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Sup › Chronophobia

10 titres - 48:21 min

  • 1/ ...But all has changed
  • 2/ My isolation
  • 3/ No rejuvenation
  • 4/ Chronophobia
  • 5/ Room eleven
  • 6/ Twins
  • 7/ Like a wicker man that will never burn !
  • 8/ Overwhelming lethargy
  • 9/ Machinations
  • 10/ Strange impulse

informations

S.H Studios mai/juin 1999

line up

Thierry Berger (batterie), Fabrice Loez (guitare), Ludovic Loez (guitare, chant, basse)

chronique

S.U.P. pose une sorte de problème à la critique : certains leur vouent un culte presqu'aveugle et sans doute motivé, les autres restant résolument de marbre face à ce metal très typé, à la fois minimal et labyrinthique, aux portes de l'extrême et porté par des mélodies froides et des tempi poussifs. "Chronophobia" incarne la quintessence du côté "cold" de S.U.P.. Désincarné, plastique, sans aspérité aucune et traité de synthétique, il expose tout ce qui fait S.U.P. et tout ce qui lui manque. S.U.P. nous propose un malaise... un inconfort. A l'image du titre éponyme, il n'y a ni séduction, ni main tendue, juste cette architecture de riffs carrés et lourds qui se succèdent comme les marches irrégulières d'un escalier sans fin. Le travail de Thierry Berger est réduit à sa plus simple expression : marquer les accents à la caisse claire et assurer la dynamique à la grosse caisse; son triggé et absence de break, le batteur est machinal, minimal, il en va de ses arrangements comme de la guitare : le strict minimum pour exprimer la mélodie et le rythme, le reste est gommé. Passée à la même moulinette, la gratte sonne grosse et synthétique, privée de toute souplesse... assurant ses riffs avec une précision économe qui relève du contre-nature pour un instrument aussi prompt à exprimer le toucher. La basse, cela se sent, est gérée par un guitariste, et les vocaux, comme de bien entendu, sont à l'unisson de cette économie générale ; en fait, on peut dire que la musique de S.U.P. n'est pas réellement interprétée, pas vraiment jouée : elle est simplement exécutée. Le chant guttural de Fabrice est morne, plus proche de la lassitude que de l'agressivité, récitant avec application et résignation des lignes plutôt lentes; le chant clair de Ludovic est totalement dépourvu d'âme et de saveur, c'est une gorge froide et pincée qui marche sur des apparitions synthétiques en imprimant à l'ensemble une patte cyber/martiale que beaucoup considèrent comme une des caractéristiques essentielles du trio français. S.U.P., cela ne fait aucun doute, a une vision précise et solide de sa démarche, de son univers, et il excelle à le mettre en musique. Si S.U.P. rechigne aux effets saillants, si S.U.P. dépouille de toute humanité le son, le détail et l'interprétation de sa musique, c'est pour entreprendre un travail de possession beaucoup plus calculateur, plus malsain et cérébral... bien plus dérangeant. Le principe de la spirale, l'épreuve du blockhaus, l'appel de la désolation... c'est dans ses progressions, dans sa froideur mécanique, dans ses successions harmoniques glauques et autistiques que S.U.P. exprime sa substance, sa nature profonde, et dévoile ses intentions. Investissement obligatoire, donc : S.U.P. ne fait pas dans le headbangant, dans le furieux ou dans le groovy... il ne fait pas dans l'atmosphérique, le mélodique ou le rentre-dedans... il fait dans l'incidieux, dans le rampant... il côtoie le visqueux. "Chronophobia" s'expose d'abord comme un disque lent et aseptisé, lourd et laid, oppressant. Les riffs se succèdent comme des histoires chiantes, l'un après l'autre, rendus plus anguleux par les coups de Berger et un peu plus plaintifs sous les vocaux sans joie. Peu à peu les couleurs tristes et fades de S.U.P. se mettent en place, peu à peu les quatre murs dans lesquels il se tient se dressent et nous enferment... la progression des notes, les chemins harmoniques accidentés que l'on nous force à prendre, des soudaines variations de densité rythmique que l'on ne soupçonnait pas, c'est tout un art du tacite, du filigrane, toute une science de l'emprisonnement qui se révèlent alors, et plombent l'esprit ramolli de l'auditeur perdu. Dans "Chronophobia", les frères Loez installent des textures synthétiques et passent l'ensemble du son au "déshumaniseur". L'irrascible enchaînement des rythmes pesants et des riffs nauséeux, le manque malsain de répère émotionnel dans cette musique de morgue, la force de captation de ces constructions froides qui mènent à l'étouffant sont autant de raisons de comprendre le phénomène S.U.P., que l'on y succombe ou pas. Incarnation la plus franche de la rigueur du groupe, "Chronophobia" est l'épreuve la plus abrupte pour le néophyte. Si il aime : tout va bien, le voilà bon pour S.U.P.... mais rien n'est moins sûr.

Bon
      
Publiée le vendredi 14 octobre 2005

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    Note moyenne        18 votes

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    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Il faudrait en faire un film celui-ci. Encore un SUP qui passe l’épreuve du temps.

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    stickgrozeil Envoyez un message privé àstickgrozeil

    Rarement concept et musique auront autant matché (si on exclue King Diamond, bien évidemment)

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    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Different des 2 précdents, la qualité reste au rendez-vous ! Un autre excellent album. Des titres comme Room Eleven, Overwhelming Lethargy ou Strange Impulse font partit des mes favoris. D'un point de vue histoire, celui là doit être mon préféré !

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    Anomalyen Envoyez un message privé àAnomalyen
    Album glacial, lourd, un concept génial. Twins est tout simplement ENORME (avec un clip bien space) et de meme pour room eleven. Le meilleur sup avec Imago (à quand la chronique???)
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    darkoverwestphalia Envoyez un message privé àdarkoverwestphalia
    Tout simplement pas d'accord. A mon gôut, le meilleur SUP, je serais même tenté de dire le seul très bon SUP. 6/6 un poil usurpé, mais bon, c'est pour marquer le coup
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