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Deity Guns › A Recollection

cd1 • 13 titres • 63:45 min

  • Stroboscopy (black & noir rcds)
  • 1Kurious… here today5:40
  • 2Simple dare4:12
  • 3Circles5:37
  • 4Optical Burst3:43
  • 5Pushes kingdom3:46
  • 6North face8:09
  • Split Single Single Deity Guns/Fisherman (uncontrolled rcds)
  • 7Doors of India2:39
  • « Mini CD » (abus dangereux)
  • 8Smile4:48 [reprise de The Fall]
  • Compilation « Passionnément » (visa rcds) :
  • 9Appointment in Sète5:23
  • Loom
  • 10The opposition act3:43
  • 11Shaman5:09
  • 12She loomed5:37
  • 13Blow up5:29

cd2 • 10 titres • 47:01 min

  • Trans Lines Appointment
  • 1The Map6:25
  • 2TV Black Screen4:25
  • 3Bob2:40
  • 4Distance4:26
  • 5Billy Dracks4:52
  • 6Cruisin’ Coast Shadows6:54
  • 7Tinnitus4:32
  • 8Radio Kill4:15
  • 9Desert4:43
  • Titre bonus
  • 10Vacuum Tubes3:49

cd3 • 14 titres • 72:24 min

  • Live, Roma
  • 1She Loomed6:23
  • 2Doors of Inda2:46
  • 3Anyway5:28
  • 4Smile4:37 [reprise de The Fall]
  • 5X-tra love on a // world5:09
  • 6The opposition act3:49
  • Live, Lyon
  • 7The last gig blues3:54
  • 8Hello Skinny2:44 [reprise des Residents]
  • 9Billy Dracks4:48
  • 10Tinnitus3:58
  • 11The map5:45
  • 12Circles4:25
  • 13Bob3:07
  • 14Desert6:31

informations

CD1 : 1 à 6 enregistrées par Gilles Théolier à Angers en février 1991. 7 à 9 enregistrées par Caracas à Lyon, en septembre (7), novembre (8) et décembre (9) 1991. 10 à 13 enregistrées par Chris Genix à Lyon en février 1992. CD2 : Enregistré par Warthon Tiers au studio Fun City, New York, en août 1992. Produit par Lee Ranaldo, sauf 3, mixée par Jim Waters. Masterisé au studio Abbey Road, Londres, en février 1993. CD3 : 1 à 6 enregistrées en concert sur DAT et K7, à Rome, le 4 avril 1992. 7 à 14 enregistrée en concert à Lyon, le 3 décembre 1993.

La rétrospective A Recollection se présente sous la forme d’une boîte en carton fort qui contient – outre les trois CD dont les titres sont listés ci-dessus – un livret de seize pages avec photos, reproductions d’affiches et flyers, coupure de presse et présentation des sessions de l’album Trans Lines Appointment par Lee Ranaldo, son producteur, ainsi que quatre autocollants. Le titre Vacuum Tubes, ici audible à la fin du CD2, et auparavant disponible sur la compilation Serial Killers – Vol 1 (Roadrunner Rcds), est un bonus à l’édition originelle de l'album Trans Lines Appointment (1993), enregistré au cours des mêmes sessions que le disque.

line up

Éric Aldéa (guitare, voix, flûte sur CD1 plage 9, batterie sur CD2, plage 10), Franck Laurino (batterie), Stef Lombard (basse, voix, guitare sur CD1, plage 9), Stef Roger (guitare)

Musiciens additionnels : K.J. (voix sur CD2, plages 3 et 4, basse, voix et flûte sur CD3, plages 7 à 14), Érik Minkkinen (voix sur CD2, plage 2), Lee Ranaldo (boucles sur CD2, plage 3, guitare et voix sur CD2, plage 10)

