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Scott Walker › Scott 4

  • 2008 • Fontana 510 882-2 • 1 CD

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Membre Note Date
zugal21      vendredi 5 janvier 2018 - 22:30
Raven      samedi 7 janvier 2017 - 19:01
Serge      jeudi 9 mai 2013 - 23:26
Int      dimanche 29 janvier 2023 - 14:49
EyeLovya      lundi 27 mars 2017 - 21:22
Dioneo      dimanche 12 mai 2013 - 14:16
Karamazov      vendredi 10 mai 2013 - 05:32
Saïmone      jeudi 9 mai 2013 - 21:57
Ultimex      jeudi 19 mai 2022 - 11:42
Moonloop      dimanche 12 mai 2013 - 14:29
torquemada      vendredi 10 mai 2013 - 09:09
cyprine      dimanche 16 juin 2013 - 10:37

cd • 10 titres • 00:00 min

  • 1The Seventh Seal
  • 2On Your Own Again
  • 3The World's Strongest Man
  • 4Angels Of Ashes
  • 5Boy Child
  • 6Hero Of The War
  • 7The Old Man's Back Again (Dedicated To The Neo-Stalinist Regime)
  • 8Duchess
  • 9Get Behind Me
  • 10Rhymes Of Goodbye

informations

Produit par John Franz - CD Remastererisé par Simon Heyworth Accompagnement dirigé par Keith Roberts , Peter Knight, et Wally Stott - ingé-sons : Adrian Kerridge, Keith Grant Producer – John Franz

