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Fire! Orchestra › Exit!

cd • 2 titres • 44:23 min

  • 1Exit! Part One19:29
  • 2Exit! Part Two24:54

extraits vidéo

informations

Enregistré le vendredi 13 janvier 2012 au studio Fylkingen, Stockholm, par Sigge Krantz et Mikael Verliin. Mixé par Sigge Krantz et Fire! (Gustafsson, Berthling & Werliin) à Stockholm, au printemps 2012. Produit par Fire! Et Rune Grammofon.

Compositions par Fire! (Gustafsson, Berthling & Werliin). Paroles d'Arnold De Boer. Dirigé par Mats Gustafsson.

line up

Mats Gustafsson (sax ténor et traitements en direct), Mariam Wallentin (voix), Emil Svanängen (voix et guitare), Sofia Jernberg (voix), Niklas Barnö (trompette), Magnus Broo (trompette), Emil Standberg (trompette), Mats Äleklint (trombone), Per-Åke Holmlander (tuba), Anna Högberg (sax alto), Elin Larsson (sax ténor), Frederik Ljungkvixt (sax baryton et clarinette), Christer Bothe’n (clarinette basse et gumbri), Jonas Kullhammar (sax basse), Andreas Söderström (guitare), Sören Runolf (guitare), David Stackenäs (guitare), Sten Sandell (piano et électronique), Joachim Nordwall (électronique), Tomas Hallonsten (orgue), Johan Berthling (basse électrique), Joel Grip (basse), Joel Williamson (basse), Dan Berglund (basse), Adreas Werliin (batterie), Thomas Mera Gartz (batterie), Johan Holmegard (batterie), Raymond Strid (batterie).

chronique

Le feu nous pousse à l’extérieur : sortie de secours. Parfois le feu nous pousse à l’intérieur. Pris dans la chair. Ce sont les murs du lieu que l’incendie doit lécher, parois à noircir, à faire tomber ; que leur vide se mue en reliefs, en matières calcinées. Limites enfin friables, la trompeuse neutralité défaite. Le bâtiment – le piège létale et ses cases oppressives - qui, s’abimant, devient corps : comme nous mortel, souffrant.

Seulement ici – contrairement à ce qui survient lors des catastrophes véritables – ce ne sont pas, qui règnent et abolissent, la terreur, la mort, l’étouffement et l’annihilation. De la panique reste seulement l’excitation. La montée de forces vitales – substances galvanisantes, ressources chimiques, musculaires, intuitives ; sens accélérés, aiguisés, instantanément étendus ; tout ce qui propulse vers l’air libre. Et cet incendie là se fait bouffées exaltées, de gaz lucidogènes en fumerolles aux volumes hallucinés. Et les fleurs de flammes qui s’en exhalent se nomment groove lourd, lent, profond. Impromptus jazz-punk en courses martelées. Flots de guitares noise qui viennent soulever le sol, faire exploser le sillon du rythme, sa spirale qui guidait. Cuivres en percées filées ou en conglomérats d’impénétrable densité. Textes paradoxaux, aussi, directs mais intrigants – Exit on areas/I don’t want to leave/Exit on areas/Fire… – lancées par des voix assez inouïes.

Le Fire! Orchestra respire cet élément dévastateur ; le recrache en morceaux d’un plaisir sauvage, physique, en ébranlements brutaux ; infuse, infiltre par surprise l’envahissement d’une curieuse, d’une soudaine sérénité ; avant de nous replonger – tout consentants – dans la fournaise. Cet énorme Ensemble – Matts Gustaffson et vingt-sept autres musiciens, tout de même (à priori tous suédois, et dont les noms, je l’avoue, m’étaient jusqu’alors inconnus) ; à quoi s’ajoute le Hollandais Arnold de Boer, actuel chanteur du groupe The Ex, en pourvoyeur de cette étrange poésie, criée dès l’écriture, qui de toute évidence cherche bien autre chose que l’agrément – incontestablement, joue free. Au sens violent du terme – comme l’arrachement ne peut manquer de l’être. Au sens le plus riche, aussi. C’est à dire : fusion et collisions de savoirs, de techniques ; inventions dans la seconde et depuis des racines qui sont quêtes, triées, fantasmées sans doute, parfois, réimplantées en plein instant, en plein présent.

