Paul Roland › Bates Motel

Hitchcock, le maître du suspense, une réputation pas usurpée pour un sou et 'Psycho' reste un chef-d'oeuvre inégalé dans le genre dont la moitié des scènes ont inspiré d'un point de vue esthétique ou même au niveau tournage nombre de films ou cinéastes. Comment un artiste tel que Paul Roland aurait-il pu résister à l'idée d'y passer une nuitée ? En réalité, son personnage flairera le coup foireux et s'en ira, indemne, mais il s'en était fallu de peu...Un beau titre, gothique à souhait avec sa batterie roulante, son orgue de film d'épouvante dans l'arrière-fond, une bonne basse obscure (tenue par le propre fils de Paul). Comme il fallait s'en douter, l'Anglais ne s'est pas arrêté là puisqu'il apporte dans sa besace des histoires de zombie, de déesse hindou, quelques références bibliques...Mais avant d'aller plus en avant, je vous cite la note explicative figurant sur la première page du livret. Paul Roland y explique avoir interviewé en 1985 Nico, Sterling Morrison et Maureen Tucker et saisi l'occasion de parler de son travail en demandant si une collaboration pourrait être envisageable. A sa grande surprise, il semblerait que les ex-Velvet Underground aient répondu par l'affirmative; des démos transitèrent donc de Grande-Bretagne vers les USA. Pour rien. Le matériel utilisé alors par Morrison n'était pas compatible. A la même époque, le chanteur des John's Children (inconnu au bataillon en ce qui me concerne) commanda quelques titres à Paulo mais ce dernier n'acheva pas le projet pour raison familiale, une pause dans l'univers de la musique pour s'occuper des deux fistons. Il conclut en ajoutant que ce disque aurait pu être celui réalisé à cette période, n'eût-il laissé filer ces opportunités. Oui, l'influence psychédélique est bien présente, notamment dans l'usage de l'orgue ainsi que dans certains plans d'écriture mais rien de si surprenant pour qui connaît la carrière de notre Anglais (il suffit d'écouter l'album 'Strychnine' ainsi que quelques bonus sur divers disques). Toujours est-il que 'Bates Motel' est effectivement une oeuvre électrique plus que folk malgré le magnifique 'Kali' et ses sonorités orientales ou 'Katmandu' dominé par la guitariste sèche. Pour le reste, Paul travaille avec une section rock classique: batterie/basse/guitare, ni violon, ni clarinette ou autres clavecins mais là encore, rien de si exceptionnel pour un type comme lui qui n'a jamais souhaité se restreindre dans les styles abordés si ce n'est que comme tous ses opus, 'Bates Motel' dégage un charme suranné pour son époque. Mais n'en a-t-il pas toujours été ainsi avec Paul Roland ? Si. Mélodiquement, il n'est pas le plus inspiré car j'ai toujours trouvé notre Anglais plus inspiré dans les constructions folk mais comme à chaque fois, il contient son lot de bonnes choses: 'Bates Motel', 'Kali', 'Cain' ou 'Tortured by the daughter of Fu Manchu'. Une belle preuve que le syndrome de la page blanche n'est visiblement pas près de toucher Paulo, surtout si la famille commence à lui prêter main forte.