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Little Women › Teeth

1lp • 4 titres • 18:47 min

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extraits audio

informations

Enregistré (en une prise) le 10 décembre 2006 aux studios Excello Recordings, Brooklyn, New York, par Hugh Pool, assisté d’Alex Sniderman. Mastering : Scott Hull.

L'édition Gilgondo Records est un vinyle 12" gravé uniquement sur la face A.

line up

Travis Laplante (saxophone ténor), Ben Greenberg (guitare), Darius Jones (saxophone alto), Jason Nazary (batterie)

chronique

"Comment va le free ?", demandait l’amateur. "Fort bien : il est mort"… Répondait le critique, invariablement – commentateur un peu pressé (il avait encore trois piges à envoyer par mail, un blog à mettre à jour, six dossiers de presse à survoler par cœur). "Hum… Hum… 1, 2, 3"… La voix, cette fois encore – à qui appartenait-elle ? – semblait provenir du fond de la pièce. Tout en bas, au bout de la volée de marche. "Oui ?", sourcillèrent les autres, tournant par là un distrait regard. "BOUAAAAAAPPP !". Et puis BLAM BLAM et BLAM ! En fait de voix, ils étaient quatre. Et à partir de là, un merveilleux boucan se mit à couvrir la glose… Little Women – titre original des Quatre Filles du Docteur March, au fait, classique américain du XIXème siècle, signé d’une certaine Louisa May Alcott, adapté, depuis, au moins quatre fois au cinéma, muet ou parlant ; que j’avoue n’avoir pas lu (ni avoir vu dans aucune des versions filmiques), mais ça semble parler de générosité, de partage dans la misère en pleine guerre de sécession – prend la musique à bras le corps. Comme si nulle notion de post-modernisme, aussi, d’impossible, de ressassements fatigués, de fraicheur supposé impossible, d’éternelle défaite de l’artiste face aux indifférences, ne devaient jamais avoir droit de citer. Comme si aucun marché ne guettait, aucun torchon de ragots culturel qui noierait l’attention sous de plus convenus gadgets. Little Women – certains de ceux-là, au fait, n’ont apparemment leurs noms imprimés nulle par ailleurs ; le saxophoniste Darius Jones, lui, a joué aussi avec William Parker ; le guitariste Ben Greenberg est présent, en outre, sur un disque intitulé Music of the Modern White (dans un groupe nommé Zs), et cela semble être tout pour ce qui est des enregistrements – attrapent la bête comme on a toujours fait, de tout temps, sans considération de genre ni sans doute de plan de carrière. Comme ces dizaines, centaines, milliers de groupes qui partant de nulle part – mais avec des milliers, des centaines, des dizaines d’idées ; et puis la rage, et puis une drôle de sorte de foi dans la viande – le quartet joue, propose, envoie, retourne et cogne. Des idées, disais-je, pas comme des abstractions : comme des formes saisies, jetée bien haut, bien loin, partagées en exhortations. De foutus émotions emballées, aussi – on n’a pas du leur dire, ou bien alors c'en sont, là, qui n’ont pas écouté, que ça ne se portait plus guère, aussi brut et direct, sincère, colère, éclats hilares. La batterie déferle quand les autres hurlent. La guitare – son ô combien électrique, amplifié, mais nu, barbelé, déchiquetant plutôt qu’imposant magma – cisaille et syncope. Les saxophones sifflent et grondent. Mais entre les perturbations – mieux, parfois : en même temps – des mélodies se dessinent, se maintiennent, superbes, touchantes. Un certain lyrisme, par moment semble vouloir pointer – pas noyé, plutôt porté par le flot renversant. Tout ça semble enregistré avec trois, quatre micros – et pour cette fois, le rugueux de la matière réjouit l’oreille plutôt que de rendre la musique illisible. La toute liberté du jeu, de l’écriture, confère à ces quatre plages, aussi, un humour féroce, affirmation dénuée de cynisme mais rire sans excuse. L’intention tient certainement du free, oui, la substance – c’est difficile de ne pas l’entendre, même, il faudrait beaucoup de mauvaise foi, pour le nier… La manière, la vivacité des frappes et des attaques relève de ces formes spontanées, directes, sans cesse réinventées depuis que l’amplification est devenue un moyen de faire trembler les murs des caves : garage, noise-rock, noise tout court… Impro libre – mais avec des guides solides, sur les zones où les joueurs ont décidé de ne pas les éclater. Même pas besoin de titres, dans ces cas-là, pour chaque partie de l’ouvrage. Celui du disque suffit bien. Teeth : Les Dents. Ce sont elles qui broient les matériaux pour que s’en écoulent les jus, qui font résonnances, aussi, et rictus et grimaces et sourires et qui se découvrent aux gorges déployées. A la fin de ces minutes denses et accidentées – même pas dix neuf, gravées sur une seule face pour la version vinyle – la rythmique fait silence, c’est à dire de l’espace ; et les soufflants murmurent, grognent, envoient des borborygmes directement dans leurs saxos, sans lâcher leurs embouchures, l’algarade nous entoure depuis les pavillons… A la fin du concert, on vendait sur une table ce curieux objet jaune, avec sur la pochette d’imaginaires tracés d’organes, des tissages en traits noirs aux allures de dessins Hopi. Le Critique n’y était pas. Le free, de son côté, ne se souciait guère qu’on déclare défunt – ce n'était pas la première, ce ne serait pas la dernière fois – ce style qui, une autre fois, avait porté son nom.

note       Publiée le lundi 5 août 2013

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    J'imagine que tu ne vas pas en rester là oui. Sinon, j'aime beaucoup la continuité des 3 artworks de Mick Barr, simples mais propices à l'imagination (on en avait dejà parlé pour throat)

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Oui, je viens juste de voir qu'ils en avaient sorti un cet année (qui s'appelle Poumon - Lung - cette fois, après les dents et la gorge... z'en ont dans les idées). Pas encore écouté, non plus. J'ai le premier long sur le feu par contre, qui arrive bientôt, là.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Un bon souvenir de ce mini, la bonne longueur pour aborder la bête rugueuse comme tu dis. J'ai le petit dernier du groupe qui m'attend, ça me revient.

    Note donnée au disque :