Vous êtes ici › Les groupes / artistesPPerte Noire › Tom-Ass

Perte Noire › Tom-Ass

7" • 4 titres • 12:24 min

  • A
  • 1Sang Descend03:12
  • 2Dans La Rue02:16
  • B
  • 3Petit Chat01:08
  • 4Papzak05:48

informations

(Probablement) enregistré et mixé chez Saturation Zone.

Les quatre plages de ce vinyle 7" sorti en 2013 par le label danois Spaghetti Casseti Records se trouvaient auparavant – à priori à l’identique à l’exception d’un probable remastering pour le présent objet – sur une démo auto-produite de six titres nommée Album : Tom-Ass, et vendue à prix libre à la fin des concerts par les membres du groupe. Il semble qu’il ne subsiste – au moins sur le net – aucune trace de ladite démo. 303 copies en vinyle noir, étiquettes monochromes, pochettes sérigraphiées. 19 exemplaires « test-pressing », pochettes « limitées », étiquettes blanches, numérotés à la main et trou central petit (sans découpe à la taille « centreur »).

line up

Les crédits de la démo Album Tom-Ass donnent : Sarô (boum-tchac, blaong-blaong, sainte-synth), Madu (boum-tchac, sainte-synth), Sarah (blaong-blaong), Ginger (grat-gratte), Perte Noire (gargarismes). Il semble que l’une des membre du groupe ait été entre temps remplacée.

chronique

Les entrailles déchirées/On est toutes colonisées… nous balancent-elles en conclusion d’une histoire gore d’avortement DIY perpétré – à l’aspirateur, embouché par où c’est logique, en l’espèce – quotidiennement (?) par une qui n’a que faire des règles qui l’enserrent. Un flot pas propre où flottent carcasses et autres morceaux rouge-marron, crissement de médiators sur les cordes et synthés eau de javel – qui s’interrompt à l’impromptu, tout autant soudainement qu’il avait déboulé. (Dans la boîte-t-t…). Puis d’enchaîner direct : Dans la rue ou n’importe où/Toutes ces bites qui me causent/Elles me disent toutes la même chose : Ma chérie, ton trou me plaît. Oh. Celle-ci conclut sur les crapules de cette espèce qu’elles voudraient émasculer. Vous la trouvez pas fine ? Vous avez le droit. Ce n’est sans doute pas le but. Mais on a le droit. Celui aussi de ne pas vouloir se sentir visé. L’envie de protester qu’on n’en est pas tous, de ceux-là. De ces clébards sans rien dans la tête ni plus haut que le bas ventre, qui n’aiment rien mieux que de mettre en pièces, au bout de la course, des chatons pas assez vigilants, juste pour jouer, nature épaisse et veule. Qu’on ne se prend pas tous pour des socs ni elles pour des champs, propriétés foncières. Que même, pas du tout, là, eh, quand même.

Certes.

On pourra se dire aussi qu’on en entend de guère meilleures un peu partout, en public, dans d’autres registres. Des gars qui rappent sur leur dard, tous fiers. Des filles qui la jouent libérées, aussi, alors qu’elles ne disent rien d’autre, en substance, qu’Achète Moi. D’autres aussi, de tous sexes et genres, qui tartinent encore de la romance écœurante en dépit des évidences – pas moins vulgaire que les précédents cités, pour le moins, à bien y regarder (ou même à les écouter très sommairement, en fait). Perte Noir n’en sont pas là. Et sans doute, c’est ça qui heurte. Qui frotte, qui gène au début. On continue d’écouter, pourtant. Parce qu’au moins… Au moins ce féminisme frontal, emporte-pièce – s’il tape sans faire de détail, au point qu’on puisse trouver sa rage injuste, au moins mal ciblée – ne nous pointe pas une gueule d’idéologie. Trop brut, justement, pour ça. On ignore si les Bruxelloises ont lu Solanas. On se fout un peu, au fond, qu’elles sachent ou pas sur le bout De Beauvoir ou Betty Friedan. On n’a au moins pas l’impression qu’elles aient croché au tracts Chiennes de Garde ou Ni Putes ni Soumises. Ni attendu celles-là (ni de voir ces autres, là, Femen). Et puis non plus qu’elles veuillent faire fonds de commerce, à la Despentes. C’est bien plus simple et bien plus cru, il semble. Sûrement fait, disais-je, pour le choc. Parce que c’est ça la réaction normale, en ce monde figé. C’est aussi peu subtil, disons que les Bérus des débuts, par exemple (pas innocent, l’exemple… Est-ce VRAIMENT un hasard qu’un de leurs titres – sur une démo désormais introuvable gravée un peu avant – se soit appelé Pavillon 33 ?). Probablement, derrière la pure charge – ou décharge – il n’y a pas à chercher de plan longuement muri, de stratégie, de discours d’école. Tout simplement, Perte Noire – avec ses voix sèches et ses mots dégueulasses, ses claviers en ritournelles crassées, ses méchantes astuces ("une trainée… de poussière"), ses larsens enterrés – c’est, comme disait l’un, le retour du négatif. Une fois de plus et parmi d’autres, à vrai dire, qui jouent en dessous des lignes de flottaisons de l’industrie, à part des contrats et circuits d’aliénation – parce qu’il y en a toujours qui ne lâchent pas l’affaire. Ça se passe dans des caves, dans des squats ; à l’extrême mieux, côté confort : dans des bars. Rien que du droit au but – pas le temps ni l'envie de biaiser – dans ces timbres exsangues, ces cris rugueux, amers, à quoi on se cogne aussi parce qu’ils sont tristes, lassés. Avec des échos presque gothiques mais seulement par analogie – parce que l’heure, les rues, les bâtiments sont d’un même noir que le ciel bas et l’humeur dans les cœurs et autres viscères. Du goth de faubourg mornes – pas loin dans le son, parfois, bien que ça ne raconte forcément pas tout à fait la même histoire, des Amiénois Les Morts Vont bien (soit dit presque au hasard, allez). On entend bien que c’est là que ça se passe quand – de la scène – elles envoient les versions papier de verre. Finalement, on comprend bien que pour cette première sortie officielle, elles aient resserré le tir : pas de détour par l’asile, ce coup, la folie ne fera pas excuse ou allègement. Rien qui se chante en anglais, non plus – elle était pourtant chouette, en rappel (il me semble), celle qu’elles nommaient Exit. La même conclusion en flamand par contre. Papzak. A peu près "gros porc", si j’ai bien compris, voire "gros beauf", "gros lourd", "gros blaireau".