chronique

  • the last gig blues... & more

Un groupe bien singulier… Bien de son époque, aussi. Simple après tout, sans doute, dans ses motifs. Assez insaisissable – finalement – dans ce qu'il a réalisé. Puis qui a changé de nom juste au moment où l’on semblait – hors de ses terres – vouloir le reconnaître. Les Deity Guns disaient écouter de tout, le plus possible… "Mais rien qui soit français". Leur musique, pourtant – même produite par Lee Ranaldo (de Sonic Youth), garde comme un accent. Pas dans la voix chantée, dans le texte – ceux-là sont de la génération de ceux qui, quitte à la faire en anglais, y mettaient les moyens pour ne pas sonner complètement charme décalé de la maladresse – mais dans… La couleur, en quelque sorte. Une nuance émotionnelle. Un truc dans le décor, l’approche des arrangements, qui empêchait que ça tourne au clonage. Leurs histoires de science fiction, quand ils partaient là-dedans, ont encore, entendues d’ici, comme un reflet européen, une saleté bien continentale : on n’est pas chez William Gibson, dans une froideur cyberpunk aux machines bien expliquées ; quelque chose transpire, plutôt, de malade, d’organique ; qui rappellerait ces choses en encres vifs ou ombres, sur papier odorant, qu’on lisait en ces années, à l’âge de pousser… Serpieri, Liberatore... Des trucs plus inquiétants, plus sous-le-manteau, sans doute, aussi. Et puis sujets ou pas – les autres, souvent, étaient plus terre-à-terre, parlaient d’un réel volontiers plus direct ; de leurs vies, à mots moins couverts ; de catastrophe vues à la télé, d'espoirs lus dans des journaux de partout – on entend quand même chez ces types ce spleen tout spécial, qui semble ne sourdre que des sols d’ici. Comme chez les Thugs, un peu, quand ceux-là levaient le pied sur le tempo et versaient dans l’état d’âme. Comme chez les Portobello Bones, déjà bien plus, pour le malaise contagieux, poignant, le truc souffrant derrière le bruit, dont on soupçonnait vite qu’il était ce qui l’agitait vraiment, ce qu'ils cherchaient à expulser. Ceux qui ont grandi à Lyon à cette époque, même, y reconnaîtront sans doute la crasse de la ville d’alors – avant le grand nettoyage pour cause de Patrimoine Mondial – son ennui familier à ce point-ci de la province, à ce côté-là du n’importe où… Ces types là, aussi – c’est visible sur les photos – avaient des dégaines bien du coin, des tronches de jeunes gars grandis au son d’un rock déjà bien éclaté depuis des décennies – venu de partout, on vous dit. Mais entendu de là, par hasard ou pas mais sur cette variante unique de bitume. En quelque sorte, une branche locale informelle d’une sorte d’Internationale du Bruit (pas officielle du tout, elle non-plus). Réseaux mondiaux épars, derniers jours du circuit des fanzines, intersquats hors frontières. Des gars capables de reprendre The Fall (Smile !) ou Les Residents (Hello Skinny) entre deux jams pour taules concassées. Industriels parce que sous ces eaux là, Einstürzende Neubauten avait laissé des marques un peu partout – plus que Throbbing Gristle, sans aucun doute, qui le plus souvent n’était alors plus qu’une légende, révérée mais rarement connue. Noise rock parce que c’était comme ça. Parce que ça SORTAIT comme ça. Introspectif mais qui vous poussait hors de vos peaux. De vos têtes. Tordu. Vivant, encore… En rassemblant autours de l’unique album (Trans Lines Appointment, en 1993) tout ce qu’a pu enregistrer le groupe – ou tout ce qui en est audible, techniquement acceptable, en tout cas – Ici D’ailleurs fait beaucoup mieux, beaucoup plus que de réunir des bribes éparses. A Recollection n’est pas un document, un froid recensement de ce qui resterait une fois les micros coupés. On y lit bien un parcours, certes – les tous premiers singles sont encore bien plus bruts, doivent plus au punk-hardcore que ce qui suivra, plus lisiblement, plus directement… Mais surtout, on est pris totalement, aspirés dans la dimension où sévissait, que sécrétait le groupe. Les couches de bruit empilées, emboîtées, encastrées, desdits premiers morceaux – on remarquera au passage que les treize titres du premier CD ont été enregistrés en l’espace d’un an seulement – nous saisissent frontalement, nous plongent vifs dans le boucan, d'abord. L’émotion – encore elle oui, car chez eux elle est au centre, même cachée ; ou plutôt, elle innerve tout fracas et toute accalmie – déferle plus crue, moins contenue, élan, toute jeunesse. Prenante, harassante. Les nerfs se tendent plus longuement, un empêchement nous englue, un bruit plus sourd nous hypnotise, nous retient, dans l'album. Les deux concerts du troisième CD – le deuxième, de plus, donnant apparemment à entendre la toute dernière prestation du groupe avant qu’il se mue en Bästard – sont, eux, simplement habités. C’est là que se déchaine la furie du groupe – moins compacte mais plus corrosive encore, plus prompte à tout emporter qu’en studio. C’est là aussi que se déploie le mieux son sens du risque, de l’improvisation, des saturations sur le fil. Là que se libère le flot de ces morceaux ailleurs compressés, tenus sans cesse au bord de l’explosion. Là que l’humanité s’épand le mieux, le plus vite, le plus complètement aux amas de métaux écrasés, froissés. Que la tristesse se fait feu. Tout nous parvient intact. Les années ont passé mais l’étrangeté reste. La séduction particulière, le mal endémique, le relief. Tout est toujours saillant – et toujours piégé, pas plus évident, pas moins attirant qu’alors. Rien n’y manque. Rien n'y est tout à fait comme ailleurs. A tout prendre, rien n’y est de trop.

note       Publiée le dimanche 3 mars 2013

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    cyberghost Envoyez un message privé àcyberghost

    Rhâ ouais cet EP ! J'le préfère d'ailleurs à l'album, assez largement...

    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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    Je découvre ce groupe ces semaines là, par le biais de l'EP Stroboscopy et du live en Italie qu'on retrouve sur cette compilation si je ne me trompe pas. Ca me rappelle plein de groupe de cette époque, et ça me rappelle l'époque tout court, mais en même temps c'est toujours frais, enfin j'aime j'aime quoi. Merci de ces chroniques!

    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    (bon, n'empêche qu'à la réécoute, c'est quand même du super super lourd ; même si comme toujours les live ne servent à rien)

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Putain ! Dineo ! Un jour j'avais eu l'intention de faire Bästard, mais tu fais ça tellement mieux que moi

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