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The Congos › Heart of the Congos

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Tallis      jeudi 14 octobre 2021 - 11:04
zenithzahir      mercredi 23 septembre 2015 - 12:35
Max50      jeudi 20 février 2014 - 21:14
22goingon23      mercredi 5 février 2014 - 21:58
Dioneo      jeudi 30 janvier 2014 - 03:49
GinSoakedBoy      mercredi 29 janvier 2014 - 20:33
dimegoat      mercredi 29 janvier 2014 - 09:12
floserber      mercredi 29 janvier 2014 - 06:33
MaxwellsDemon      mardi 28 janvier 2014 - 23:11
Ultimex      mardi 24 mai 2022 - 10:24
cyprine      mercredi 9 avril 2014 - 21:09
moustache      mardi 1 avril 2014 - 15:49

lp • 12 titres • 00:00 min

  • 1Fisherman
  • 2Congoman
  • 3Open Up The Gate
  • 4Children Crying
  • 5La La Bam-Bam
  • 6Can't Come In
  • 7Sodom & Gomorrow
  • 8The Wrong Thing
  • 9Ark Of Covenant
  • 10Solid Foundation
  • bonus tracks
  • 11At The Feast
  • 12Nicodemus

2ème cd ou lp bonus • 5 titres • 00:00 min

  • 1Congoman (12" Mix)
  • 2Congoman Chant
  • 3Bring The Mackaback
  • 4Noah Sugar Pan
  • 52-5 Solid Foundation (Disco Cork Mix)

informations

Enregistré au Black Ark en 1976/77. Masterisé à la Town House, Londres. Restauration numérique à Room 63, Abbey Road Studios, Londres.

La version ici chroniquée est la réédition du label Blood and Fire, datant de 1996. Le son y est bien meilleur que sur la plupart des versions antérieures, sans perdre un pouce du grain sale et magique qui fait tout le suc du travail de Lee Scratch Perry.

line up

The Congos : Cedric Myton, Roydel Johnson, Watty 'King' Burnett (chant graves et chœurs)

Musiciens additionnels : Sly Dunbar (batterie), The Meditations (choeurs),Geoffrey Chung (basse), Boris Gardiner (basse), Geoffrey Chung (basse sur Fisherman), Mikey 'Boo' Richards (batterie), Paul Douglas (batterie sur Fisherman) Ernest Ranglin (guitare lead), Robert 'Billy' Johnson (guitare rythmique), Winston 'Brubeck' Wright (orgue, basse sur Congoman), Lee Perry (percussions, production, composition des 2 premiers titres), Noel 'Skully' Simms (percussions), Uziah 'Sticky' Thompson (percussions), Keith Stewart (piano), Candy McKenzie (choeurs sur Children Crying), Barry Llewellyn, Earl Morgan, Gregory Isaacs (choeurs sur La La Bam Bam)

