T.C. Matic › L'Apache

Quel délicieux anachronisme, entendre un groupe post punk faire mention d''apache' et de 'zazou' dans ses paroles mais de la plume d'un lascar comme Arno, est-ce si surprenant ? Le truculent Belge a une façon bien à lui d'écrire, de jouer sur les sonorités des mots, mêlant allègrement et pêle-mêle anglais, français, flamand. Cette écriture colle à merveille au style du combo qui affectionne les structures rythmiques hachés et en boucles réclamant un phrasé court et claquant. T.C. Matic est d'ailleurs un concept spécial, ces mecs-là ne viennent certainement pas du punk, on sent des racines plus proches de la chanson, du blues, du cabaret même et pourtant ils ont développé un style mécanique, tendu, légèrement emprunt de froideur industrielle, ce qui a conduit certains à les comparer à Killing Joke, dans lequel les musiciens affirment leur spécificité en y injectant une touche pop/cabaret/musette ('Le java', 'Les zazous'); le clavier joue un rôle prépondérant en équilibrant de ses mélodies l'aspect roulant et implacable de la rythmique mais en renforçant aussi le côté froid de certaines pièces (le travail est exceptionnel sur cet opus). Même les pochettes paraissent décalées; qui s'attendrait à découvrir une telle musique derrière de telles images ? Et pourtant, les compositions sont solides, énergiques, grinçantes sans excès. Pas de hit de la trempe de 'Putain, putain' mais un album plus cohérent qualitativement et mélodiquement sur la durée. Mais le maître du bal, c'est Arno avec sa manière unique de poser son timbre râpeux, de placer ses intonations et ses textes limite absurdes avec une forme de nonchalance passionnée, mi-cynique mi-moqueuse...Dandy de banlieue, poète des tripots, sa verve pourrait surprendre dans cet habillage électrique empreint de fraicheur synthétique et pourtant s'y fond à merveille. Oui, T.C. Matic est un groupe particulier, à découvrir absolument qu'on apprécie ou non la carrière solo d'Arno.