Design par John Constable

line up

non renseigné

chronique

Chroniquer, et encore plus, noter un disque de Scott Walker n’est pas chose aisée. On est face à l’un des musiciens les plus mystérieux et envoutants du siècle passé, sorte de Thomas Pynchon musical, reclus notoire dont l’académisme apparent et l’opulence instrumentale cache en réalité une poésie brûlante, littéraire et ombrageuse. Essayons, par ce qui ne peut être que des suppositions, de décrire l’artiste qui nous est donné à voir par ce Scott 4 ; jeune homme fragile, gracile et habité par des visions souveraines, qui le rendent irréel. En cette fin des années 60, Walker semble vivre dans un studio, entouré de musiciens à son service, totalement coupé des soubresauts du monde. Même quand il dénonce le "régime néostalinien" en URSS, auquel il dédie The Old Man’s Back Again, il le fait évoquant Staline, donc le passé. Ses histoires n’ont pas d’age, ou bien elles sont celles du début du siècle… Elles évoquent une quête au long cours, à l’opposé des regards des masses, quête qui semble avoir fait de Walker le dépositaire d’un secret indicible, aussi le protège-t-il derrière ses remparts de cordes, épais murs qui renferment une ombre diaphane et intouchable. C’est à cette quête qu’on pense quand démarre la chevauchée du grandiose Seventh Seal, inspiré du film de Bergman… Comment décrire par des mots ? Le texte absolument sublime de Walker parle de lui-même. L’arrangement est à se damner – et la damnation, on est en plein dedans - entre flamenco et multiples reflets orchestraux. Walker bombe le torse, s’offre comme jamais, et touche à l’absolu, à la fable éternelle… Sa chanson est un archétype, elle défile comme un mythe raconté aux enfants depuis des générations, quelque chose qui était déjà là des siècles avant et le sera après. Comme sur Scott 1, le contrepied apporté par le confort nuageux des chansons suivantes est voulu comme un atterrissage… Mais bien vite, on reprend de la hauteur pour contempler sous nos ailes les gorges abruptes qui serpentent dans les Alpes : The Angels of Ashes. Qui sont les anges des cendres ? Pourquoi ça nous file la chair de poule alors que le texte est l’un des plus obscurs jamais vus ? Quelle est cette initiation dont parle Walker, et à laquelle renvoie Boy Child, qui succède ? À la quête hédoniste et collective des hippies, Walker oppose une histoire d’expéditions nocturnes dans les "cuisses de la ville", chez une dame aux pouvoirs mystérieux, près des cours oubliées et des "miroirs bénis par les fêlures". Une chose est sûre, non, deux : ce type n’est pas humain, et nous sommes tout petits. Ecouter au casque, c’est trembler littéralement de vertige devant ces abîmes de cordes, Sublimes, au sens romantique du terme… Les revoilà en aplats impressionnistes sur Hero of the War, au texte impitoyable : Walker regarde les tragédies humaines tel un Dieu désabusé. Et Old Man’s Back Again… Bon dieu, la basse, les sursauts de cordes… "His mother named him Ivan, then she died…". Gloups. D’où sort un tel génie, de quels tréfonds vient cette voix ? La fin de l’album est un peu pompeuse, mais le chant de Walker et cette basse caillouteuse emporte toute réticence. Le maître n’a pas perdu une once de mystère ici, ni gagné un pouce de forme humaine. Il a pourtant sorti cet opus sous le nom de Noel Scott Engel, avant de se raviser. C’est le premier disque où il prend le parti-pris de ne proposer que des compos originales, lui qui aura enregistré plus de reprises que de compos dans sa carrière… Le résultat, alors que l’artiste était acclamé en Angleterre, fait un flop. Est-ce à cause de cela qu’il décide alors de retirer le disque de la vente, ou de son côté profondément personnel ? Par la suite, et sans que l’arrangeur John Franz ne quitte le navire, Scott prendra une toute autre direction, inaugurant dès l’année suivante une décennie 70 placée sous le signe de la facilité, des reprises confortables et des pochettes souriantes. Il n’y aura jamais de Scott 5. Que s’est-il passé ? Comme pour une grande partie de la vie et des choix de ce personnage culte, la question reste pleine et entière. Cela a toujours rendu ce Scott 4 – évidemment impossible à trouver en original – d’autant plus mythique, encore plus nimbé de son halo de cordes célestes que les précédents opus, si cela est seulement concevable. Aujourd’hui, on trouve le cd partout pour 2 ou 3 euros, et il s’agit probablement de la première percée de l’artiste dans le monde suffoquant et interlope de Tilt et The Drift, monde encore ici abordé avec un certain romantisme conquérant. Quant Walker se décidera finalement à y retourner, sur la face A de l’album Nite Flights des Walker Brothers (comme par hasard aussi rare qu’une relique égyptienne lui aussi, mais sans réédition cd !), les environs auront bien changé et le ciel se sera chargé d’humeurs noires… Pour l’heure, Scott 4 est ce chef d’œuvre de raffinement et de justesse qui nous met dans la peau d’un monarque surpuissant, contemplant les tourments et les rêveries du monde du haut de sa forteresse. Pourquoi Scott Walker prend désormais près d’une décennie entre chaque disque ? Parce qu’il déjà vécu 3 siècles et en vivra encore un ou deux s’il continue à s’abriter du soleil… Et que le temps ne s’écoule pas pareil là-haut...

note       Publiée le jeudi 9 mai 2013

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    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    CD chopé d'okaze à 2 €. Rapport qualité/prix imbattable.

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    L'ouverture suprême.

    Note donnée au disque :       
    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    Alors ça c'est une putain de bonne nouvelle ; surtout à moins de trente boules le coffret ! (til the bands come in il tape à combien ? cent boules ?)

    Note donnée au disque :       
    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    Les 5 premiers albums de Scott Walker viennent de ressortir dans un coffret. Je me laisserais bien tenter moi...

    Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

    Je plongerais plus aisément dans le regard et la poésie du Scott 3 quand même... Peut-être que les cordes y sont plus présentes et tissent la toile d'un onirisme qui m'interpelle davantage (je pense au morceau d'ouverture "It's Raining Today", entre autres) ... Peut-être est-il plus 'nocturne' aussi...

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