La Race › La Race (7")

Il faut bien une entrée en matière. Une entrée dans la viande. "Insulte en 33 rpm"… La Race, en effet, est comme une sorte de Tourette Musical. On ne comprend pas tout mais ce n’est pas du mot doux. On fait jouer les formats à des vitesses pas prévues. On balance sept titres absurdes ou anatomiques ou anodins en guise d’intitulés, de descriptifs. Robot Cruz, Frankenstina… Tiens, le premier de la face B, appelons le "Anus". Pourquoi s’embêter. "Nadège"… J’ai bien connu une Nadège. Je ne suis pas mécontent qu’on ne se soit jamais revus. Le grogneur, à un moment – on dirait un pithécanthrope, ou l’idée qu’on s’en fait… Ou un type qui jaculait des truc sur des "Libellules Extrêmes" et autres envies frustrées, que j’ai croisé quelques fois dans une autre cave… Bref. Le gars, à un moment, semble répéter en boucle "Toujours la tête dans le cul". Le son, soyons honnête, est absolument dégueulasse. Immonde. Crade. Ça crache dans tous les sens, ça écrase les fréquences, ça n’a pas l’air de s’inquiéter si quoi que ce soit, à force de bloquer dans le rouge, va faire cramer une des machines ou l’un des mecs qui martèle un des instruments. Ça sature. C’est en métal, tout ça, on peut taper sans que ça pète. Autant qu’on veut, c’est la chair qui aura mal. Et les os. Mais aux futs, aux manches, aux caisses, il restera bien quelques pains, des bosses et des encoches bizarres. Ça se déforme, la matière. Ce truc là, à certaines heures et avec certaines bières, fait foutrement du bien. C’est noise rock de proximité, OK, indus d’atelier du quartier, bruit de ton voisin qui pète un câble. N'empêche qu'au final on a beau bien connaître, ça ne pourrait être rien d’autre, personne qui soit ailleurs. Et puis justement. Ça dit qu’il y en a marre. Certes. Ça dit "Oh ! Là faut y aller". Ça réinvente – comme à chaque tour, à chaque génération – le verbe enclumer… J’aime bien ce dessin, sur le devant de la pochette, aussi. Jerrican-allumette. C’est couillon mais trop littéral pour faire pose. Ça ne se dément pas, quand on pose l’aiguille sur le sillon. J’aime bien ce texte absurde écrit d’une traite, à côté. C’est écriture mécanique, sûrement, c’est enchainement sans queue ni tête. C’est assez pertinent, dans ce que ça aligne, de simple et de contradictoire. Ça commence par "crevez un flic cramez un clochard". Ça s’achève par "toujours pas de fin du monde et toujours pas d’orgasme". Il y en a plein entre temps mais ce n’est pas l’heure pour la littérature. C’est quand même vraiment sale. Pas besoin que je le remette, en fait : à la fin de la face B, le bras de lecture se met à sauter, et ça renvoie sans cesse le même gravât de bruit concassé. Même pas une seconde, je crois. "Ce serait dommage de se taper une descente d'organes à cause d'une mauvaise habitude". Ça vous fait ça, aussi, chez vous ?