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Wipers › Over the edge

cd • 18 titres • 00:00 min

  • 1Over The Edge
  • 2Doom Town
  • 3So Young
  • 4Messenger
  • 5Romeo
  • 6Now Is The Time
  • 7What Is
  • 8No One Wants An Alien
  • 9The Lonely One
  • 10No Generation Gap
  • 11This Time
  • bonus tracks
  • 12Mistaken ID
  • 13No Solution
  • 14Doom Town
  • 15The Lonely One
  • 16Now Is The Time
  • 17Romeo
  • 18Our Past Life

informations

Enregistré à Mead St. PDX - Produit par Greg Sage

La version chroniquée ici est celle de la réédition 3cd "Wipers Box Set", qui respecte la tracklist du lp original , en y ajoutant des bonus tracks.

line up

Brad Davidson (basse), Brad Naish (battrie), Greg Sage (guitare, chant, lyrics)

chronique

“It’s not the truth I see / It’s just a mockery / Don’t need to waste my time”. Nous y voilà. 1983. Les attitudes et les tendances consuméristes ont sonné le glas de l'utopie hardcore, et les Wipers de Greg Sage sont ostracisés, relégués aux oubliettes d’une histoire qui a déjà bien enterré le punk énergique et sincère du groupe, de facture plus anglaise qu’Américaine... si l’on s’en tient à la seule musique. Mais cette entrée en matière, cette voix écorchée et à la rage brute de fonderie, elle a quelque chose à nous dire. Over the edge, c’est la marche lente et résignée du Misfit qui rentre chez lui après avoir renoncé une fois pour toutes aux jeux de la sociabilité, écœuré par le simulacre hollywoodien qu’elle offre. Ce n’est pas qu’il court après l’authenticité ou l’expression à tout prix, c’est juste que tout ça lui fout une nausée monumentale, et il faut qu’il rentre chez lui faire vomir ses amplis, vite. “You take and never give / Make it so hard to live / I'm hangin' on a ledge / Push me over the edge.” Si c’est pour se retrouver en chien, autant en finir tout de suite. No One Wants An Alien va encore plus loin, quasiment une ballade, d’une crudité aberrante, où ce grand échalas dépourvu d’amis, rejeté de tous, expose son état sans honte et demande même "Does it really show ?"…Et quand perle la guitare bleue et lancinante de The Lonely One, c’est la dernière goutte, le somnifère de trop, la prise de tête qui se transforme en cauchemar intégral. La voix de Sage devient presque insupportable, pourtant le texte tendrait presque à réconforter les solitaires comme lui… Mais la souffrance est trop palpable, et écouter ça fait plus de peine que de bien. Tant de groupes, au sein du grunge et ailleurs, se reconnaîtront dans la frustration, devenue résignation de Sage. Doom Town, c’est Portland, mais toutes les villes trop pluvieuses et trop réac du nord-est américain peuvent s’y retrouver. L’urgence de la chanson titre se retrouve certes sur This Time ou sur l’inquiétant So Young ; mais la patate de Is This Real ou de Youth Of America (la chanson) a disparu derrière la douleur de la solitude, qui suppure de chaque recoin, comme émanant des murs. Et puis à la fin de face A, soudain, elle revient. L’urgence ; celle de Romeo, justement issu des sessions du même Y.O.A. On l’aura compris : ce Romeo-là n’a rien du héros romantique de Shakespeare. Celui-là rôde la nuit à la recherche de sa Juliette, celle qui fantasme sur le chef du gang de Bikers d’en face. Mais ce qu’il va lui faire voir, Romeo, c’est que lui est un gang de bikers à lui tout seul, et qu’il ne vit que pour la nuit. Ce tube miraculeux, que n’auraient pas reniés Gun Club voire Alan Vega, rattrape à lui tout seul les 3-4 titres faiblards du disque, et il y aurait de quoi en écrire une nouvelle. Avec ce Over the Edge s’achève la période la plus culte des Wipers. Youth of America était le dernier opus où Greg Sage allait se sentir partie de cette jeunesse frustrée, désormais ses textes parleront surtout de dépression et d’une aliénation bel et bien accomplie, irréversible. C’est une transition, depuis Is This Real, vers quelque chose de beaucoup plus sombre, qui délaisse le style nerveux et mélodique à la Buzzcocks pour se tourner vers une introspection sans pitié. Bien sûr, si l’on fait abstraction des paroles (il y a pourtant de quoi se douter de ce qui se trame rien que par le ton de Greg Sage, pas besoin de croiser son regard de tueur), ce disque reste certes plus mélodique que tout ce qui se faisait en hardcore en 83, en ces temps pré-indie. Les Wipers n’en sont pas moins extrêmes, plus que nombre de groupes crachant leurs tripes... Surtout sur cet album, qui lamine tout espoir et renvoie l’auditeur à sa misérable condition… Homo Sapiens : bipède grégaire et animal social aux mœurs particulièrement évolués. Nait, vit et meurt seul dans sa tête.

note       Publiée le samedi 22 juin 2013

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No background Envoyez un message privé àNo background

A toutes les chances de finir dans mon top 5 de 1983. Y a l'agressivité de Black Flag, les mélodies et le spleen de The Sound, les "whoo!" d'Alan Vega... mais surtout ce feeling qui sent le grunge avant l'heure. Deux trois titres plus rapides et moins chargés (comme Messenger) nuisent un peu à l'effet bloc négatif, mais ça prend bien aux tripes.

Note donnée au disque :       
No background Envoyez un message privé àNo background

Pas la baffasse qu'a été My war, mais du tout bon (Youth of America est très bon aussi). Je vais peut-être enfin élargir mes connaissances punk qui se limitent à Black Flag. Je n'avais jamais ressenti l'envie d'aller plus loin tellement ça me semblait ultime.

Note donnée au disque :       
Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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J?ai fait simple, j'ai chopé une compilation groupant les 3 albums car ils sont tous indispensables !

Raven Envoyez un message privé àRaven
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je parlais du personnage en lui-même, hors-considération audio... même si comme tu le dis y a pas de complaisance dans l'isolement (on est à l'opposé des Cure de Pornography). pour la musique c'est directement le poignard, comme tu m'avais judicieusement prévenu

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Celui-là est une écharde dans le coeur... Bien le contraire d'inatteignable, pour ma part. Je trouve la souffrance de Greg Sage 1000 fois plus grunge et touchante que celle de Staley, par exemple... Question de vécu, et de non-vécu (junkie business) sans doute. En tout cas, ne pas se fier à la pochette, qui fait presque penser à Loveless... Ou plutot si, si on la rapproche de "Kill for Love". C'est vraiment un album de Loner, mais de Loner pas content d'être Loner... Je pense pas que jle réécouterai tous les jours, hormis Romeo (toutes les nuits au réveil, avant d'aller poignarder dans les terrains vagues, bien sûr). Romeo qui EST le rock'n'roll, je l'ai pas dit ?