Bloody Dead And Sexy › Bad ambient

Cinq ans entre 'Narcotic room' et 'An eye on you', seulement trois entre ce dernier et le nouvel opus...Ca n'a rien d'un hasard. En effet si le troisième essai demeurait très correct, inutile de cacher qu'il sonnait un cran en dessous des autres et certains craignaient que les Allemands de Bloody Dead and Sexy ne soient déjà au bout de leur créativité, les concepts de longévité et de carrière n'étant hélas pas des évidences pour les combos du genre par les temps qui courent. Puis, il y avait eu le formidable ep 'Liquid grey' en 2011 qui témoignait clairement d'un regain d'inspiration, regain largement confirmé avec l'arrivée de ce 'Bad ambient' qui va ravir les fans du groupe et peut-être les autres. Il faut dire que les musiciens ne sont pas venus les mains vides puisqu'au rayon des bonnes surprises, on note la participation de Gitane Demone sur deux titres dont une reprise des Doors, ainsi que celle de Kenton Holmes (Akubi Object) sur un autre. Ce n'est pas tout, en termes d'ambiance, voilà probablement le disque le plus riche, le plus nuancé, produit par nos Allemands. Il y a bien entendu les chansons orientées deathrock, très inspirées en termes de mélodies comme par exemple 'One by one' (clairement un potentiel de tube, cette pièce-là), 'Never street', 'Torn velvet blues' ou 'Without' (excellent jeu de percussions), mais d'autres plus interlopes et brumeuses dans leurs climats, ainsi 'Bring out your dead' et son refrain poignant, 'Gloom within' dans lequel on décèle presque de lointaines influences bluesy, l'excellent 'Plastic night sky' où les choeurs de Gitane renforcent l'aspect hanté du morceau, sans oublier un 'Home is where my heart may rest' purement cabaret blues à la base avec piano, basse nocturne, lambeaux de guitares épars, le temps d'égrainer amertume et tristesse dans des odeurs de fond de verre et de mégots froids avant un final plus appuyé où le désespoir éclate. Ce sont ces éléments qui témoignent de l'évolution du groupe, certes toujours capable de nous asséner des pièces 'rentre dedans' de haute qualité mais aussi de travailler ses évocations. Cela lui permet de s'approprier totalement le 'End of the night' des Doors pour en livrer une version complètement barrée et décadente. Pas une pièce faible, aucune chanson n'ayant rien à dire, des instrumentations travaillées, l'album s'écoule sans longueur, variant ses climats sans perdre une cohérence vénéneuse, laquelle se retrouve même sur la treizième pièce bonus de l'édition limitée que j'apprécie beaucoup personnellement de par ses sonorités d'orgue fantomatiques. Si le cap du troisième disque avait semblé un peu ardu à franchir, plus d'inquiétude, c'est un Bloody Dead and Sexy en pleine possession de ses moyens qui vous offre cette galette alors régalez-vous mes amis.