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Judas Donneger › Des Millions Qui Y Sont Encore

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Lau      mardi 23 octobre 2018 - 13:42
merci pour le fusil...      samedi 2 août 2014 - 20:53
Klarinetthor      samedi 21 septembre 2013 - 15:04

lp • 8 titres • 32:34 min

  • A
  • 1Termite02:20
  • 2Lazare04:07
  • 3Estropié03:27
  • 4Mariage Au Diable01:58
  • 5Espace Pubique03:18
  • B
  • 6Satti Oberlé03:33
  • 7201204:25
  • 8Endroit Clos08:54

extraits vidéo

informations

Enregistré en juin 2012 au Frigo par Capitaine France. Mixé et masterisé en septembre, octobre et novembre 2012 par Capitaine France dans sa cabine.

L'intégralité des disques de Judas Donneger est en écoute sur leur bandcamp (voir lien ci-contre). Le titre nommé Mort à Crédit sur la version écoutable en streaming du disque (bandcamp), n'est pas crédité sur la version vinyle. Il y figure pourtant à l'identique et à la même place (c'est à dire - ici, à la fin de la face A - entre Espace Pubique et Satti Oberlé).

chronique

Le son est peut-être un poil plus clair. La substance, elle, n’a pas changé : noire. Comme ce rire au fond, bien caché, sardonique. Elle se ramifie, certes, frémit un peu plus longuement, sa surface prend de nouvelles figures, laisse germer des détails. Le verbe est encore plus fou, ouvert et fracturé, flippant parce qu’on ne comprend pas tout mais qu’entre les trous c’est salement concret et complètement incontestable au moment de nous percuter. Adresse aux morts – Lazare, tu dors ? Toujours le corps qui dégueule ses fluides, la faim des autres viandes. L’allusion aux tueries : sans ambages mais sans donner les noms, les lieux, les chiffres, sans pointer dans la foule lesquels sont les bourreaux et lesquels ceux qu’on saigne. La tendance du jour s’appelle mutilation. Au point aveugle de la friche – car ce monde-ci, pris de n’importe où, n’est qu’une vaste zone industrielle où l’on fabrique et monnaye tout ; où l’on arrache quand on ne peut pas des mains de ceux qui peuvent ; et la nature sauvage n’a plus comme seul choix que de s’insinuer, brutale, en terrains vagues – les deux de Judas s’abattent sur leurs machines, leurs outils en vente libre, leurs appareils torturés. Le geste toujours précis – même quand il s’agit de scier les cordes, s’agirait pas de mettre à côté. Frappent toujours comme des sourds. Ne le sont pas, pas plus que myopes. La voix est encore prises de cette démence qui la guide et la déchire, qu'elle nous assène compacte. L’itération, la litanie, passent encore d’un pronom à l’autre, sans prévenir. L’angle varie et les maux se répètent et s’égrènent et puis s’enfoncent et puis jaillissent et tétanisent à force d'être étouffés. Dans le mauvais rêve – on voit qu’il est vrai – l’orgie et la menace fraient toujours en intimes. En sortir n'existe pas - on sait très bien une fois de plus où ça va finir et tout espoir serait ridicule. La culture s’abîme sans fin dans le fatras des artefacts. La vie s’enfonce vers l’origine, vers ses buts sans raison : dans le limon, en avalant sur son passage objets et circonstances, matières brutes et périodes ouvragées pour servir à la percée. Les vitesses, ce coup-ci, varient un peu plus. Des nuances miroitent lorsque le faisceau passe. Des noirs, disais-je. Profond. Reflets mats ou mouillés, selon la seconde et ce qui s’en écoule. D’anthracites. Avec des stries, des rais de pourpre épais, poisseux. Des gris plus clairs quand la cervelle explose. Bleus et verts corruption de chairs. Des Millions Qui Y Sont Encore : Image adéquate, hantise. Judas Donneger racontent la boucherie. La mort, tout crument. Et ceux qui restent, avec leur colère et leur désarrois ; ceux dont c’est la faute et ceux qui subissent ; ceux qui s'y confondent baïonnettes en écheveaux. Cette musique est un flot dense, éreintement fou et étroitement tenu. Elle charrie des débris durs. Elle ronge l’entendement et puis elle l’aiguillonne. Sa menace est abstraite mais par là même plus indéniable, plus sensible, partout présente, partout lovée – et partout ses crocs nus exhibent leur souillure. Pour nous retenir l’horreur se glisse et prend de court ; elle gagne le plan esthétique, l’envahit comme une ivresse. Le délire, une fois de plus, s’incarne – mais c’est un temps où il est froid et sait comment porter exactement ses coups. Puisqu’il advient autant lui faire face, carrément y plonger. Paradoxe ou pas, il serait faux de dire que l’on s’y vautre – puisqu’on s’y tient debout, secoué par les bruits, certes, et talé par les gnons ; mais qu'on ne peut pas s'y avachir, s'y affaler, laisser s'alourdir les paupières. C'est un malaise bien clairvoyant, qui nie l'anesthésie, qui tord et spasmodie ses remous. C’est mieux que marcher au pas en croyant qu’on s’amuse.

note       Publiée le samedi 21 septembre 2013

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    Lau Envoyez un message privé àLau

    Leur meilleur à mon avis.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    La Race, c'etait encore plus noir avec le deuxième chanteur; qui va prendre le relais, moins grugru et voix plus enlevée. c'etait tres complementaire; à un volume LOIN du raisaonnable; genre loin de la premiere fois que je les avais vu deja fort. La race, qui tue les neurones plus vite que les pintes de chouffe. et quand à Judas, ils ont du neuf, je me suis hasardé à prendre leur derniere malfaisance. https://judasdonneger.bandcamp.com/...

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    quant aux Judas, Rasti... Ben ça me ferait pas mal le même effet que toi, Rasti ! Négatif à fond, ouais, mais tellement plein-le-cul-table-rase que ça donne envie de lever la tronche, j'ai toujours trouvé.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    La Race, y z'aiment RIEN ! (En vrai probable que les Swans au moins, oui). Ça me rappelle en plus que le dernier en date - Drancy Obstinato - n'est pas encore gutsé... Faudra. (Il va ENCORE PLUS LOIN que celui-là... Ce que j'avais pas cru trop possible). Ah, puis ils vont jouer dans pas longtemps à Lyon donc possible qu'ils soient en tournée, en passant.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Techniquement ils ont pas redoublé leur 3eme, ils ont transformé l'essai en tremplin vers le rock'n roll. ils aiment surtout pousser les parisiens au pire, vu leurs tournées régulières. early swans, certainement oui. Pour le reste... j'y vais, j'ai horreur d'être en retard aux Dépressifs Anonymes.

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