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Shackleton › Music For The Quiet Hour

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Gros Bidon      dimanche 2 octobre 2022 - 18:32
sergent_BUCK      lundi 6 février 2017 - 14:35
Reflection      lundi 7 novembre 2016 - 21:09
no      samedi 28 février 2015 - 02:01
Thomas      dimanche 25 janvier 2015 - 00:47
Rastignac      vendredi 14 novembre 2014 - 07:13
Scissor Man      samedi 20 juillet 2013 - 09:11
Wotzenknecht      lundi 15 juillet 2013 - 09:59
Raudus      mercredi 1 mars 2017 - 16:34
Ultimex      lundi 22 août 2022 - 15:48
Tallis      vendredi 3 septembre 2021 - 09:47
cyprine      dimanche 6 octobre 2013 - 00:39
Kronh      lundi 15 juillet 2013 - 09:40

cd • 5 titres • music for the quiet hour

  • 1Music For The Quiet Hour Part 1 7:35
  • 2Music For The Quiet Hour Part 2 16:36
  • 3Music For The Quiet Hour Part 3 12:25
  • 4Music For The Quiet Hour Part 4 21:17
  • 5Music For The Quiet Hour Part 5 6:53

cd • 10 titres • the drawbar organ eps

  • 1(For The) Love Of Weeping 8:20
  • 2Touched 5:58
  • 3Seven Present Tenses 7:08
  • 4Powerplant 6:13
  • 5Test Tubes 9:49
  • 6Dipping 2:05
  • 7Katyusha 11:09
  • 8Wish You Better 6:47
  • 9It Is Not Easy 4:54
  • 10There Is A Place For Us 9:40

informations

Mastering : Rashad Becker

La chronique ne concerne que la partie album, à savoir Music For The Quiet Hour, mais il est vendu de pair avec The Drawbar Organ EPs (en CD ou 3 x 12") qui seront (peut-être) chroniqués séparément.

line up

Sam Shackleton

Musiciens additionnels : Vengance Tenfold (voix)

