Un cauchemar au ralenti. Un cauchemar en noir et blanc. Bien plus radical que Som Sakrifis, par lequel je suis entré – et paradoxalement bien moins apocalyptique. Drone jusqu'au bout des cordes. Mélodies aussi rare qu'un oasis dans un désert de cendre. Modulations microscopiques, minimalismes réductionnistes, et pourtant une ampleur gigantesque. Maximum volume, vous connaissez la suite. L'acoustique phénoménalement dense de la contrebasse rencontre les oscillations électroniques, dans ce qu'on pourrait appeler une copulation harmonique à court terme. À peine un cœur qui bat. Car malgré sa pochette un peu austère, Roto Vildblomma se révèle vite absolument mystique. Les plages, relativement courtes, n'invitent à rien d'autre que la contemplation, la palpation de la matière sonore, l'épaisseur monotone quasi cosmique de la vibration de l'air. Après on peut y mettre ce qu'on veut dessus. Un peu d'ennui, certainement. Un petit manque d'idée, aussi. À la question, peut-on aimer un disque pour le son, on a envie de répondre oui. Oui, mais ça suffit pas. Et ce n'est pas ce dernier titre, étrange jazz magnifique aliénant mais complètement hors sujet, qui nous fera dire le contraire.