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Thighpaulsandra › Double Vulgar II

cd • 5 titres • 79:11 min

  • 1The Vile Receipt16:32
  • 2Telly For Rex16:54
  • 3Imperial14:23
  • 4Vomiting Child9:36
  • 5Bost Sanvay Unst Bit Sumonver21:46

informations

Enregistré au Golliwog Farm.

line up

Thighpaulsandra (Farfisa, VCS3, Serge, piano, Minimoog, Metasynth, Prophet 5, guitare, voix, PPG Wave 2.2, harpe, Prophet 5, Hammond, etc)

Musiciens additionnels : Martin Schellard (basse, guitare), Sion Orgon (batterie, percussions, farfisa), Chris Jones (chant, cloches), Tania Walker (chant), Dorothy Lewis (chant), Jody Evans (chant), Rob Greensmith (chant, clarinette), Tom Edwards (marimba, vibraphone, tambourin), The Maureen WIlson Octet (cordes), Marc Johnson (chant), Gaz Williams (basse), Paddy Farr (voix), June Carroll (voix), Edward Carroll (voix).

chronique

J'ai décidé pour 2013 de ne chroniquer que de bonnes, voire d'excellentes, sorties. Une bonne résolution que j'aurai abandonnée dans un mois ? Peut-être, mais d'ici là, une envie soudaine, mais décidée, d'aller gambader sur les vertes prairies de l'essentiel, du partage, de l'enthousiasme. Comprenez : tout disque non chroniqué n'en aura pas valu la peine. Ou plus précisément : de l'urgence redirigée vers l'élévation, parce que ni le médiocre ni même le tiède me méritent la plus petite halte. «Double Vulgar II» sera justement l'une de ces premières escales, et pas la plus évidente, tant j'en aurai repoussé la chronique, de 18 mois au bas mot, embarrassé que j'étais de ne savoir trouver les mots justes pour décrire cette... chose. La pochette, déjà, intrigue, égare, fascine. Thighpaulsandra s'apprêtant à égorger un éphèbe nu, au milieu d'une lande déserte, le regard fixe. Les photographies à l'intérieur s'avèrent du même acabit homo-pagano-mystique : délices d'initiation, sexe en érection, sacrifice sanglant... le tout signé – est-ce si étonnant ? – par un certain Peter Christopherson... Le casting, ensuite, crédite au chant Dorothy Lewis, ancienne chanteur d'opéra, et accessoirement mère du petit Timothy Lewis, alias Thighpaulsandra. Oserais-tu, toi, inviter ta mère sur ton disque ? Pas juste la laisser t'apporter des barres chocolatées et richement lactées dans le studio à l'heure du goûter, non, je veux dire la laisser jouer d'un instrument, voire lui faire pousser la chansonnette, histoire de voir ce qu'elle a dans le bide, la génitrice. Tim, lui, a osé. A partir de là, et quitte à assumer jusqu'au bout, toute la difficulté consistera à faire tenir la choucroute sans qu'elle ne tourne au bloubiboulga... Mais rassure-toi anxieux gutsien, notre homme est loin d'être un débutant, et ce n'est pas un hasard si Coil a sollicité à plusieurs reprises ses talents de synthétiste bidouilleur, entre autres sur «Musick to play in the dark», jusqu'à en faire un membre permanent. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre maman, puisque c'est elle qui ouvre le bal de «The Vile Receipt», ses déclamations sans queue ni tête croisant le fer avec cuivres et synthétiseurs analogiques passés à la moulinette spectrale du Metasynth. Une rythmique finit par émerger, collage d'heureux résultats imprévisibles issus de manipulations de potards et de câbles. Procédant d'une narration erratique, le morceau a tout d'un conte surréaliste en mode écriture automatique. L'improvisation y est le matériau de base, puis vient l'habileté patiente de Tim à assembler ces petits riens en un grand tout, dont on ne sait comment il parvient à se tenir debout. Un équilibre du fragile, porté par une idée, une envie. Ce n'est ni un travail théorique sur les masses, ni sur les grains, mais plutôt une jubilation, un plaisir palpable à jouer avec l'abstrait et l'absurde... j'aime. Plus krautrockesque, «Telly For Rex» s'extirpe tant bien que mal d'une titubante danse où Farfisa éthylique et batterie pataude se tournent autour, lourdement, sous les rires moqueurs d'un modulaire amusé de ce spectacle grotesque, avant de céder la place, trois courtes minutes durant, à un salvateur rock up-tempo, soutenu de choeurs féminins improbables, et solo de guitare. C'est après coup que la pièce s'avèrera intéressante, par sa disproportion même. En effet, si sa vraie-fausse introduction aura fonction sera de venir taquiner notre patience, pour lentement faire monter notre attente, son terme, lui, viendra nous en dérober la récompense bien trop tôt. Quoi de mieux pour susciter la frustration, hein ? Ne faisons cependant pas passer Tim pour plus vicieux qu'il ne l'est, puisque ce dernier a pris soin de récompenser l'auditeur en enchaînant avec un «Imperial» beaucoup plus accessible, rythmique et mélodique, où le marimba de Tom Edwards a place belle. Même le bloc lugubre de ses dernières minutes, tourbe synthétique rehaussée de cymbales inquiétantes, a su trouver la juste densité propre aux sculpteurs d'ambient organique dignes de ce nom. La pièce suivante aurait pu être composée par Christopherson (même son titre, «Vomiting Child» sonne coilesque...) tant elle exhale cette mélancolie sombre et mystérieuse, contrastée d'un refrain lumineux, où s'entremêlent harmonieusement guitare, choeurs et percussion sèches. Unique reproche : j'aurais aimé entendre le chant rehaussé d'une réverb, afin qu'il sonne moins plaqué ; mais c'est de l'ordre du détail tant cette chanson me transporte à chaque fois, malgré son air de ne pas y toucher. Enfin, la longue pièce qui conclut l'album pourrait être un remix condensé sur 20 minutes de l'oeuvre de Tim, tant celui-ci y a foutu pêle-mêle toutes les sources, toutes les techniques de collage et de composition. Les amateurs de NWW se régaleront, pendant que les autres abandonneront le navire avant la fin de la traversée. Ce n'est honnêtement pas mon morceau préféré du monsieur, loin de là (trop de remplissage à mon goût), même si quelques passages restent de bonne facture. Et parce que «Vomiting Child» n’appelle in fine qu'au silence, je conseille finalement de n'écouter ce «Bost Sanvay...» qu'à part entière, indépendamment du reste de l'album... voire pas du tout.

note       Publiée le dimanche 3 février 2013

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