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Dirtmusic › Bu Bir Ruya

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mroctobre      mercredi 19 juillet 2023 - 17:41

cd • 7 titres

  • 1Bi De Sen Söyle7:57
  • 2The Border Crossing5:42
  • 3Go the Distance6:50
  • 4Love is a Foreign Country4:36
  • 5Safety in Numbers6:44
  • 6Outrage6:44
  • 7Bu Bir Ruya3:37

informations

Enregistré à Istanbul, Décembre 2016 à Saniki Studio, Maslak & A2 Studio (Tünel). Produit par Murat Ertel, Hugo Race & Chris Eckman

line up

Chris Eckman (chant, guitare, boucles, kalimba), Murat Ertel (chant, saz électrique, divan saz, bağlama rhythm machine), Hugo Race (chant, guitares, basse, boucles, programmation)

Musiciens additionnels : Gaye Su Akyol (chant 4), Brenna MacCrimmon (chant 1, 5), Ümit Adakale (darbuka, davul, bendir, percussions), Görkem ?en (yaybahar)

chronique

Les frontières, les lignes de démarcation, les murs, les barbelés, ce n’est pas trop l’affaire de Dirtmusic. Originellement créée pour développer un son de blues et de country à tendance expressionniste par des anciens membres des Walkabouts (Chris Eckman), des Bad Seeds (Hugo Race) et de Codeine (Chris Brokaw), voilà que leur chemin croise d’autres musiques, d’autres histoires, notamment le groupe de musiciens maliens Tamikrest. A partir de là, difficile de continuer à se cantonner à cette bonne vieille americana. Back to the futur : Eckman, installé alors en Slovénie, fonde le label Glitterbeat pour justement promouvoir d’autres musiques, de n’importe où sur le globe. C’est dans cette optique que celui-ci publie une compilation rétrospective du groupe fondateur de folk-psyché-dub turc BaBa ZuLa. Istanbul, en voilà une bonne idée de destination ! C’est alors que s’intègre naturellement Murat Ertel, le diabolique joueur de saz électrique et figure majeure du renouveau de l’anatolian rock depuis le début des années quatre-vingt dix (ZeN, c’était déjà lui) à la formation Dirtmusic. Avec l’apport de percussions du cru, le son du nouveau trio (sans Brokaw) baigne dans une atmosphère à la fois planante et pesante, de blues oriental psychédélique imbibé d’hypnose un peu dub sur les bords (l’autre influence de Ertel) pour des récits plus narrés que chantés par des tessitures profondes de vocalistes post-punk qui ont déjà bien vécu. Où il n’est question que de ligne de fuites, d’arrivée aux ports sous la pluie battante, de tracer la route des réfugiés, d’échappatoire loin des camps où l’on parque une humanité non désirée. Tout confère à la répétition de gestes comme les pas sur la longue route, les rythmiques insistent jusqu’au vertige, les guitares soufflent un vent mauvais de distorsion, le saz entête de ses électriques mélismes. Des histoires racontées au coin du feu dans l’interstice des cartes routières, après les interminables nuits de marche, ça se prête bien aux tirs croisés des lignes d’instruments qui rugissent insidieusement, de colère résignée, d’utopie abimée. Dans ces moments où la fatigue mène à l’hallucination, d’autres voix s’élèvent, celle de Brenna McCrimmon, la plus turque, la plus gitane des canadiennes, qui ondule à travers les strates vaporeuses du psychédélisme sombre de « Safety in Numbers ». De nouvelles voix, de nouvelles voies, celles de l’utopie, de l’invention, exprimée par l’étonnant yaybahar de Görkem Şen, qui tel un Patrice Moullet stambouliote conçoit son propre instrument à corde joué à l’archet et dont le son est répercuté acoustiquement par deux imposantes membranes, sur les deux derniers titres de l’album. Il accompagne de ses étranges harmonies sous-marines la conclusion éponyme de l’album, sorte de rêve sonore éveillé (d’où son titre) un peu dadaïste, à la fois effrayant et paradoxalement rassérénant après un voyage aussi oppressant. Il y avait bien eu le beat électro de « Go the Distance » pour pulser une énergie nouvelle, mais rien ne pouvait effacer la mélancolie profonde de la mélopée chantée par Gaye Su Akyol au coeur de la nuit. « We are looking for love, and love is a foreign country » On ne saurait mieux dire, d’autant que le charme de l’approximation donne aux mots de GSA une teneur encore plus sensuelle. Ahhhh, quand les turques parlent en anglais avec cet adorable accent… Mais assez de rêveries, même si celle-là est de loin la plus belle, le chemin est encore long. Dirtmusic n’a jamais si bien porté son nom, la musique de la poussière des routes de l’exil.

note       Publiée le jeudi 31 mai 2018

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