Colette Magny. Peut-être l'occasion de m'y mettre
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
S'il y a des Suisses dans le lot, exposition 'Colette Magnyfique' à L'Espace Noir de St-Imier (Suisse, canton de Berne, 100 bornes de Besançon)...https://www.facebook.com/collectifespacenoir/
- DukeOfPrunes › Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
ENFIN !!!! Merveilleuse nouvelle. Top wishlist. Merci.