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William Basinski › The Disintegration Loops

5cd • 11 titres • 4:55:43 min

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  • 10dlp 1.1 Live at The Metropolitan Museum of Art, September 11, 2011 (42:34)
  • 11dlp 1.1 Live at The 54th Venice Music Biennale, October 18, 2008 (15:16)

informations

Entre 2001 et 2008

Coffret contenant le DVD inutile du film du 11 Septembre, ainsi qu'un livre dont on n'espère pas la traduction.

chronique

On est tous au courant depuis déjà un bon moment. Les musiques improvisées, électroacoustique, concrète et compagnie tiennent de la supercherie. Quand l'expérimentation n'est plus une démarche, mais un confort. Quand on s'auto-congratule dans les milieux, entre nous. Quand on écoute des disques minimalistes par centaines sans pouvoir les différencier. Quand on cache son manque de musicalité par des concepts. C'est un truc qu'on voit souvent, dans les concerts d'EAI par exemple – croyez moi, j'en ai fais plein. Des types qui farfouillent, qui tripotent, sans aucun autre but que de donner l'impression qu'ils savent ce qu'ils font, ou, le cas échéant, qu'ils cherchent bel et bien quelque chose, ce quelque chose n'était rien d'autre que la reconnaissance refoulée de leur position dans les milieux susnommés. J'ai moi même eu envie d'en faire partie, de ces milieux. J'ai même essayé d'en faire, de cette musique là. J'en ai fais, un peu, oui. Ça a été la révélation. J'avais l'impression de me foutre de la gueule des auditeurs. Je crois d'ailleurs que c'est là que réside le secret. J'ai eu de bons retour, pour un truc torché en une après midi sur un logiciel gratuit. C'est en essayant de passer de l'autre côté de la barrière, non plus du côté de l'auditeur mais du « créateur », que je me suis rendu compte que c'était absolument ridicule. Il y a bien sûr des exceptions, qui se comptent sur les doigts d'une main (ou deux). Je sais pas vraiment où se trouve Basinski là dedans. Il joue sur l’ambiguïté des mots. The Disintegration Loops consiste en des boucles très courtes de musique passées jusqu'à ce qu'elle se détruise. Il s'agit de l'enregistrement de cette désintégration. Plein de questions : comment a-t-il fait pour les désintégrer ? Parce qu'il faut bien plus d'une heure pour détruire une bande. A-t-il utilisé le feu ? Et ses loops, qui sont-elles ? On nous dit « d'anciennes oeuvres de Basinski ». Oui, mais qui sont-elles ? Sont-elles des samples ? Des compositions de Basinski ? Parce que le type aurait très bien pu lancer son logiciel, faire tourner son sample pendant une heure et l'égratigner analogiquement petit à petit. C'est très facile à faire. Quant à la légende du 11 Septembre, c'est presque du Warhol : le type filme la destruction des tours en passant ses morceaux. Qui ont très bien pu être « rajouté » après-coup, pourquoi pas ? Il règne sur ces enregistrements une ambiance mystérieuse, parce que c'est ce que je vous disais plus haut : si on révélait la véritable nature de ses morceaux, ça perdrait tout de suite de son charme. Pour ma part, je pense plutôt qu'il s'agit là d'un énorme canular. Le coup du « les enregistrements sont basés sur de vieilles bandes magnétiques dont la qualité se dégrade. En tentant de sauver ces enregistrements sur un support numérique, les bandes se désagrègent progressivement » je n'y crois absolument pas. Et à vrai dire je m'en fous de ne pas y croire. Car, que ce soit des samples ou des compositions ou je ne sais quoi, il y a quelques choses dans ses boucles. Quelque chose d'hypnotique. De beau. Cette espèce de musique orchestrale électronique (?) réverbérée à mort donne pratiquement dans le shoegaze. Ça sonne très bande originale de film – des films à la Sofia Coppola, ou sur le final de Melancholia de Lars Von Trier. Ces boucles sont assez magnifiques, pour tout dire. Rêveuses. Moelleuses. Onctueuses, oui pourquoi pas. C'est ainsi que, presque accidentellement, Basinski retrouve son concept pompeux à l'origine du projet : une musique postmoderne de la désagrégation, de la destruction. Une musique à l'agonie comme les civilisations. Une musique d'anorexique. C'est donc à la fois très beau, et très triste. Contemplatif apocalypse. Bien sûr, 5 heures c'est un peu long. Mais pour donner du relief à son concept, il fallait bien en passer par là. Le côté « long » comme une fin de monde par privation. Comme une errance dans le désert. On regrettera peut être seulement que le dernier survivant de l'apocalypse et qui meurt de faim, replié sur lui même sur une route délabrée soit prit en photo de façon si esthétique, avec mise en scène, travail de la lumière et saturation des couleurs.

note       Publiée le mercredi 6 février 2013

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    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    Intéressant, je cherchais un truc sur la musique spectrale et je retrouve à la place cet article sur l'hantologie, concept bien plus récent et irréèl, et qui ne plaira pas à tout le monde, mais bon j'y trouve des choses assez vraies :

    http://www.linflux.com/2012/lhantologie-ou-la-musique-des-spectres/#chapitre1

    ce qui est cool c'est que cet article a été écrit juste avant la Vaporwave & co, dont elle situe assez bien les origines, avant le déferlement de sorties bandcamp complaisantes et méta-trucmuche... Perso, l'idée d'un lien entre le minimalisme assez radical d'un Basinski avec Ariel Pink me parait intéressant, et loin d'être artificiel, vu qu'on ne peut pas faire plus réèl et présent que le phénomène de rétromania évoqué en début d'article (4 ans après cet article, inutile de dire que c'est plus que jamais d'actu)

    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Tu me rappelles qu'il faudrait que je m'attaque (le mot est juste) à Bedrossian et Cendo qui, dans un style assez différent, et par un retournement historique quasi impensable, font de la supercherie susnommée un art "écrit", "contemporain" - avec la dignité factice des subventions publiques et voyage aux US qui va bien. Grisey sort de ta tombe stp, merci

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    M-Atom Envoyez un message privé àM-Atom

    tout le bla bla sur l'histoire des bandes et du 11 septembre c'est de la branlette...par contre en terme d'écoute ces loops peuvent amener très loin a conditions d'être dans les bonnes dispositions (quand je dis ca je pense tout de suite a "l'interstellar space" de coltrane qui fonctionne de la même manière chez moi). perso je suis particulièrement sensible a la boucle des dlp 3...elle marche bien chez moi et selon les conditions d'écoute et l'état d'esprit ca peut vraiment me faire décoller. mais j'avoue aussi que pour une écoute réussie y'en a pas mal d'autres difficiles et irritantes !

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    CeluiDuDehors Envoyez un message privé àCeluiDuDehors

    J'ai entendu parle de Basinski suite a l'ecoute d'"Opus 17" d'Eliane Radigue ou certains morceaux enregistres en 1969 utilisent des bandes de Chopin et Wagner qui deviennent progressivement de longs drones ("Etude" et "Maquette" pour les curieux). J'ai entendu que le 1 et le 3 de ces "Disintegration loops" et c'est sur qu'on peut se poser des questions sur la reelle mise en pratique de ce concept...aux premieres ecoutes j'aurais mis 1 boule tellement ca sent l'enfumage et le rechauffe, MAIS - et la je rejoins la chronique - Basinski a quand meme un talent pour choper les bons samples. La musique fonctionne si on est un tant soit peu sensible au concept de la societe apocalyptique qui nous attend, mais il ne faut pas y chercher quelque chose de revolutionnaire non plus.

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    cf comm' d'Autechre (haha)

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