Gustaf Allan Pettersson (1911-1980) › 7 sonates pour deux violons

"Je ne suis pas un snob. Je suis au même niveau qu'un citadin ou un balayeur qui défend ses restes. On va à leur rencontre avec des démonstrations de solidarité. Moi, par contre, on m'a abandonné.". On a dit les pires horreurs sur mon concerto pour violon. Des horreurs blessantes, meurtrières. Je n'ai pas baissé les bras, je m'y suis remis et avec plus d'ampleur. Mais personne n'a voulu jouer mon concerto pour orchestre à cordes. L'étincelante beauté acoustique de mes œuvres ne leur suffit pas. Ils ne les pénètrent pas. Ils ne trouvent pas leur chemin dans le dédale de ma musique, face à tant de reproches, face à tant d'opacité. Je m'y suis remis, et avec plus d'ampleur, et j'ai touché quelque chose. Quelque chose qui m'a dépassé. Quelque chose qui m'a fait peur. Et je suis fatigué. Peut-être suis-je trop loin. Peut-être ne sont-ils pas prêts. Peut-être ne puis-je me faire entendre qu'à travers le silence et la nudité, là où les drames et les peines peuvent hurler, sans risquer de se noyer dans leurs propres échos. Mes orchestres dérangent. La multitude semble prendre dans mes mains des allures terrifiantes. Quelque chose qui me dépasse ; j'ai du abandonner l'écriture d'une première symphonie. Mais puisque je suis enfin libéré de ce travail absurde au philharmonique de Stockholm, je ne vais pas m'arrêter d'écrire. Mes orchestres dérangent, même un simple quatuor à cordes ; deux violons suffiront : puisque mes notes malades et mes lignes d'oppression sont si dures à entendre, oui, je n'en mêlerai que deux.