CCCP › Live in Punkow

Quand on a statut aussi culte que celui de CCCP, on se devait de produire un live mais ledit live ne sortira en fait qu'en 1996 soit près de cinq ans après la séparation du groupe. Certains ont spéculé quant à la voracité de Virgin qui tentait de rentabiliser la légende mais Giovanni Lindo Ferretti, sûr de lui, assume pleinement cette sortie et confesse qu'avoir écouté ce cd lui a plutôt fait chaud au coeur. Probable en effet que nombre de souvenirs ont dû revenir à la surface puisque 'Live in Punkow' (jeu de mot sur 'punk' et 'Pankow', quartier de Berlin) compile divers extraits de concerts donnés au cours des eighties. Le livret plutôt soigné avec sa forme de mini poster illustré de nombre de photos dévoile cette étrange introduction: 'Ce disque sonne comme une Trabant. Trois cylindres, trois vitesses, première, seconde, troisième. Quelques chansons en mono, d'autres en pseudo-stereo, des citations diverses, des interprétations bien senties, des dissonances pénibles. Basse fidélité quant à la qualité de la technique, haute fidélité à la ligne du programme'...Du CCCP tout craché, quoi, même d'outre-tombe. Démarche mercantile de la part du label ou non, cet album ne dépareille pas dans la discographie tant il traduit l'esprit du combo. A commencer par cette boîte à rythmes, sèche et binaire à souhait qui se détache assez nettement au mixage puis le chant à deux cents à l'heure si spécial de Feretti qui débite ses paroles comme autant de slogans à la vitesse d'un train en marche, sans oublier l'humour cher aux musiciens sous forme d'extraits de conversations, de discours ('Spot', Militanz'). C'est aussi l'occasion d'écouter leur aspect le plus brut et le plus punk, même si parfois la production a beaucoup épuré l'aspect live de certains titres (peu de bruits du public ou d'applaudissements) mais pas le message. Des inédits et des curiosités, ce disque en propose, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités, ainsi 'La profezia della Sibilla' qui détourne le slogan publicitaire de la firme Aiazzone spécialisée dans les meubles, 'Militanz' durant lequel Feretti scande des passages du 'Dies Irae' (dont CCCP fera un titre plus tard) ou encore 'La Madonna appare', en fait le passage final d'un spectacle de théâtre, 'Allerghia', crée par le groupe, sans oublier une piste fantôme probablement extraite de répétitions (quand le combo s'appelait encore Mitropank) à la qualité sonore assez désastreuse, du punk pur jus ! Bref, entre ces spécialités, les morceaux connus, ceux moins connus ou inédits, le tout dans une fausse ambiance de joyeux bordel, il y a vraiment de quoi faire.