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Reiko Ike › 恍惚の世界 (Kokotsu no Sekai)

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Membre Note Date
Monsieur_M      mardi 25 décembre 2012 - 09:45
Saïmone      vendredi 14 décembre 2012 - 11:52
Nicko      jeudi 11 août 2016 - 13:25
Scissor Man      vendredi 14 décembre 2012 - 09:43
taliesin      vendredi 14 décembre 2012 - 11:42

cd • 12 titres • 34:58 min

  • 1女はそれをがまんできない (A Woman Can’t Stand It)03:19
  • 2よこはま たそがれ (Yokohama Evening)02:46
  • 3めまい (Dizzy)02:36
  • 4雨がやんだら (When The Rain Stops)03:03
  • 5夜明けのスキャット (Dawn Scat)03:03
  • 6さすらいのギター (Wandering Guitar)02:43
  • 7私という女 (I Am A Woman or The Woman I Am)02:40
  • 8雨の日のブルース (Rainy Day Blues)03:08
  • 9恋の奴隷 (Slave Of Love)02:55
  • 10経験 (Experience)02:38
  • 11天使になれない (I Can’t Be An Angel)02:47
  • 12愛のきずな (Bonds Of Love)03:20

informations

Arrangements par Go Misawa.

Spéciale dédicace : http://bullesdejapon.fr

line up

Reiko Ike (chant, narration), Masami Kawahara (direction), Masaoki Terakawa (basse), Akira Ishikawa (batterie), Kosuke Ichihara (flute, saxophone), Jake H. Conception (saxophone), Koji Hatori (trompette), Mitsuo Yamashita (vibraphone)

chronique

Les chroniqueurs de Guts of Darkness ne sont pas seulement de fins musicologues, je parle des autres, ce sont aussi de gais lurons. Vous n'imaginez pas la bonne ambiance qui règne dans les bureaux de la rédac, une atmosphère de franche camaraderie virile, une agora dont la haute tenue intellectuelle n'empêche pas l'échange vivifiant de boutades espiègles et malicieuses insolemment jetées à la face les uns des autres, dans un esprit toujours bienveillant et fraternel, voire plus si affinités. C'est ainsi qu'à l'occasion d'un de ces débats dont la pertinence n'est pas sans évoquer les grandes heures des cours de Gille Deleuze à Vincennes, l'un de mes confrères et néanmoins senpai me lançait un de ces défis ébouriffant de questionnement métaphysique : "Eh, zy-va fait péter une chro d'actrice porno, ma gueule !". Ce à quoi notre grand maître à tous cru bon d'ajouter "Ouais trop fort pour ta 69 eme chronique trop marrant.". Faut jamais me donner des idées à la con. En général, je les trouve bonnes. Les idées. Alors bien sûr j'eusse pu chroniquer, en un seul mot merci, le dernier album de Clara Morgane ou de Rihanna, mais d'une part je reste un homme de goût et d'autre part je ne voudrais pas entâcher, de la main droite donc, un peu plus une ligne éditoriale déjà bien mise à mal ces derniers temps avec l'arrivée de musiques douteuses pratiquées par des non-scandinaves. Donc je me vois dans l'obligation d'aller piocher dans les archives du sombre et de l'expérimental de l'édition discographique pour en ressortir ce petit trésor exhumé il y a maintenant quelques années par ce saligaud de Makoto Kawabata (gourou en chef des Acid Mothers Temple) et réédité depuis dans de meilleures versions. Introducing (qui veut dire bien entendu, "Je vous présente" et non pas autre chose, bande de nuls en langue, et toutes les filles vous le diront) : Reiko Ike, actrice culte de pinku eiga, et plus précisément des roman porno produits par la Nikkatsu dans les années 70 (qui contrairement à ce que le nom laisserait penser sont des films érotiques, aux penchants souvent fortement sado-maso). On la retrouve ainsi dans des fleurons du genre signés Norifumi Suzuki comme "Sex & Fury", ou "Le Pensionnat des Jeunes Filles Perverses", mais aussi un peu plus tard dans les films de yakuzas de Kinji Fukasaku "Combat sans Code d'Honneur" ou "Le Cimetière de la Morale", influence sur des cinéastes tels que Kitano ou Tarantino. Il est d'ailleurs facile de tracer une ligne directe entre ces films d'action érotiques (ceux de Suzuki) et la blaxploitation où brillait à la même époque Pam Grier, qui faisait fantasmer le petit Quentin. Mais là où brillait le funk moite et turgescent de ce côté-ci du Pacifique, l'atmosphère qui inonde les pinku eiga baigne dans la pop japonaise de l'époque, le kayôkyuko, ici dans une forme un chouia plus salée. Une pop inspirée par l'Occident, baignée de jazz, d'exotica et de BO de films signés Mancini, Barry ou Morricone. Alors voilà que Reiko Ike, non contente de jouer soit les victimes torturées avec délectation, soit les vengeuses poumons à l'air et katana au clair, pousse la chansonnette accompagnée d'un big band coutumier du fait, Masami Kawahara et son Exotic Sound. A la fois narratrice et interprète de ces ballades sentimentalo-lustrées, sur des ambiances de lounge classieux de maisons closes mélancoliques, qui plus teintées de jazz soft d'un Tokyo au coucher du soleil, qui détrempées de psychédélisme vaporeux. Et il faut reconnaître que la bougresse sait chanter, d'une voix claire et à peine détachée, elle habite la nuit où rodent les yakuzas en perdition entre deux clubs interlopes. Ce qui pourrait passer pour un simple album de "novelty" se révèle finalement d'une élégance satinée et légèrement perverse, quand d'un coup résonne dans le noir un claquement de fouet ouvrant un théâtre oriental de pacotille, probablement planqué dans un bar à hotesse de kabuki-chô. Du cuir et des cuivres, un parfum désuet d'érotisme follement seventies. Et quand à la fin d'une des chansons surgit le rire maintenant sarcastique, presque diabolique de Reiko Ike, l'envoûtement prend des allures de mauvais rêve, d'une inquiétude qui se dresse insidieusement. Comme quoi on peut être une actrice de films érotiques et sortir un petit album au charme vénéneux sans tomber dans les clichés en vigueur. Enfin à un petit détail près quand même. Mais c'est rien. Presque rien. Non, j'déconne, c'est pas un détail. Reiko Ike, sur presque tous les morceaux, gémit comme une chatte en chaleur, avec une insistance et une régularité qui fait qu'écouter cet album peut vite devenir un peu gênant (au public non averti en particulier) voire franchement comique tellement Reiko ne se lasse pas de simuler le plaisir avec un professionnalisme qui l'honore, lui aussi. A ce titre, le très sado-maso Slave of Love atteint des sommets de trouble sensuel indubitablement mêlé de fort embarras quand il débarquera au moment du dessert sur votre iTune réglé en mode random. Encore un peu de crème fouettée ? Non merci, j'ai assez là. Reste encore à évoquer le deuxième effet Kiss-cool, un instrument que j'identifie de loin comme une cuica, c'est à dire un membranophone (n'oubliez pas de syllabe, le lapsus se paye en liquide) employé en particulier au Brésil dans la samba, et dont le mode opératoire ne correspond ni plus ni moins qu'à fister l'instrument pour obtenir des vibrations diverses. Je n'invente rien de l'obscénité intrinsèque du bidule en question, son usage aurait même été proscrit à certaines époques pour cette raison. Donc voilà, en sus des dégorgements vocaux de Reiko, une cuica traîne son spleen huileux à peu près partout, imitant soit un acte sexuel particulièrement dégoutant (qui fera donc envie à tout un chacun et chacune), soit un grincement de porte qui rend fou, soit un estomac pris dans les affres d'une gastro particulièrement sévère, selon l'imaginaire sexuel à votre convenance. Un album de kayôkyuko érotique presque élégant donc, sacrément vicelard dans le fond, et prompt à provoquer quelques fous rires au passage. Détail important, quand elle a enregistré ce monument de psyché-pop-pornographique, Reiko Ike avait 17 ans. Alors, c'est pas sombre et expérimental ça ?

