Mythos › Surround Sound Evolution

Il s'est passé 4 ans entre la dernière note du bouillant Surround Sound Offensive et ce 2ième volet d'une série d'opus à être conçus dans le dynamisme sonore du Surround Sound Dolby Pro Logic 8. Durant cette période, Mythos n'a pas chômé. Celui que l’on peut aisément comparer à un Jean Michel Jarre allemand a donné une série de spectacles dans divers planétariums et festivals sur une période de 18 mois. Cette visibilité a éveillé beaucoup de curiosité médiatique en plus de charmer et conquérir une légion de nouveaux fans. Dans cette foulée sont venus 2 albums en concert avec du matériel inédit; Gallery Concerts (2009) et Unabsteigbar! (2010) ainsi qu'une excellente réédition de Quasar et un album en concert que Mythos avait donné lors de sa période Krautrock; Superkraut Live 1976. C'est en Janvier 2012 que Stephan Kaske attaquait la suite de Surround Sound Offensive. Et près de 10 mois plus tard émerge un puissant album. Conçu dans le même moule des rythmes diversifiés qui sont noyés dans une enveloppe sonore extrêmement riche, “Surround Sound Evolution” explose encore plus avec 12 titres originaux, dont 2 en prime, qui sont les témoins d'une superbe aventure musicale qui dépassent les aventures soniques les plus audacieuses.
"Surround Sound Passion" traverse nos orbites avec une puissante ligne cristalline dont les violentes oscillations s'entrecroisent sur de lourds martèlements robotiques. Le rythme est lourd et puissant. Statique, il est nourri de pulsations qui résonnent parmi des jacassements d'un vocodeur dont les lignes vocables torsadées épousent les tangentes entrelacées d'un titre qui se catalogue difficilement tant c'est violent et robotique. Plus musical et mélodieux, mais encore assez lourd, "Roots And Rocks" galope sur des approches harmoniques plus fluides. Comme un chef cuisinier en plein délire dans sa cuisine capharnaümique, Stephan Kaske saupoudre ses structures indomptables d’une pincée de tonalités biscornues et de percussions connexes qui aromatisent ses gargantuesques élans rythmiques. Après cette entrée rythmique bien assaisonnée, "Mythosiaka" s’impose avec une approche plus près d’un style de ballade. Mais comme tout ce qui gravite autour de cette fascinante fresque sonore qu'est “Surround Sound Evolution”, rien n'est banal ni tranquille. C'est un très bon down-tempo, tout comme le très cosmique et cinématographique "Perpetuum Mythos" et sa fusion 1980/2010, avec des séquences de verre qui égrènent le temps dans un rythme tournoyant comme une délicate ballerine sur un fil de fer. Le synthé, toujours égaré entre ses lignes vocables et ses errances para-psychédéliques, livre une réelle bataille entre l'harmonie et le délire, tout comme dans "Heart of the Action" qui est pris dans un engrenage rythmique entre le hip-hop et un funk langoureux avec des écueils à la Jean Michel Jarre (Rendez-vous). Roulant sur deux thèmes "Jinba Ittai" annonce une intro teintée de dramatisme alors que tranquillement le tempo dévie dans des sautillements d’un hip-hop et down-tempo cosmique.
Avec son intro à la Trans-Europe-Express (Kraftwerk), "Filter Sequence Wah Flute" offre une approche électronique plus près du Berlin School avec une ligne rythmique qui tournoie dans de somptueuses brumes des ambiances cosmiques analogues. De légères nappes de synthé et des gaz cosmiques embrassent les fragrances de Tangerine Dream alors que la structure rythmique, avançant avec la cadence évolutive d'un train, nous guide vers un concert pour flûtes célestes. Aussi mielleux qu'hypnotique! "Free Panda! (Part-1) Caged" offre une délicate mélodie aux arômes orientaux. Le mouvement est sans rythme mais bouillonne de cliquetis métalliques. On dirait des cuillères de verres qui s'entrechoquent et qui tintent dans une drôle de démarche lunaire. La fin se fond dans "Free Panda! (Part-2) The Liberation" qui est plus fougueux, quoique assez statique, ondulant de ses lourdes lignes dans un univers musical fantaisiste. "Mytho Space" est un petit bijou de la New Berlin School qui va plaire à ceux qui manquent les belles années du duo Mergener/Weisser (Software). Le rythme est morphique. Tournoyant de ses séquences au tracé de spirale garni d’ions fractionnés, il roule comme un train à combustion lente à la dérive dans un cosmos illuminé d'étoiles musicales et de brises galactiques éthérées qui servaient de base aux fumants Berlin School cosmique. C'est très bon. Très intense "Das Zeitgeheimnis Part-3" est un titre en prime qui pulse de ses lourdes pulsations réverbérantes. Le rythme est sec et saccadé, sautant sur place dans un univers rythmique aux hybridités incongrues avec de gros croassements d'extra-terrestres, des percussions crotales et des lignes de séquences qui s'entrecroisent en rythmes parallèles, nourrissant une structure aussi ambivalent que fascinante. La dimension sonore est à son zénith avec un bon casque d'écoute. "Fukushima Sea (Live) " est un autre titre en prime. Le rythme est babylonien et s'appuie sur des grosses caisses et des séquences statiques qui résonnent et tintent dans un riche univers cinématographique et orchestral où les baleines de la mer du Japon roucoulent dans de profondes eaux musicales.
Seul maître à bord d'une aventure musicale moulée dans les excès de ses fantaisies, Mythos nous raconte ses contes musicaux avec une richesse sonore qui fait honneur à sa mythique réputation. Surfant sur des fragrances de Jean Michel Jarre, Kraftwerk et Tangerine Dream, Stephan Kaske présente 12 structures musicales qui bouillonnent dans un parallélisme tant rythmique qu'harmonique dont les fines variances et subtilités sont au cœur des charmes de “Surround Sound Evolution”; un puissant album qui épousera toutes vos fantaisies sonores…et même plus.