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Traumklang › Homophony
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On trouve des infos et on peut entendre des extraits MP3 de Homophony ici: http://www.syngate.biz/epages/15513652.sf/de_DE/?ViewObjectID=30018837
line up
Carola Kern (Keyboards, synthé et FX)
chronique
Lorsque je m'attaque à une chronique, je débute avec beaucoup d'insouciance. Je mets le skeud dans mon lecteur de CD et je lis ou je joue aux échecs. Et quand mes yeux sourcillent à certains passages, je sais que j'ai dans les oreilles un album qui a du potentiel. Mais lorsque je ne suis plus capable de lire, ou de me concentrer à jouer aux échecs, je comprends que j'ai quelque chose de très gros. Et pourtant…Quoi penser de “Homophony”? Eh bien je commencerais par écrire que c'est un album d'une simplicité déconcertante qui est érigé autour de deux longs titres fleuves. Un album à prime abord très abordable qui magnétise l'attention de par ces multiples couches d'harmonies et de rythmes tranquilles qui s'empilent sur de longues structures minimalistes. Ces harmonies et ces rythmes candides s'infiltrent dans nos oreilles, tissant d'inépuisables vers d'oreilles qui charment autant qu'ils hantent sur des mouvements minimalistes imprégnés de ce stoïcisme Teutonique qu'est le Berlin School cybernétique. Voilà! Vous avez le topo. Mais ai-je bien insisté pour dire que vous allez être magnétisé? Voici comment ça se produira.
Tout d'abord "Längst vergangene Zeiten" nous entraîne tout de go dans l'enchanteur univers minimaliste de “Homophony” avec un rythme Teutonique froid. C'est un genre de synth-pop à la Kraftwerk qui manque de vitamine au niveau des percussions robotisées et dont chaque coup émascule son alter-ego qui tinte d'une extase hoquetant sous les ondes torsadées d'un synthé noir et de ses brumes iridescentes. En fait, c'est un prétexte métronomique au délicieux "Musique, Antique, Electronique" dont les vents creux font le pont entre les deux titres. Et "Musique, Antique, Electronique" vous rivera dans le confort votre béatitude avec ses sinueuses ondes flottantes qui soulèvent de délicates percussions, initiant un rythme progressant avec douceur sous les couches d'une orgue aux tonalités des années de la Flower Power. D'autres percussions, plus robotiques, estampent une structure finement saccadée qui égrènera les 13 premières minutes d'un mouvement minimaliste hypnotisant, comme un serpent aux ondulations sautillantes, auquel s'ajoute moult éléments soniques tel que des tonalités organiques, des tintements éparpillés, des harmonies aux tonalités hybride et des lignes de synthé aux formes pluralistes parfois stridentes, stroboscopiques ou abstraites mais toujours harmonieuses qui échangent parfois leurs harmonies pour des solos en forme de brouillard cosmique et des ondes vampiriques. À première écoute ça peut paraître simpliste, mais je peux vous garantir que l'ensorcèlement qui forge ces vers d'oreilles vient assez vite sur cette structure qui hoquète et se balance dans une ambiance mi-psychédélique et mi-teutonique. "Musique, Antique, Electronique" trébuche dans un dense magma cosmique après sa 13ième minute où un trou noir respire de tonalités hétéroclites qui sautillent dans les vents absorbants du néant. Une fine onde de synthé en émerge et pulse délicatement jusqu'à l’intro de "Just for Fun" dont l'amorce est une fusion des joyeuses sambas électroniques de Baffo Banfi et Jean Michel Jarre qui élaborent ses pas de danse dans une faune sonore sonnant comme un Kraftwerk juvénile avec des gaz psychédélique (pouett-pouett, tchou-tchou). Sic!
"Gleichklang" entreprend la 2ième portion du voyage cérébral de “Homophony” avec de denses couches de synthé dont les oscillations échoïques sont tapissées de brume irisée. Même cloîtrée dans un mutisme ambiant, la structure s'anime délicatement, pulsant avec une douceur dans les harmonies chétives des arpèges hésitants qui sautillent maladroitement dans cet intense bain de brouillard lunaire. Puis vient "Cuculidae", le véritable joyau de “Homophony”. Des gouttes d'eau suintent sur les parois du mur terrestre, moulant une tranquille symphonie halieutique qui se laisse caresser par des coucous d'hiboux diurnes. On se croirait dans l'univers de Kitaro et son célèbre Full Moon Story avec ces éléments paradisiaques qui entourent nos oreilles d'une fascinante ode à la nature. Et c'est dans la sérénité la plus complète que Carola Kern habille, pan par pan, cet étonnant délice musical qui ne cessera de nous charmer tout au long de sa lente évolution. Faut entendre ses cris d'oiseaux tropicaux embrasser cette sérénité, magnétisant notre attention alors que subtilement une ligne de séquences étend sa série d'ions charmeurs d'oreilles onduler avec aphasie comme une nuée de serpenteaux de verre dont les loves s'emboutent dans l'éden des nénuphars flottants. On ne peut ignorer les charmes des mouvements des séquences de Richard Pinhas sur Iceland qui embaument les harmonies de cette longue kermesse musicale minimaliste, alors que les ondes de synthé roucoulent continuellement dans ce pattern aux milles couleurs harmoniques. C'est tout simplement superbe et on voudrait que cette oblongue berceuse minimaliste dure bien plus que ses 20 minutes. Un délice d’hypnose et d'abandon! Et un peu comme avec "Just For Fun", "More Fun" détonne avec une approche robotique à la Kraftwerk où les bruits agaçants du trafic, et autres bruits iconoclastes, surplombent un rythme saccadé et froid interprété par une gang de robots sous calmants.
J'ai été agréablement surpris par cet album de Traumklang. “Homophony” est un pur délice d'hypnotisme et d'envoûtement où les vers d'oreilles prolifèrent dans un décor musical aussi enchanteur que surréaliste. Ce n'est pas compliqué, à la limite simplette, mais superbement bien orchestré par Carola Kern qui étonne derrière ses consoles en livrant un excellent opus que je recommande sans hésitations.
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