note       Publiée le vendredi 14 décembre 2012

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    DesignToKill Envoyez un message privé àDesignToKill

    Je trouve ça vraiment cool, même si je n'ai écouté que 2/3 morceaux sur Youtube... à tester !

    zappymax Envoyez un message privé àzappymax

    A y est : écouté ! Après avoir été tenté, en même temps que circonspect, à la lecture de la chro ("y aura-t-il autre chose que des "aaaaaaah !", "hiiiiiiii!", "oooooooh !" ? Et si oui : quoi ?), "Kokotsu no sekai" tient la route ... et même un peu mieux ! Les compos sont, oserai-je le dire, bien troussées, l'interprétation est bonne, et la réalisation n'est pas prise en défaut. Les BO de comédies italiennes et françaises des années 60 ne sont pas loin, avec des arrangements bien sentis. La cuica, évoquée par (N°6), offre une sorte de seconde voix un peu couinante parfois irrésistible.

    Tout cela serait peut-être un peu vain sans la voix de Reiko Ike. Une voix flûtée d'écervelée aurait torpillé l'entreprise, les fréquences de la voix de Reiko Ike, et son habileté au chant (parmi d'innombrables "aaaaaaah !", "hiiiiiiii!", "oooooooh !") élèvent le niveau de quelques paliers. Non, les parties chantées n'ont pas besoin de notre indulgence. 17 ans, dites-vous ? Wow. Et de penser à Françoise Hardy (Pardon : Françoise Hard'X, dans ce cas précis). France Gall, ce serait l'écervelée à la voix flûtée, elle nous aurait tout gâté. Une bonne surprise, donc : merci, (N°6) ! A rapprocher, dans le même registre, de la BO de "Deep Throat", qui, dans un style plus jazz/soul, très typé 70's, est bien délicieuse itou !

    Monsieur_M Envoyez un message privé àMonsieur_M

    Merci pour la découverte, très bonne galette.

    Note donnée au disque :       
    vincenzo Envoyez un message privé àvincenzo

    Non pas de débat, j'étais juste de mauvaise humeur...

    absinthe_frelatée Envoyez un message privé àabsinthe_frelatée

    La chro est coule, le disque... beaucoup moins. J'en avais un pas très bon souvenir, du coup j'ai retenté le coup, et je sais désormais pourquoi j'en avais pas un bon souvenir. Il me semble avoir écouté des choses plus sympa dans le genre (pas ouf hein, sympa), même si moins originales.

    Quant au débat (il y a vraiment un débat là?), je comprends pas trop pourquoi il faudrait absolument "supporter" la (les) scène(s) alternative/underground. De plus, je ne pense pas que guts soit un site de promotion de quoi que ce soit, simplement un site de passionnés/curieux.