Mi Ami › Watersports

Lors de mon premier contact avec Watersports, je l'avoue, mes sens ont été surpris de la plus exquise et délicate des façons. Cet album est un authentique ovni en ce qui me concerne. Je sais que le mot "ovni" n'a plus aucun sens ici, tant nous en avons usé et abusé, d'ailleurs il est un peu ridicule, mais qu'est précisément Mi Ami alors, au juste, dites-moi ? Il n'y a pas eu foule d'objets aussi dingoniriques, dans tout ce qui est affilié au post-punk, depuis les premiers Pere Ubu. Watersports est drôle d'album, purement instinctif, qui nous monte très vite à la tête et dont le grotesque patenté n'a d'égal que la beauté versatile et hantée. L'androgyne au micro est hystéricofantômatique. Les notes de guitare éclatent comme des bulles de savon. Les percussions sont une bruine de paillettes. Le funk y est ether, insomnie, et molle angoisse. Il y a du spectre de tube dance punk filiforme et chatouilleur. Et de la reverb, beaucoup de reverb, pas parce que c'est tendance ou dub mais parce que ça oxygène. Il faut dire, Mi Ami semblent assez fétichistes de l'écho (d'ailleurs un de leurs albums s'appelle Dauphins), et plus Watersports couine, comme la petite souris masquée qu'il est, plus nous viennent des visions de poltergeist transsexuel. Complètement aigrelet et maigrelet de fantaisie rose-vaudou. Et pourtant, on reste branché dessus, un peu paumé... et ça nous emmène... on ne sait pas trop où, mais haut. Et, comme chez les vieux Pere Ubu, voire le Can de Tago Mago, une menace plane derrière cette hypnose aérienne, une menace sournoise, nocturne, un arrière-goût d'occultisme tenace. Avant de savoir si tout ça se conclura façon Priscilla folle du désert ou Puppet master, c'est l'hypnotrip béat et insouciant. Flippé et psyché comme un soir d'halloween fêté au poppers par des étudiants en stylisme dans une nurserie isolée de banlieue dunkerquoise. Pour le coup l'effet "album curiosité-frivole" très risqué avec ce genre de jeu d'équilibriste en général, est transcendé : c'est addictif, et même si l'effet retombe vite, on en reprend, car c'est addictif, et même si l'effet retombe vite, on en re... eh ! Stop petite souris masquée ! Je suis ton ami ! Hihihihi !... Lunaire, erratique, et forcément... érotique.