On ne se sentira toujours pas obligé d’en être, de ceux-là. On veut bien assurer à ces nanas, ces dames, ces femmes… Qu’on ne s’y pointera pas en bouchers affamés ou fouineurs à matrices. Qu’elles veuillent bien garder leurs lames, si on ne peut même y arriver complètement sans nos klettes. On ne se gênera de toute façon pas pour s’y rendre – en espérant que le groupe existe encore – si elles jouent quelque part, une autre fois, ces femmes, ces racli, ces nanas, entre Bruxelles et chez nous. (Parce qu'on avait aimé, assez, et puis qu'on entend bien qu'elles n'aient pas – et nous non plus – de raison pour minauder).

note       Publiée le mercredi 18 septembre 2013

Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...

The Slits - Cut

The Slits
Cut

Bérurier Noir - Macadam Massacre

Bérurier Noir
Macadam Massacre

Babes In Toyland - Fontanelle

Babes In Toyland
Fontanelle

Xray Spex - Germ free adolescents - the anthology

Xray Spex
Germ free adolescents - the anthology

Métal Urbain - Les hommes morts sont dangereux

Métal Urbain
Les hommes morts sont dangereux

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Tom-Ass" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Tom-Ass".

    notes

    Note moyenne        1 vote

    Connectez-vous ajouter une note sur "Tom-Ass".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Tom-Ass".

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Les chants, trop devants, satures et vomis y font pour beaucoup, en fait, sur Sang Descend. Elle me met toujours autant mal a l'aise cette piste, a faire passer les chatons noyes et les obsedes ricanant de la rue pour une compagnie presque agreable

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Non mais justement, comme je disais, je trouve qu'on en est très loin - et que c'est tant mieux - du cirque Femen (qui colle quand même suspectement à la vision papzak de ce que doivent être les femmes et de ce à quoi il la voudraient anatomiquement cantonnée, si on me demande). C'est qu'il voudrait me faire passer pour male chauvinist pig (modéré mais quand-même), l'animal ou quoi !

    (Du reste plutôt que de continuer à gloser interminablement sur la question je dirais : écoutez ce disque, ceux que le groupe intéresseraient. Parce que c'est un disque, hein, surtout pas une thèse, j'ajouterais).

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Si une grosse page noire avec marquée femen remplace guts demain, on saura ce qu'elle en pensent, peut-etre. Oui, le discours, parfois, de certaines comme Christine Delphy par exemple, qui a eu le temps de réflechir à ce qu'elle dit, me dérange aussi. Pas spécialement pour la généralisation du pouvoir des hommes, mais plutôt pour son ton qui peut paraitre méprisant. Et pourtant elle a un humour que je trouve décoiffant, par autres moments.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Ben ma seule "réserve" - et même pas, d'ailleurs, plutôt question, nuance - était plus dans un possible "homme qui que tu sois tu es salaud/coupable" globalisé - du genre que tient PARFOIS un CERTAIN féminisme supposé radical. Mais en fait je ne crois pas, là. Encore une fois je pense que le côté tranché/brutal de leur manière est surtout là pour l'effet de choc. Et au final - parce que leur musique me plaît, aussi - je me dis "oui, pourquoi pas". Et puis décidément je ne sais pas ce qu'elles en diraient, elles, de tout ça, au fond.

    (Faudrait leur demander en fait mais comme je disais, on ne trouve contact ou infos d'éventuelles suites nulle part, il semble bien).

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Concernant le message, il est déstabilisant, triste, mais efficace. Certainement pas vis-à-vis des grosses ordures, mais plutôt des gens qui se pensent réglo et se voient dans le miroir comme antisexistes. A ne pas oublier que ça a lieu, encore et toujours, et que le fait de ne pas être une nana/homo/... peut amener à faire oublier ce type de violence ou de pression psychologique car on n'en est pas témoin personellement. Bien sur, je prefère me marrer en écoutant les paroles de Killdozer par exemple, qui ont un message simple à comprendre mais empreint d'humour. La même acerbité (peut-etre pas féministe mais antimachiste) et d'une certaine vision de l'homme (américain en particulier mais pas seulement). Je pense à des chansons comme "man of meat", "king of sex", "a man's gotta be a man",....

    Note donnée au disque :