Mais d’où jaillissent donc ces voix incroyables qui s’éraillent et s’éclatent en stridences puissantes, aux vibrations véloces ; aux battements si nets, pourtant, qu’on pourrait les compter ? De quelles souches ceux-là ont-ils su tirer cette formidable maîtrise des mouvements de masses qui abruptement débouchent sur de quasi-silences, les organes plus tôt évoqués – de Sorcières ou d’Enchanteresses, de Voyantes, qui nous attirent au cœur du tumulte et dans ses accalmie, à travers les colonnes et les éboulis de braise ? D’un Grand Nord mythique, chamanique ? Peut-être… De chez Sun Ra – on penserait presque parfois à June Tyson, la Grande Prêtresse, la Déclamante favorite pour son Gospel Spatial – et de ses immenses Arkestra aux membres permutés sans cesse ? De l'Afrique délirée de l’Art Ensemble of Chicago, avec ses fanfares en dérapages, ses explosions de frottements harmoniques résolus parfois en limpides apogées de mélodies ? De chez Don Cherry – rappelons qu’il est passé, assez longuement, un temps, par la Scandinavie, s’y est marié, même, y a fait ses enfants – avec sa musique poreuse, sa curiosité pour les folklores autant que pour les dissonances extrêmes, spectrales, d’un Krysztof Penderecki avec qui, une fois au moins, il partagea l’affiche d’un festival ? Possible. On aurait pu dire aussi bien… Du côté du Ground Zero d’Otomo Yoshihide – Gustafsson, de plus, ayant joué avec celui-là au sein de The Thing – dans les lignes intriquées de leur Plays Standards aux formes chamboulées, ritournelles et fractures, rengaines et bouillonnements… Ou bien encore on pourrait dire Albert Ayler. Peu importe, à vrai dire, ou presque. Tous antécédents font là combustibles, aliment chimique d’une dynamique maîtrisée dans ses vastes mouvements, lâchée dans chacun de ses détails. Pas amnésique, oh non ! Mais où toutes réminiscence, tout souvenir furtif ou exactement détouré, revécu, jaillit par vertu de choc, se fait sensation, résonance connue avant de se formuler, image infiniment précise prise dans le faisceau de réponses physiologiques en bataille. Le feu ne se contient pas – ou jamais très longtemps.

Le feu sait où aller, en remontant et descendant, en suivant les lignes vitales. Le feu gagne vite, alentours, ne s’apaisera qu’une fois l’espace libéré. Les feux qui prennent dans les villes, dit-on – et autrement, dans les forêts – sont fulgurants dans leurs départs, interminables si on ne prend garde à tout de suite les arrêter. Celui-ci éteint – à contempler l’ampleur de l'empreinte laissée – on a du mal à croire qu’il ait paru si bref.

note       Publiée le samedi 20 juillet 2013

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    Cera Envoyez un message privé àCera

    Dans le registre "jazz", je n'accroche pas que on y trouve des éléments de pop/rock, du jazz vocal ou big band. Ce groupe mélange tout ça, entre autre, pour un rendu incroyablement puissant et unique (du moins je ne connais rien s'approchant de cet esthétique). Les 3 albums que j'ai (celui ci , enter et arrival) sont des pépites.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    on ne va pas tarder à voir ça, dommage que ça soit à l'International (ils vont deja prendre deux fois la scène pour s'installer il semblerait.

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    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Je me demande ce que ça donne, cette nouvelle mouture avec peu de soufflants et des violon(celle)s à la place

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Fire! orchestra en concert à l'International à Paris ce jeudi. A 14 musiciens tout de même.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Fire! en concert en plein à Villette Sonique fin mai; RIchard Dawson idem.

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