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Boddy / Reuter › Colour Division

cd • 7 titres • 52:54 min

  • 1Borderlands 7:39
  • 2Colour Division 9:10
  • 3Crescent 8:18
  • 4Fulcrum 6:57
  • 5Reveal 6:57
  • 6Beacon 9:05
  • 7Slowfall 4:32

informations

Composé, joué et enregistré par Ian Boddy et Markus Reuter entre Décembre 2012 et Juin 2013

On peut entendre des extraits sonores de cet album sur la page web suivante: http://www.gutsofdarkness.com/god/peach.php?quoi=objetredac

line up

Ian Boddy (Serge & Eurorack modular, Moog Voyager, Kontakt et Alchemy) Markus Reuter (Guitares, guitare/synthé, boucles et effets soniques)

chronique

J'ai adoré la dernière collaboration d'Ian Boddy et Markus Reuter. Derwish était un album audacieux où des structures électroniques abstraites volaient sur des rythmes tranchants, un peu comme dans l'univers de King Crimson. “Colour Division” s'abreuve du même environnement, tant ambiant que rythmique, de Derwish. Si les rythme sont moins percutants, les ambiances sont toujours aussi intrigantes, voire mêmes dérangeantes. Chronique d'une œuvre séductrice où la musique fait plus que dessiner des harmonies. Elle les cimente habilement dans un monde sonique fait d'abstractions.
Un synthé ronfle sans vergogne. Laissant filer ses ronflements qui se gonflent en longues torsades aux contours résonnant, il invite les lamentations de la six-cordes de Markus Reuter à tisser une ouverture ambiosphérique qui coule sur un lit d'arpèges scintillants et se jette dans un rythme lourd, martelé de percussions électroniques et de leurs effets d'écho. L'hymne de rock lourd rappelle Home by the Sea de Genesis. C'est un rythme qui disperse sa lourdeur dans des phases ambiantes, là où scintillent des arpèges de verre et pleurent des solos de guitare passifs, pour renaître de ses frappes incisives et transporter "Borderlands" vers un lourd rock électronique industriel progressif qui embrasse les folies herculéennes de King Crimson. Les solos, tant d'Ian Boddy que de Markus Reuter, ornent une ambiance survoltée qui place déjà “Colour Division” dans une classe à part. Après ce premier titre lourd, la pièce-titre nous plonge dans des phases ambiosphériques. Un trou noir sonique où de sombres lignes pleureuses structurent un pattern ambiant qui supporte à merveille les solos planants, rêveurs et parfois déchirants d'un Markus Reuter aussi inspirant qu'inspiré. Un très beau titre qui met la table à la phase ambiante de “Colour Division”. De denses voiles de synthé enveloppent l'introduction de "Crescent", pareille à une nuit qui se recouvre de sa noirceur. Les deux premières minutes sont stupéfiantes avec leurs effets d'enveloppement sonique. Une délicate ligne de basse dessine un faible rythme lunaire que des strates d'une fusion guitare/synthé caressent de douces lamentations. C'est de l'ambiant cosmique qui s'enfonce graduellement dans une mer noire où oscillent des vagues agitées de spasmes contraires.
Comme des carillons qui tournoient dans des vents statiques, une petite symphonie de tintements éveillent "Fulcrum". C'est le calme avant une tempête sonique, car "Fulcrum" se voile d'une schizophrénie sonique qui dévisse les tympans. Des riffs de guitares rugissent derrière ce canevas de verre et plonge le titre dans une lourdeur rythmique où des pulsations moulent un lent rythme furtif. Un rythme qui bat sournoisement dans une ambiance noire tapissée de cognements insistants, d'explosions feutrées, de riffs rageurs et de lamentations d'une guitare corrosive qui ulule d'une intense douleur sonique. C'est assez intense, tout comme "Reveal", et ce même si les deux structures sont totalement à l'opposé. C'est une superbe litanie électronique très ambiosphérique où on peine à cibler les lamentations spectrales du Serge Modular d'Ian Boddy des pleurs fantomatiques de la six-cordes errante de Markus Reuter. Le mouvement respire d'un rythme fantôme par le biais d'une ligne de basse qui pulse comme un beat à l'agonie. Dérangeant de magnétisme. Le principal attrait de “Colour Division” est cette constante dualité entre les synthés et les guitares qui embrouillent l'ouïe, tellement les tonalités se moulent dans une parfaite symbiose. Comme dans "Beacon" où elles pleurent dans les brouillards des percussions et des cliquetis feutrés. Des percussions qui peu à peu se détachent et structurent un rythme qui éclate comme un pop-corn dans une éprouvette. La ligne de basse est vicieuse à souhait et ondule sournoisement sur cette structure de rythme aussi insaisissable qu'indéfinissable, alors que chantent, où pleurent, ce fascinant maillage synthé/guitare. "Slowfall" termine cette dernière œuvre du tandem Boddy/Reuter avec une sombre structure ambiosphérique un brin apocalyptique où flotte une odeur de désastre, brillamment peinte par cette envoutante fusion de tonalités éclectiques.
Mélangeant subtilement les rythmes lourds à des ambiances métaphysiques industrielles, Ian Boddy et Markus Reuter signe un 4ième opus qui respecte les territoires artistiques insoumis du duo aux visions musicales très avant-gardistes. Il y a des odeurs de Darwish derrière “Colour Division” et c'est correct comme ça, tant les deux œuvres se complètent de par leurs particularités soniques. Même si les rythmes sont moins lourds, moins percutants, les ambiances sont de plomb. Et la chimie entre ces rythmes et ces ambiances est aussi séduisante que l'eau chantant sur des coraux corrodés. Un régal pour les oreilles!

note       Publiée le samedi 28 septembre 2013

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En cliquant sur les écoutes de Gros Bidon, je tombe là-dessus, cette chronique oubliée. Et non seulement je me rends compte par la même que je lis maintenant du Pheadream avec un plaisir inédit, mais en plus, en allant écouter ça, je me dis que c'est vraiment pas mal du tout ce truc ! Comme le dit Phae, c'est la rencontre de deux générations/approches de la musique électronique : la "mé Berlin School" à l'ancienne, directement dans la coulée du rock psyché versant planant avec synthés spatiaux (avec ici une guitare assez seventies, encore rock même si rock de babos plutôt que de hardos...) ; et une musique plus contemporaine ou "moderne", une techno pas toujours si "ambient" que ça, avec un travail sur le rythme dégagé pour le coup des influences rock et des "limites" des boîtes à rythmes des débuts du genre (c'est à dire que ça sonne davantage "organique", sans chercher à reproduire le jeu d'un batteur). Ça pose, ça met bien, mais ça n'endort pas. Ça ne détonnerait pas du tout dans une playlist qui brasserait sans hiérarchiser du Rypdal/Vitous/Dejhonette, du Photek, du Pink Dots et par exemple des trucs solo de gens passés par Gong (les premiers Tim Blake, pas au hasard, que d'ailleurs j'ai toujours trouvé "proto Pink Dots", par passages)... Jolie découverte, celui-là, ici.