chronique

Au fin fond du Black Ark, l’air semblait chargé ; pas seulement d’épaisse fumée de ganja : mais de vaisseaux de fantômes, de fréquences étranges, de grillons en ferraille qui virevoltent au-dessus de la mer, quelque part sous les rayons de la lune. Lee Scratch Perry a toujours voulu endosser ce rôle de gourou, voire de chaman, et le voilà qui organise cette cérémonie à la ferveur sans pareille au monde, convoquant les esprits des anciens de telle sorte que la portée universelle du résultat ne fait aucun doute. La basse, superbe de mélodie et d’assise, forme le lien avec la terre, si petite dans cet océan. L’incessant cliquetis des percus, au son de boîte à rythme, joue le rôle du fil d’Ariane qui guide la caravane des vocalistes le long des siècles, alors que leur radeau bricolé et béni de leur dieu remonte le temps et l’espace vers les origines africaines. Des origines qu’ils voient en rêve tandis que leur chant semble provenir de très, très loin… Ces chœurs qui viennent harmoniser, et qui semblent résonner au fil des siècles et des siècles… Je n’en ai jamais entendu des comme ça… C’est quasiment du gospel jamaïcain. Du reggae on semble bien loin, du dub il y en a, mais pas que, du Nyabinghi aussi… Rythme traditionnel africain adapté au style Jamaïcain par un certain Ras Michael, à la cadence imitant le rythme cardiaque. C’est lui qui apporte cette pulsation métronomique inimitable à l’album. Ras Michael eut un rôle de mentor pour les Congos, qui firent partie de son groupe les Sons of Negus. On est dans quelque chose de plus africain que du simple reggae roots, où le naturel mystique aurait fait irruption dans le studio au galop de ces noix de coco entrechoquées, de ces sons désuets qui filent le tournis aux derviches, dont les voix s’envolent dans les aigus. Heart of the Congos est décrit par Cedric Myton comme un "album spirituel", ce qui s’avère être un euphémisme ! C’est une musique de dévotion et de prière, émanant indiscutablement de morceaux comme "Rivers of Babylon" des Ethiopians ou "People Get Ready" de Curtis Mayfield & the Impressions. En plein dans une époque où la musique populaire devient l’un des plus puissants instruments de sécularisation, les Congos développent une osmose incroyable entre sentiment religieux et musique. Dès l’intro, on plonge en apnée dans cette mer des caraïbes dont la proximité semble avoir tant influencé le groupe. Les effets, portant lourdement l’empreinte du studio Black Ark, nous font pénétrer d’emblée dans un autre monde. Dans cette nuit d’ébène, les sortilèges de Lee Perry nous font comprendre qu’on est loin du reggae "à la Bob", mais plutôt de l’autre côté du prisme, dans un espace intérieur halluciné où des anges en dreadlocks nous lancent des cantiques d’une pureté bouleversante. Il faudrait être de pierre pour résister aux recoins de ce Congoman - à l’origine un hymne de l’église Nyabinghi - où dansent des milliers d’ombres, à ce Open Up The Gate en forme de lever de soleil dissolvant un horizon brumeux… Les Afro-Américains avaient inventé le Gospel pour retrouver dans le Christ une forme de divinité qui leur avait été arrachée ; les Congos, eux, harmonisent sur des textes bibliques pour créer un pont au-dessus (ou au-dessous, par les courants marins ?) de l’Atlantique, pour retrouver directement l’essence de cette Afrique qu’ils conçoivent comme une terre promise. N’est-ce pas le brame des bêtes colossales de la savane qu’on entend au fond de Children Crying ? Pas d’exhortations souhaitant la chute de Babylone ici, la musique parle d’elle-même, et l’on sent la terre trembler à mesure que les voix s’entrelacent sur Can’t Come In ou Fisherman… Même quand ils parlent de Sodome et Gomorrhe qui brûlent éternellement, les Congos le font sur le même ton que le reste de leurs fables bibliques : détendu et déclamatoire, comme d’une légende lointaine qui pourtant menace de se répéter. Cas rarissime, on tient là une réédition supérieure à l’originale jusque dans la tracklist. Loin d’en amoindrir l’impact, les bonus forment une sorte de coda rallongée à l’album, une coda débarrassée de ses tourments religieux, mais s’épanouissant dans les jeux vocaux de Myton, Ashanti et des autres… Leur apparente insouciance vient comme le baume idéal après les intenses suées provoquées par l’album lui-même, qui laisse exsangues devant tant de merveilles. Ceux qui trouvent que j’exagère ne manqueront pas, eux aussi, de tomber en pâmoison devant ce diamant noir, aujourd’hui enfin considéré avec la déférence qui lui est due comme un Everest Jamaïcain.

note       Publiée le mardi 28 janvier 2014

Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

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troublants points-communs : bandes dégradées, son « usé » conservé tel quel, boîte à rythme minimale et invariable, structures flottantes…

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J'ose. Ce disque là, hein, pas leur collaboration de 2012

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Seedzel Envoyez un message privé àSeedzel

Indispensable monument du reggae et de la musique populaire en générale. Pour le 40ème anniversaire de l'album, une version de 3CD est sortie comprenant entre autres le "Original Black Ark Mix", c'est à dire le 1er mixage souhaité à l'origine par Lee "Scratch" Perry.

Tallis Envoyez un message privé àTallis

Album sorcier.

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moustache Envoyez un message privé àmoustache

Vous avez peut-être réussi à me convertir au Reggae les gars...

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22goingon23 Envoyez un message privé à22goingon23

Superbe chronique envoûtée ! Musique forgée sur talisman : comme pour le diptyque made in Apes des Upsetters & Scratch, esprits, génies, spectres et houris s'invitent à la danse !

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

je l'ai vu a 40 £, en version repressee, j'ai fait non. Enfin bref, ils ont une belle collection reggae, chez Plastic Wax, Bristol.