Dead Hollywood Stars › Smoke And Mirrors

L'affirmation psychédélique et illusionniste du groupe était déjà prégnante sur Junctions ; ici ils en font une évidence même a travers le titre lui-même. La musique évolue ici pourtant dans un registre quelque peu différent – Si Dead Hollywood Stars nous avait habité aux grandes plaines du Mojave balayées d'un vent brûlant, sur Smoke and Mirrors c'est définitivement vers une musique d'intérieur qu'il nous mêne. De la lounge psyché-western, en quelque sorte, plus acoustique que jamais (l'électronique y est presque imperceptible au delà des delays) avec l'apport de trois musiciens de session. J'allais écrire que l'on est aux frontières de l'exotica mais à vrai dire on y est pleinement, nul besoin de le nier ; ce qui n'empêche pas de l'être avec une classe certaine ('Ocean Drive, 1984', érotique au delà du simple clin d'oeil, avec son sax et sa wah-wah), proche d'un certain Angelo Badalamenti, voire d'un Ennio Morricone ; parfaitement accessible mais très subtilement trafiqué en arrière-plan – si subliminale l'électronique puisse être ici, cela n'en est pas moins un projet de John Sellekaers et c'est en parfait illusionniste qu'il pose ici et là des indices, une note en plus, un couinement éthéré, un effet de manche ; il tient définitivement son public et son projet sur le bout des doigts. La courte durée de cet EP est une bonne et une mauvaise chose ; bonne car elle ne laisse pas le temps à l'ennui de s'installer et mauvaise car c'est bien ici tout ce qu'il y aura à se mettre sous la dent, le projet étant manifestement oublié depuis, lui aussi promis aux caprices du Temps comme les fantômes qu'il a pourtant si bien convoqués.