Tiga › American Gigolo

Le didjé du pays de l'érable en oeuvre sur ce mix, pendant qu'il devenait la coqueluche emballée-pesée du jet-setteur du pays du pastis un peu pointilleux sur le rétro, remixait aussi Cabaret Voltaire et Tuxedomoon. Tiga savait allier vulgos et expérimental, vu que ses piles de crêpes étaient vraisemblablement plus variées que le commun du DJ-beau-gosse à culture electro étoffée, même si un Wotzenknecht ira quelques années plus tard beaucoup plus loin en termes d'audace (ne serait-ce que capillaire). Tiga mêlait sonorités detroit, italodisco, minimal tech, synth-pop, EBM, et j'en passe, avec la même aisance de petit con talentueux. Des alliances telles que les modestes aberrations que certains pointeront sont donc plus que pertinentes, ici : d'ailleurs elles le sont tellement qu'à l'écoute on y pense même pas. Et c'est un peu ça la magie du mix. L'exercice imposé par la vitrine du label Deejay Gigolo (concomitant avec la sortie du premier Kittin-Hacker) est dépassé par le charme liquide : plutôt que de balancer du gros beat dans-ta-face d'entrée et d'emblée (il le fera sur la fin) Tiga préfère opter pour la technique de l'infusion longue, et sertir les originaux de toute une gamme de petits sons cristallins très karacho et d'autres petits détails et modulations sonores que j'ai pas vraiment envie de décrire mais qui en font tout le charme pervers-addictif. J'ai écouté et réécouté cette merde à plusieurs reprises depuis des années, et ça tient toujours salement la route, la réécoute confirme d'ailleurs qu'il est comme un coq en pâte dans nos archives, tant cette suite aspire dans son microvortex, que l'écoute soit active ou passive. Le mix démarre sympathiquement, binaire de secteur tertiaire, noctambule voire smarty tendance cocobongo - ce qui ne veut rien dire pour toute personne en dehors de moi je l'admets, mais je le pense profondément - puis tranquillou façon rodage expert des néons, la sève monte lentement, jusqu'à cette reprise imparable et cryogénique de Corey Hart qui fait toujours son petit effet. Trans...itions exquises, puisqu'imperceptibles. Tout s'aligne ensuite assez imparablement on da dancefloor of your cerveau : on reste branché sur ce pouls des after hours, ne différenciant plus trop le bon grain de l'ivresse, le chewy du boucy, le tube de l'ultra-extented-overextented-mix... car tout devient grosso mojito un seul et même fluide house, comme l'insomnie d'un paparazzi éphébophile et frugivore qui évoluerait au milieu d'une boîte montréalaise de six étages ne sachant plus trop où est passée sa cible à 6 millions Carla Lear, à travers l'ondulation trouble et un peu nauséeuse des silhouettes gorgées de vodka. Sous le scintillant, le rampant.