Avec 'Occult', les Grecs de Opened Paradise s'étaient attiré les sympathies d'un public amateur de gothic rock à la Fields of the Nephilim; histoire de confirmer le tir, les voilà qui nous proposent un mini intitulé 'Tides'. Mini ? Il y a quand même six morceaux pour vingt-cinq minutes de musique, aucune arnaque à déceler. En termes de composition, le groupe fait tout pour ne pas s'éloigner d'un iota de leur influences, bien au contraire, mais à l'image de sa référence, il va se dévoiler ambitieux, accentuer l'aspect atmosphérique en nous proposant des pièces très travaillées, aux arrangements soignés faisant la part belle aux mid-tempi, à des guitares aux accords amples et aux sonorités oscillant entre cristal clair et glacé et quelques attaques plus appuyées. Reprenant la technique des Nefs, Opened Paradise s'inspire du legs du rock progressif en construisant ses chansons comme de véritables narrations où est évité la traditionnelle structure couplet/refrain, la progression étant déterminée par l'avancée des paroles, l'intensité des émotions et de ce point de vue-là, nos Grecs sont tout sauf manchots, eux qui nous offrent un enchaînement parfait entre les deux premiers titres qui se présentent dès lors comme une seule entité de plus de dix minutes. Le timbre du chanteur opère en quasi total mimétisme avec celui de Carl McCoy, y compris dans la modulation de certaines parties de chant. Toute la question est de savoir si on déplorera cet état de fait où si on saura apprécier cette capacité des musiciens à copier leurs aînés de manière si parfaite surtout à l'heure où les Fields of the Nephilim vivent avant tout sur leur héritage. Après un magnifique instrumental ('Tides') délicat et mélancolique pour cordes et piano nous sont proposés une version plus longue de la reprise du 'Opened Paradise' de Garden of Delight ainsi qu'un inédit très valable provenant des sessions d'enregistrement de 'Occult'. Ceux qui privilégient l'original à la copie risquent de grincer des dents mais pour me faire l'avocat du diable, j'ajouterais simplement que l'on sent la passion des artistes pour cette musique (sans compter le soin apporté au visuel) et qu'importe s'ils agissent en élèves trop studieux tant que le résultat est à la hauteur. J'ai été très critique avec Garden of Delight pour des raisons similaires à leurs débuts pour me rendre compte, vu leur parcours, qu'on ne pouvait pas leur ôter une dévotion sans faille pour ce style de musique et que dans la cohorte de clones, ils étaient clairement les plus doués et les plus tenaces. Je ne veux pas réitérer la même erreur avec Opened Paradise d'où mon indulgence pour le manque d'originalité.