Encore un disque de jeunesse : je me fais plaisir. Solitaire. L'ayant prêté à un être humain de mon entourage qui me le rendit le lendemain avec un cruel dédain non dissimulé, aboyant que cette chose ne pouvait prétendre au black metal, compte-tenu de la déferlante de mélodies accrocheuses, j'en ai fait depuis un plaisir, oui, solitaire. Ladite chose rejoignit alors ma secrète collection métalleuse, celle dont je ne révèle l'existence qu'aux gens de bon goût comme vous, ceux qui savent savourer les riffs épiques et ambrés, les galvanisants hymnes de stade, l'art difficile du break outrageux, les références dégoulinantes aux textes apocryphes louant la gloire de la grande bête au nombre maudit. Car oui, Mörk Gryning sait conjuguer tout cela, et avec brio en plus. Si quelques mauvaises bouches de l'époque, fans de Dissection, crièrent au plagiat, c'est au fond qu'elle n'étaient que jalouses de la facilité avec laquelle un duo sorti de nulle part se permit de venir tutoyer ses aînés, leurs idoles. Le jeune duo était-il pour autant arrogant ? Me souvenant de propos d'interview particulièrement immatures de la part de Goth Gorgon, dont je jalouse le pseudonyme, je serais spontanément tenté de dire oui. Mais voilà, tous les morceaux s'avèrent si excellemment construits, rapides et variés, qu'on en mangerait ; même les synthés sont cheapos comme je les goûte. Voilà qui dépasse définitivement toute polémique. Lorsque la musique est bonne, lorsque je ne peux m'empêcher de pratiquer dessus air vocals, air guitar, et air drums, elle vient réveiller ce qui se larve en moi... Mon coming out est à présent fait : oui, j'aime le metal mélodique suédois. Et que tous ceux qui s'y retrouvent n'hésitent pas à m'envoyer une photo de leur torse velu : je fais collection. Bisous goulus.