chronique

La nuit, les temporalités se démènent. L'heure calme, c'est la nuit, c'est le temps solitaire, introverti ; un temps pour soi et en soi. "J'ai fait un album", dixit Shackleton - que dire de plus, puisque c'est ainsi qu'il justifie cette oeuvre, cette dernière étant une expérience absolue qui fonctionne à tous les niveaux d'écoutes, du plus distrait au plus impliqué. C'est bien évidemment au niveau le plus impliqué que tout se révèle à nous. La composition semble suivre le même cheminement que le cerveau la nuit, abandonné à ses rêveries, ses dérives, ses fantasmes. Ici la rêverie est électronique, la dérive acousmatique, le fantasme exotique. Music For The Quiet Hour se passe dans un ailleurs encore vierge, un "Absolute elsewhere" délimitant son propre univers comme savent le faire The Orb ou Coil, bien qu'à la dissection pas un élément ne se révèle fondamentalement nouveau ; les percussions et les basses ont quelque chose du Digital Mystikz de Return II Space, l'espace et l'atmosphère rappelle l'organicité d'un Not Breathing en plus raffiné, les effets sonores trahissent un certain amour pour les synthés modulaires et les voix – j'y reviendrai – empruntent autant au jeux sonores de Steve Reich qu'aux délires de Robert Ashley. Mais alors, qu'est-ce qui fait que tout fonctionne de cette manière miraculeusement fraîche, renouvelée, foisonnante ? Que se passe-t-il réellement une heure durant ? Il est bien difficile de le savoir. Les éléments s'assemblent, tranquillement ; les vocalises virevoltent avec les congas et les toms tandis que les basses retiennent l'espace sonore fermement ancré au sol. Et les liants qui donnent une dimension supplémentaire ici sont bien évidemment les apparitions aussi sporadiques que pétrifiantes des sentences de Vengance Tenfold, dont on connaît le pouvoir, décuplé par les découpages du musicien, (é)prouvées auparavant notamment sur 'The Rope Tightens' ou 'Death Is Not Final'. C'est autour de ces interventions que la musique se construit, même s'il lui faut parfois six minutes pour y parvenir ; elle suit sa propre logique, cryptique comme les mystères du subconscient, informelle et indomptable, tandis que les mots, lorsqu'ils se décident à apparaître, s'alignent de manière péremptoire et automatique. On ne fait que courir mentalement derrière le pas de danse de ces bribes de rêves qui frétillent, s'adonnent à un temps de repos, repartent en sautillant, tandis qu'en arrière-plan se prépare déjà l'évènement suivant : tel un prestidigitateur Shackleton vous fait suivre le parcours d'une mélodie tout en modifiant simultanément le rythme des basses, embrayant sur la séquence suivante en un tour de main et ce sans jamais se répéter. C'est déjà là un coup de maître, puisqu'il nous mêne par le bout du nez le long d'un chemin dans une jungle de percussions exotiques qui semble sans destination, comme par analogie avec son sens de la tension sur ses albums plus rythmés où il nous tient à l'affût de quelque relâchement qui n'arrivera jamais. Et en vérité, il va bel et bien se passer quelque chose ici ; il s'agit de cette quatrième partie, affichant plus de vingt minutes au compteur. C'est qu'il ne nous a pas hypnotisé par pur plaisir mais bien pour nous emporter jusqu'à cette pièce centrale, gigantesque trou noir sur le rebord duquel vacillent les derniers cut-ups d'une des dernières vocalises : "It is is is, and it is now". Sur des drones spatiaux et un rythme techno-organique qui n'est pas sans rappeler Time Music of Quasars du déjà cité Not Breathing, Vengance Tenfold aligne cette fois non pas des bribes de phrases à impact multiple mais un texte construit, très touchant et profond : une lettre écrite par lui-même, depuis le futur, à l'intention de son petit-fils. De la rêverie la plus abstraite, on est pris dans les profondeurs de l'âme par une machine qui opère sur tous les niveaux ; physiologique, acousmatique, poétique, géopolitique et sociologique. À aucun moment le texte n'est placardé sur la musique : ils marchent main dans la main, un mot se répétant soudainement en contrepoint d'un battement, une phrase glissant sur une nappe ou s'emportant dans les échos d'un drone ascendant ; chaque mot est soigneusement pesé et les phrases clefs sont magnifiées formellement, presque topographiquement, dans un relief sonore où le poids des interventions forge l'espace sonore toujours vaste – les phrases sont parfois espacées de plusieurs minutes - avant de le pulvériser dans un tourbillon de répétitions jusqu'à ce que tout revienne à son point le plus calme, donc, le plus tendu. Est-ce sombre ? Pas plus que lumineux ; c'est à mon sens au delà d'une conception dualiste du sentiment ; opérant comme le Confield d'Autechre bien loin d'une quelconque colorimétrie perceptive. La nuit cède finalement, avec une dernière partie ascendante pour nous faire ressortir sans heurt du trou dans lequel les deux artistes nous ont plongé ; et finalement braise de nuit deviendra cendre du matin. Rentrez chez vous Demdike Stare, Raime, Burial : Shackleton a fait un album.

note       Publiée le dimanche 14 juillet 2013

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Formellement un des disques à la plasticité la plus proche

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Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Je ne vais pas paraphraser la chronique de Wotzenknecht qui est d'une justesse absolue. Cet album est une merveille très rare que tous les amateurs de musique électro-acoustique apprécieront à sa juste valeur. On est au sommet de la création, silence et écoutons.

Message édité le 02-10-2022 à 18:33 par Gros Bidon

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Raudus Envoyez un message privé àRaudus
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Tout à fait, du moins sur le site de Honest Jon's Recordings. L'artwork est classe, d'ailleurs.

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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Ouaip, uniquement en vinyle pour le moment, si je ne m'abuse ?

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Raudus Envoyez un message privé àRaudus
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Son dernier album "Sferic Ghost Transmits" est sorti depuis peu, pour ceux que ça intéresse.

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22goingon23 Envoyez un message privé à22goingon23

la collab Pinch & Shackleton est une petite merveille enivrante